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19 janv. 2012
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Maigre bilan pour Carrefour, qui annonce un ajustement de Planet

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Reuters
Publié le
19 janv. 2012

PARIS (Reuters) - Carrefour, qui n'est pas parvenu à enrayer le recul de ses ventes en France au quatrième trimestre, a prévenu jeudi que la baisse de son résultat opérationnel 2011 se situerait dans le bas de la fourchette de ses prévisions et que le déploiement de Planet serait "ajusté" cette année.

L'emblématique projet de Lars Olofsson, présenté comme la pierre angulaire du redressement des performances en Europe, et jugé trop consommateur de capitaux par les analystes, pourrait être drastiquement revu à la baisse, ce qui accroîtrait la pression sur le PDG de Carrefour.

Pour l'heure, le groupe évoque simplement un déploiement "ajusté de manière pragmatique, pays par pays", tenant compte "d'une politique sélective d'allocation des investissements".


Le secteur mode du concept Carrefour Planet

Après avoir enchaîné les errements stratégiques et les avertissements sur résultats depuis un an, le PDG de Carrefour est hautement fragilisé, et les spéculations vont bon train sur son prochain remplacement.

Si Lars Olofsson conserve encore officiellement le soutien des deux grands actionnaires du groupe, le fonds Colony et Groupe Arnault, la holding familiale du PDG de LVMH Bernard Arnault, un successeur est activement recherché mais reste difficile à trouver. Approché, Georges Plassat, PDG de Vivarte, aurait récemment décliné l'offre. Dans un environnement économique très dégradé en Europe, Carrefour reste pénalisé par un mix géographique (forte exposition en Europe) et des formats (importance des hypermarchés en France) défavorables.

DIFFICILE COMPARAISON AVEC CASINO

Le chiffre d'affaires du numéro deux mondial de la distribution, derrière Wal-Mart, a reculé de 0,8% (à changes constants et hors essence) au dernier trimestre 2011, à 24,15 milliards d'euros, un chiffre inférieur au consensus de Reuters (24,32 milliards d'euros).

Ses ventes en France ont reculé de 2,8% (à données comparables, hors essence et à changes constants) et celles de ses hypers, gros point noir du groupe, ont encore accentué leur chute (-4,7%).

Elles ont aussi particulièrement souffert en Espagne (-7,4% en données comparables hors essence) et en Italie (-4,3%), plombées par la chute des ventes dans le non-alimentaire, très touchées par la baisse de la consommation induite par la crise de la dette et les plans d'austérité qui ont suivi.

Dans les pays émergents, le relais de croissance a été assuré en Amérique latine (+4,6% au Brésil et +14,8% en Argentine), mais pas en Chine où le recul (-5,9% à magasins comparables) a été plus fort qu'attendu, pénalisé par le non-alimentaire et une réglementation limitant les promotions.

Sur l'ensemble de l'année 2011, Carrefour voit ses ventes (91,5 milliards d'euros) reculer de 0,6% (à magasins comparables et hors essence), alors que Casino, son concurrent coté, a vu les siennes grimper de 5,7%.

En France, sa part de marché a baissé de 0,8 point en 2011, à 21,8%, au profit de son grand concurrent Leclerc, selon le cabinet Kantar Worldpanel.

RÉVISION DU CONSENSUS 2012

Pour les analystes de Bernstein, ce dernier trimestre illustre les défis auxquels le management de Carrefour doit faire face, "un management qui ne donne pas l'impression d'avoir une solution crédible pour redresser la barre".

"Les chiffres témoignent de l'ampleur des problèmes qui se posent au management", renchérissent les analystes de JP Morgan.

"Il y a des problèmes partout, même dans les pays émergents (...) Avec la dégradation de l'environnement économique, les résultats devraient encore se détériorer en 2012", ajoutent-ils.

Ces chiffres sont sanctionnés en Bourse, où le titre cède 1,92% à 17,125 euros à 14h30, dans un marché en hausse de 1,3%. Il perd près de 3% depuis le début janvier, après un plongeon de 42,9% en 2011.

Carrefour a également annoncé que la baisse de son résultat opérationnel 2011 s'inscrirait dans le bas de la fourchette de ses prévisions (entre -15% et -20%), évitant au marché un nouvel avertissement.

Mais ce sont les perspectives 2012 qui inquiètent, et le directeur financier du groupe, pressé de questions par les analystes lors d'une conférence téléphonique, s'est refusé à toute indication alors que nombre d'analystes anticipent déjà une forte révision en baisse du consensus.

La politique de baisse de prix entamée par Carrefour au second semestre 2011 pour réduire l'écart avec ses concurrents rognera les marges, et la forte dégradation attendue de la conjoncture économique devrait continuer de peser sur les performances en Europe.

Le consensus ThomsonReuters I/B/E/S pour l'Ebit 2012 se situe actuellement à 2,34 milliards d'euros, représentant une hausse de 8% par rapport à un résultat 2011 qui, en baisse de 20%, devrait se situer aux alentours de 2,16 milliards.

Les analystes d'UBS attendent quant à eux une poursuite de la baisse et anticipent une chute de 10% pour l'Ebit 2012.

UN BILAN CHIFFRÉ DE PLANET EN MARS

Concernant Planet, Carrefour a reporté tout bilan chiffré, pourtant très attendu par les analystes, à la présentation des résultats annuels prévue le 8 mars. Le directeur financier Pierre-Jean Sivignon a cependant reconnu que la performance en France était moins bonne qu'en Europe, sans plus de précision.

Cet "ajustement" annoncé pourrait, selon certains analystes, sonner le glas de l'emblématique projet de Lars Olofsson.

"On peut anticiper une possible révision générale à la baisse d'un concept qui, à grande échelle et sur longue période, n'apporte pas la croissance et le levier opérationnel attendus", relèvent les analystes de Credit Suisse.

Ailleurs en Europe, le néerlandais Ahold a publié un chiffre d'affaires en hausse, mais lui aussi inférieur aux attentes, tandis que le belge Delhaize a vu le sien baisser de 0,4%.

Edité par Dominique Rodrigue

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