Publicités
Publié le
3 mars 2022
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Mango, Bestseller, Asos… ces marques et enseignes qui suspendent leurs activités en Russie

Publié le
3 mars 2022

Emboîtant le pas aux géants H&M et à Nike, de nombreuses entreprises de mode communiquent sur leur retrait temporaire ou permanent du marché russe, en raison de l'invasion de l'Ukraine menée depuis une semaine par l'armée russe sur décision de Vladimir Poutine. Pour certains acteurs la décision est d'envergure. C'est notamment le cas de l'enseigne espagnole Mango qui annonce ce 3 mars qu'elle met ses activités russes sur pause, en fermant ses 55 magasins en propre et son site marchand. Les 65 franchises sur la Russie et les places de marchés restent opérationnelles tant que les stocks le leur permettent.


Shutterstock


"Etant donnée notre responsabilité envers nos 800 employés russes, ainsi qu'envers nos franchisés et partenaires, nous avons essayé de maintenir nos opérations dans le pays jusqu'au dernier moment", exprime la chaîne dans un communiqué, qui a finalement dû se résoudre à opter pour la suspension. "Mango garantira le suivi et le soutien de ses employés dans les mois à venir", ajoute l'entreprise, qui a fait un don de 100.000 euros à la Croix Rouge et épaule ses salariés ukrainiens notamment sur les plans légaux et financiers.  

Dans l'univers de la maison, le géant suédois Ikea a annoncé ce jour avoir temporairement baissé le rideau de ses 17 magasins russes, qui constituent son dixième marché mondial, mais aussi stoppé sa production d'articles dans le pays. Ce qui a, selon l'entreprise, une conséquence directe sur 15.000 employés, dont elle entend assurer l'emploi et maintenir le salaire "dans l'avenir immédiat".

Propriétaire des marques de mode Vero Moda, Jack & Jones ou encore Only, le groupe danois Bestseller a de son côté signifié qu'il avait complètement stoppé ses activités en Russie. La société, qui a octroyé 100 millions de couronnes danoises (13,4 millions d'euros) à la Croix Rouge, à l'Unicef et à l'UNHCR, opérait dans le pays en partenariat avec des distributeurs basés en Finlande et en Pologne.

L'e-commerçant Asos avait immédiatement suspendu son e-shop en Ukraine à la suite de l'invasion, et a décidé de faire de même en Russie hier. "Nous avions continué à servir des clients en Russie pendant que nous réfléchissions à la meilleure voie à suivre. Nous avons maintenant conclu qu'il n'est ni pratique ni juste de continuer à commercer en Russie", justifie l'entreprise britannique, qui a également soutenu des actions humanitaires.

La griffe canadienne Canada Goose a elle pointé "l'environnement opérationnel difficile et l'évolution des sanctions contre les intérêts russes" pour justifier l'arrêt temporaire de ses activités e-commerce et wholesale sur place.

Si les acteurs du luxe ont communiqué sur leur soutien à la population et à leurs employés ukrainiens (à l'instar de Chanel dont "la sécurité et la protection de ses salariés affectés est la top priority"), Burberry est pour l'heure l'une des seules grandes maisons à avoir annoncé une pause d'activité en Russie. Elle indique y avoir suspendu l'envoi de commandes en raison de difficultés opérationnelles.

La marque d'articles de sport Puma a également choisi de ne plus opérer en ligne dans le pays, mais affirme à Reuters qu'elle maintient en revanche ouverts ses magasins russes. L'entreprise allemande dispose d'une centaine de boutiques dans tout le pays.

Ainsi, d'autres marques et enseignes continuent évidemment de commercer dans le pays, par exemple le français Decathlon, qui compte 60 magasins sur le sol russe. En Ukraine, où la chaîne est aussi présente avec 4 points de vente, son activité est en revanche gelée, tous ses efforts étant concentrés, nous dit-elle, sur la mise en sécurité de ses 150 salariés.

C'est aussi la mission première que s'est donnée le groupe français IdKids (Okaïdi, Jacadi…), qui compte en Ukraine six magasins en partenariat aujourd’hui fermés. Le groupe a œuvré pour mettre à l'abri ses équipes ukrainiennes dans les pays limitrophes. En Russie, où une filiale a récemment été inaugurée, la griffe de mode enfant Jacadi compte une boutique moscovite mais la pérennité de ses activités est très incertaine. Comme d'autres, le groupe se concentre désormais à l’aide aux populations locales. Avec sa filiale polonaise, il travaille à l'expédition de colis d'urgence, à l'acheminement via la Croix Rouge de 25.000 vêtements pour les bébés et les enfants. Par ailleurs, ses marques Okaïdi, Jacadi, Oxybul et son fonds de dotation, le Fond'actions We Act For Kids, s'apprêtent à déployer dès ce week-end dans ses magasins et sur le web dans toute l’Europe une opération de mini-dons par le principe de l'arrondi en caisse.

Pour les entreprises russes les troubles de l'activité seraient pour l'instant minimes. Le site marchand russe Lamoda, qui appartient au Global Fashion Group, indique à FashionNetwork.com que ses livraisons ont été suspendues en Ukraine mais qu'il a aussi décidé de ne plus livrer les clients russes installés dans les régions voisines de la frontière ukrainienne. Cela n'affecterait pour l'heure que 2% des opérations de l'entreprise, qui dit condamner "toute forme de violence" et espère "une résolution rapide et sûre de la situation".

Le groupe travaillant avec nombre de marques européennes et américaines, reste à savoir pour lui, comme pour tous les acteurs opérant en Russie, à quel point les blocages logistiques et financiers, avec la dévaluation du rouble, affecteront leur activité dans les prochaines semaines.

Marion Deslandes (avec Sarah Ahssen)

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com