Un jour à Paris, l’autre à Tokyo, Masatomo pousse la mode masculine dans ses retranchements, aux confins des cultures et des habitudes. Depuis 2 saisons, on le retrouve sous "Rynshu". Un nouveau cycle explique-t-il, une nouvelle approche créatrice aussi car désormais le leitmotiv est: "créer ce que je peux porter." Rencontre.

Rynshu, collection printemps-été 2011

Avec une allure de Nicolas Sirkis (chanteur du groupe Indochine, ndlr) sans avoir l’air d’y toucher, Rynshu - de son "vrai" nom Ma-Ji Masatomo - se balance au-dessus des clichés du haut des dernières chaussures de sa collection dans lesquelles il a intégré des talonnettes de 5 cm.

A lui seul, il délivre un hymne très personnel de la mode masculine. Sans rien perdre de son travail pour les matières nobles, il entend désormais produire ce qu’il veut porter. Etant utile de préciser que ses précédentes collections, celles étiquetées Masatomo, remplies de couleurs, paillettes, cuirs, superpositions et empiècements de différentes matières, il les considère aujourd’hui "classiques".

Décidé, il explique sans détour le propos du changement. Notamment l’utilisation incontrôlée de son nom Masatomo à Taïwan par une autre société, ce qui a fini par nuire sérieusement à son image sans qu’il ne puisse y mettre un terme compte tenu de la législation. Pour le fun et la petite histoire, il aime à raconter qu’on lui avait prédit ce carrefour et qu’il en sortirait grandi. N’empêche, pour lui, le changement de nom traduit la fin d’un cycle et un nouveau tournant artistique.

Rynshu, collection printemps-été 2011

Reste que "classique" a bien des déclinaisons et que ce qu’il peut l’être au Japon ne l’est pas forcément en Occident. Et s’il explique son "virage à 180 degrés", l’atmosphère troublante et inspirée de son univers n’a pas disparu. Comme dans sa boutique place des Vosges à Paris, fraîchement réaménagée en accord avec la nouvelle identité graphique de Rynshu, où règnent le marbre et le noir.

Dans les collections, le noir l’emporte haut la main, avec des nuances, des déclinaisons de matières, des jeux de tissus et de reflets. Si besoin était d’ajouter, c’est "allure décontractée" qu’il cherche dans le noir. Blousons – court ou long - en cuir perforé, vestes de costumes plus cintrées en laine, jeux d’imprimés sur des jerseys, bermudas en soie, … la nouvelle saison est bien fournie, avec des propositions qui draguent presque les femmes. Une constante tout de même, les prix. S’il veut cibler une clientèle "rajeunie", plus "rock", elle n’en garde pas moins un portefeuille bien rempli.