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17 avr. 2023
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Mode circulaire: vers un marché de 14 milliards d'euros en 2030 en France

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17 avr. 2023

Une croissance annuelle de plus de 20% sur les cinq prochaines années. C'est ce qu'annonce une étude ThredUp-GlobalData pour le marché américain de la mode de seconde main. Selon cette projection, en 2027, celui-ci pèsera pas moins de 70 milliards de dollars, soit 64 milliards d'euros. Et en Europe? Là aussi, des constats et des estimations sur ce marché ont été formulés et sa croissance rapide constatée. Ce 17 avril, dans le cadre d'une présentation au sein de l'Institut français de la mode à Paris, le cabinet de conseil Accenture et la Fédération de la mode circulaire (instance née en 2022) ont présenté une étude portant sur le marché français.


Réparation, réemploi et recyclage : 3R promis à un bel avenir - Shutterstock


"Cette étude nous a permis une analyse qualitative et quantitative qui permet de chiffrer le marché à l'échelle française et d'avoir des perspectives d'évolution jusqu'à 2030 et à l'échelle européenne. Au sein de la fédération, nous avons les retours d'acteurs du retail comme le Printemps et les Galeries Lafayette, ou de l'online avec Vinted ou Vestiaire Collective, avance Maxime Delavallée, président de la fédération et cofondateur de l'entreprise Crushon. S'il y avait déjà des études américaines, notre ambition était d'avoir une compréhension de comment s'articule le marché en France sur le réemploi, la réparation et les enjeux du recyclage."

Pour les fondateurs de la Fédération de la mode circulaire, ces trois axes sont clés et doivent permettre de lutter contre "l'augmentation effrénée du volume d’articles mis sur le marché chaque année". Leur objectif est de construire un modèle permettant de trouver une alternative à "l’accélération du rythme des collections et l’essor de l’ultra fast-fashion". En ayant des éléments chiffrés, les actions sur les 3R (réemploi, réparation et recyclage) doivent être plus précises et surtout valorisables.

Premier enseignement de cette étude:  ce marché pèserait actuellement quelque 5,7 milliards d'euros en France.

La fédération relève qu'en effet, depuis plusieurs années, une volonté politique existe et qu'elle est nécessaire pour accélérer sur ces thématiques. Elle souligne aussi que "les modèles circulaires ont été alimentés par la dynamique du commerce en ligne, largement adopté par les consommateurs français, et par la multiplication des points de vente physiques de seconde main". Si la réparation commence à se développer, avec des initiatives comme celle de Veja, Des marques & vous, Jules ou récemment Balibaris, c'est clairement la seconde main qui est dynamique. L'instauration et l'accélération de filières de recyclage dédiées à la fin de vie des produits est clairement un enjeu.


Réduire les volumes de produits neufs mis sur le marché chaque année un enjeu majeur pour la Fédération de la mode circulaire - Shutterstock


Mais ces trois volets sont largement amenés à se développer, selon l'analyse d'Accenture. "L’essor des initiatives circulaires observées partout dans le secteur de la mode et du luxe devrait perdurer compte tenu de l’évolution des habitudes de consommation des Français dans un contexte inflationniste, et de l’intérêt grandissant pour la durabilité de toutes les parties prenantes de l’écosystème" avance l'étude.

Un potentiel de 8.000 emplois dans le recyclage



Concrètement, celle-ci estime que le marché pourrait peser 14 milliards d'euros en 2030, avec des croissances annuelles de l'ordre de 13% pour la seconde main. Au final, cela représenterait à cet horizon environ 29% du marché de la mode et du luxe en France, selon l'étude. Avec l'élaboration d'une filière de collecte et de recyclage, Accenture, qui s'appuie aussi sur les objectifs de ReFashion, estime que la part de produits textiles qui seront recyclés pourra être multipliée par trois.

"Nous ne sommes qu'au tout début des capacités de collecte et de tri pour le recyclage, glisse Maxime Delavallée, mais c'est un véritable enjeu pour la construction d'une industrie circulaire. Il existe des structures de recyclage mécanique, mais il faut qu'elles soient en capacité de traiter des mélanges de matières. Et le recyclage chimique se développe, mais il faut aborder cela avec précaution, tout en ayant les investissements permettant de traiter ces sujets sur de grandes échelles."

Car plus qu'un constat, la fédération met en avant des objectifs de responsabilités, insistant sur le fait que pour que les projets responsables emportent l'adhésion, il faut que les consommateurs les adoptent, mais aussi qu'ils apportent un horizon de rentabilité pour les entreprises. A titre d'exemple, le réemploi d'un produit de qualité moindre est plus difficile ou encore le prix d'un produit réparé est souvent un frein pour un consommateur: "70% des articles mis sur le marché sont qualifiés d'entrée de gamme, ayant un prix neuf en dessous des frais de réparation", relève l'étude.

Des sujets sur lesquels les autorités nationales mais aussi certainement européennes pourraient prendre la main pour favoriser les procédés plus vertueux et permettre de faire émerger des filières viables et plus respectueuses de l'environnement.

"C'est notre ambition in fine", assène Maxime Delavallée. Dans cette optique, l'étude d'Accenture et de la Fédération de la mode circulaire avance que "l
es modèles circulaires permettraient de réduire de 16% les émissions CO2 du secteur, de réduire les émissions de déchets et la consommation d’eau, tout en soutenant la création d’emplois non délocalisables. Ainsi la filière du recyclage, avec des projets de réindustrialisation, pourrait générer 8.000 emplois dans l'Hexagone. Un challenge enthousiasmant.




 

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