MILAN (Italie), 22 sept 2010 (AFP) - Affluence des grands jours mercredi à Milan au défilé Elena Miro, la marque spécialiste des grandes tailles qui promeut une "conception saine de la féminité", exclue du programme officiel de la Semaine de la mode milanaise pour les collections printemps/été 2011.

Les coulisses du défilé Elena Miro - Photo : AFP

"La raison officielle, c'est que l'image de la marque n'est pas suffisamment prestigieuse pour représenter la mode italienne à l'étranger, mais nous ne sommes pas d'accord avec ça, nous pensons que toutes les femmes peuvent et devraient être représentées sur les défilés", s'indigne Elena Miroglio, présidente d'Elena Miro.

La marque a malgré tout maintenu son défilé, un véritable pied de nez à la Chambre italienne de la mode qui s'était, il y a trois ans seulement, élevée contre les dérives du mannequinat et l'anorexie en signant un manifeste contre la maigreur extrême.

La marque a répliqué avec un défilé inspiré des années 50, époque où les formes étaient justement à la mode: maillots de bains deux-pièces, robes décolletées et moulantes... Le message est clair : pas question de se cacher derrière des vêtements larges ou couvrants parce qu'on est bien en chair.

"Toutes les types de femme devraient être représentées dans les défilés et les femmes fortes aiment s'habiller, comme toutes les autres", estime Elena Miroglio.

Cela faisait cinq ans qu'Elena Miro ouvrait la semaine de la mode milanaise, mais cette fois-ci, la Chambre de la mode italienne en a décidé autrement: exit Elena Miro du calendrier officiel.

La Chambre récuse tout ostracisme: "Personne n'a jamais voulu exclure qui que ce soit. Nous avions proposé (à Elena Miro) le 28 septembre, la journée de clôture. Ils l'ont refusée, cela a été une erreur. j'espère qu'ils y repenseront l'an prochain", a déclaré son président, Mario Boselli.

En attendant Elena Miro a proposé une image décomplexée de la femme ronde, à l'image de tous ses mannequins qui assument leurs kilos. Ici, on est loin des modèles filiformes plébiscités par la plupart des griffes internationales.

Un buffet est même prévu en backstage et il n'est pas interdit aux mannequins! Tegan Stum, une Texane de 19 ans, témoigne: "J'ai essayé de maigrir pour atteindre une taille, disons, standard, petite. Mais physiquement, je ne peux pas! Je suis faite pour être... euh. Mes os sont trop gros!!!", confie-t-elle dans les coulisses du défilé.

Et les clientes semblent y trouver leur compte, comme cette femme d'une soixantaine d'années bien en chair au look classique: "J'ai trouvé le défilé très intéressant, avec des couleurs adaptées à celles qui ont quelques kilos en trop, une mode jeune quoi!"

Et en Italie, les chiffres parlent d'eux-mêmes: plus d'une femme sur trois porte une taille supérieure ou égale au 42, un monde qui n'a rien à voir avec les modèles pour femmes filiformes qui envahissent la plupart des défilés des podiums milanais.Par Sonia LOGRE