Manolo Blahnik ouvre les portes de son exposition à la Wallace Collection de Londres
« Depuis que j'ai vu mes créations installées ici, je pense que je devrais peut-être me mettre à la peinture », s'est exclamé Manolo Blahnik lors du vernissage de son exposition avant-gardiste « An Enquiring Mind » (« Un esprit curieux ») à la Wallace Collection.
La Wallace Collection abrite l'une des plus impressionnantes collections privées d'oeuvres d'art de la fin de la Renaissance en Europe occidentale. Ce cadre grandiose semble idéal pour une rétrospective sur Manolo Blahnik, l'un des chausseurs les plus légendaires de l'histoire de la mode.
L'exposition instaure d'ailleurs un dialogue entre les chaussures de Manolo Blahnik et les oeuvres qui l'ont inspiré. Ce concept assez inédit constitue également une excellente raison de visiter la Wallace Collection, un peu oubliée, qui doit pourtant se classer parmi les 100 plus beaux musées du monde.
« Plus qu'un musée, cet endroit est comme une deuxième maison pour moi. Je connais intimement chaque tableau et beaucoup d'entre eux ont inspiré les chaussures que vous voyez maintenant devant eux », expliquait lundi soir avec émotion Manolo Blahnik, sous les ors de la Grande Galerie.
160 paires de souliers signés Manolo Blahnik sont placées dans des chambres en verre où l'on s'attendrait plutôt à trouver des oiseaux empaillés. L'exposition a été conçue en collaboration avec Xavier Bray, le directeur de la Wallace Collection, qui a soigneusement installé ces dizaines de paires parmi les plus célèbres de Manolo Blahnik dans les salles du XVIIIe siècle de la Hertford House, une demeure néoclassique dans le quartier londonien de Marylebone.
Les oeuvres exposées ne sont pas en reste : 11 tableaux de Fragonard, une salle incroyable pleine de paysages vénitiens par Canaletto, une demi-douzaine d'œuvres de Rembrandt dont deux autoportraits et une huile magnifique de son fils Titus, des oeuvres de Rubens, Titien, Velázquez. Aucun maître ne manque à l'appel.
Manolo Blahnik, qui célèbre cette année ses 50 ans d'activité, a été fortement influencé par la collection du musée et ce depuis très longtemps.
Les chaussures sont déclinées en une série de modèles, en miroir des oeuvres et du mobilier des pièces les pièces les plus importantes, de la Commedia dell'arte au mouvement Baroque.
« Nous avions l'occasion de placer l'œuvre d'un grand créateur comme Manolo dans un contexte parfait, parmi toutes les œuvres d'art qui déclenchent sa riche imagination. Sans compter que pour les visiteurs, l'exposition présente la collection sous un jour très différent et inattendu », commente Xavier Bray.
Les cinéphiles noteront la juxtaposition de ses chaussures acidulées utilisées dans le film Marie Antoinette de Sofia Coppola, placées devant plusieurs oeuvres de Fragonard. Dans la Grande Galerie, une merveilleuse paire de bottes en daim en forme d'éventail semble imiter la forme d'un énorme chapeau porté par le Cavalier riant du célèbre portrait de Frans Hal.
Une section intitulée Opulence, installée dans une salle connue sous le nom de « Boudoir » - célèbre pour sa collection unique de boîtes en or incrustées de diamants -, est l'emplacement idéal pour quelques chaussures délicates incrustées de cristaux qui rappellent les grands défilés de John Galliano quand il menait la création chez Christian Dior.
« Le truc à propos de Manolo, c'est qu'il y va à fond. Il travaille sans peur et avec beaucoup de goût. Nous l'admirons tous », reconnaît Nicholas Kirkwood, un autre créateur de chaussures, parmi les centaines d'admirateurs venus sabler le champagne au vernissage de l'exposition.
L'exposition « An Enquiring Mind: Manolo Blahnik » sera ouverte du 10 juin au 1er septembre à la Wallace Collection.
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