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11 nov. 2014
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Marc Ménasé (Menlook): "L’idée au final serait d’avoir un site internet par client!"

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11 nov. 2014

Il y a quelques jours, le site de e-commerce masculin Menlook a annoncé une levée de fonds de grande ampleur, de 23 millions d’euros. Au-delà de cette info brute, où en est le site de e-commerce masculin et pourquoi une telle levée de fonds ? Son fondateur et dirigeant Marc Ménasé  s’explique.

Marc Ménasé


FashionMag Premium :  Tout d’abord, à l’occasion de cette levée de fonds, vous accueillez des entrepreneurs de la distribution physique, les deux frères à la tête du groupe Celio, Marc et Laurent Grosman. Quelle signification donnez-vous à cela, vous qui êtes un pure player ?
 
Marc Ménasé : Ce n’est pas la première fois qu’un distributeur physique de poids investit dans une entreprise de e-commerce. C’est le cas par exemple du groupe Bestseller dans Asos et Zalando. Mais pour Laurent et Marc Grosman, c’est encore différent bien sûr. C’est un investissement à titre patrimonial. C’est eux-mêmes, pas le groupe Celio, qui ont investi dans Menlook. Il vaudrait mieux leur demander à eux pourquoi ils s’intéressent à notre site. Pour moi, le fondateur du site, c’est encourageant de voir que mon entreprise intéresse de grands professionnels en France. C’est même une chance pour Menlook de voir des entrepreneurs, toujours à la tête de leur entreprise, très intelligents, curieux , entrer au capital. Ils apporteront une forte valeur ajoutée, leur connaissance du métier, leurs compétences pour piloter des marques propres, pour se développer à l’international, etc.
 
FM : Cette levée est une des plus grosses jamais réalisées dans votre secteur en Europe. Pourquoi un tel montant ?
 
MM : Elle est adaptée à nos objectifs qui sont ambitieux. C’est une manière de vouloir accélérer. Cela porte au total à 30 millions d’euros les levées de fonds pilotées par Menlook depuis ses débuts en 2010.
 
FM : Quel est l’état des lieux aujourd’hui de Menlook ?
 
MM : Notre chiffre d’affaires est d’environ 30 millions d’euros. Nous sommes présents, outre en France, en Grande-Bretagne depuis 2012, en Hollande et en Allemagne depuis cette année, en Italie, en Espagne, en Asie à Singapour, … Mais il faut surtout comprendre que l’entreprise a beaucoup changé avec cette internationalisation. La création d’un site anglais nous a donné accès à une soixantaine de pays. Toujours lié à l’anglais, nous avons acquis en 2013 outre-Manche le site de mode masculine ultra premium oki-ni.com. Cela a décuplé nos possibilités en Grande-Bretagne. Ce pays pèse aujourd’hui 20% des ventes totales de l’ensemble Menlook oki-ni.com. Cela nous permet de couvrir aussi tous les spectres ou presque avec nos propres produits à marques propres, les grandes marques, des labels créatifs et l’ultra premium donc avec oki-ni.
 
FM : Quels sont vos projets à l’international ?
 
MM : On va accélérer en Asie grâce à notre base de Singapour. Mais aussi en Allemagne avec l’ouverture à Berlin d’un bureau au début de l’an prochain. Nous regardons évidemment aussi les États-Unis. Mais outre-Atlantique, nous irons soit en direct soit via une acquisition. Je dois dire que le modèle anglais pour nous a été formidable.
 
FM : Comment vous adaptez-vous à la donne locale ?
 
MM : En fait, nous avons fait un choix à partir de constatations, que nous pouvons dérouler partout le même assortiment mais qu’il faut penser local pour certains domaines. C’est le cas pour le marketing, le paiement, le service client. En fait la règle, c’est penser global et local à la fois.

Menlook propose un large assortiment de marques, mais toujours sélectif


FM : Comment faites-vous alors en matière d’assortiment ?
 

MM : Aujourd’hui Menlook,  c’est autour de 1000 références. Avec le saisonnier, ça peut même passer à 6000 ! Notre enjeu dans le futur est de mieux segmenter notre offre. Nous créerons par exemple des marques propres spécifiques sur des secteurs comme l’underwear. Nous chercherons aussi à mieux correspondre à la demande du client. Notre service sur mesure Georges que nous venons de lancer correspond à cela. L’idée au final serait d’avoir un site internet par client ! Par exemple, si vous commandez telle ou telle marque, nous proposerons aussi des produits de marques proches. On se rend bien compte que les clients fonctionnent par famille et par style. C’est la force de l’internet de bien connaître ainsi ses clients.
 
FM : Mais c’est qui au fait le client Menlook ?
 
MM : C’est beaucoup de gens différents. Mais disons que c’est quelqu’un de très urbain, âgé de 32 ans en moyenne et qui gagne quelque 50 000 euros par an.
 
FM : Vous vous apprêtez d’ici la fin de l’année à lancer une marketplace. Pourquoi ?
 
MM : Nous sommes sollicités depuis longtemps par des marques pour vendre sur Menlook. Mais nous avons pensé qu’il serait mieux pour notre site comme pour ces marques de passer par une marketplace. Celle-ci proposera une offre large avec des produits de design, de la culture, des meubles, etc. Elle permettra ainsi d’élargir l’assortiment et même de le localiser davantage. Ainsi en Asie par exemple avec des marques régionales, traitant de petites tailles correspondant à cette population. Ce sera une marketplace sélective toutefois, bien dans l’esprit de Menlook. Nos partenaires pourront être des marques, des boutiques physiques, des retailers. Il faut savoir que cela signifie un vrai changement de culture interne. Avec des investissements monstrueux. Il faut par exemple encaisser de l’argent pour le compte de tiers.
 
FM : Asos, récemment, a été accusé par des marques que référence le site d’abuser des promotions. Une pratique jugée courante sur le web. Chez Menlook, ça se passe comment ?
 
MM : D’abord, il n’y a pas que le web qui pratique cela. Les grands magasins via leurs cartes de fidélité proposent en permanence des réductions sur des marques. Chez Menlook, on fait régulièrement des promotions évidemment. Cela fait partie de la vie du commerce et des conditions de création de trafic. Mais sans doute certains sites vont trop loin. Disons que nous nous sommes fixés certaines limites.
 
FM : Au fait, Menlook gagne de l’argent ou est toujours en perte ?
 
MM : Menlook est une entreprise récente. Nous n’avons pas encore cinq ans et nous investissons beaucoup pour notre développement surtout à l’international. Ce que je peux vous dire c’est que, si Menlook perd toujours de l’argent aujourd’hui, nous en gagnons sur la France et la Grande-Bretagne, des pays quelque part presque matures. C’est encourageant, non ?!

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