Publicités
Par
AFP
Publié le
15 janv. 2008
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Modestie plutôt que diktat : la mode aussi est en pleine rupture

Par
AFP
Publié le
15 janv. 2008


Gucci campagne publicitaire Cruise 2008
PARIS, 15 jan 2008 (AFP) - La modestie plutôt que le diktat : la mode connait une ère de rupture qui touche les métiers de mode, des produits à la création en passant par les relations avec les clients, selon Jean-Jacques Picart, conseiller depuis plus de 20 ans de la planète mode.

"Nous sommes dans une ère de changement fondamental. Les recettes du succès de nos métiers, définies dans les années 1990 avec l'arrivée de Tom Ford chez Gucci, ne sont plus valables", explique M. Picart, dont les clients vont du groupe LVMH à des marques plus accessibles en France et à l'étranger.

Tom Ford, créateur omnipotent de Gucci jusqu'en 2004 décidant de tout, du style d'une robe à la publicité jusqu'au design des boutiques, disait que le but ultime de son travail était "la domination du monde par le style" et que sa grand chance était d'"avoir des goûts qui plaisent au plus grand nombre".

Aujourd'hui, dit Jean-Jacques Picart, l'heure est à "l'humain avant la machine, à un travail qui sort de l'imaginaire, au ressenti, au viscéral et pas à un produit issu du staff d'un styliste".

Bref, "c'est moins la mode que le particulier" qui l'emporte, "l'exceptionnel, la différence, l'éthique, au sens respect du consommateur à qui on a trop souvent dans le passé fait prendre des vessies pour des lanternes", juge-t-il.

Comme par exemple quand le mannequin Kate Moss est à la fois l'égérie d'un sac Dior et d'un sac Longchamp, brouillant du coup l'identité propre des deux griffes et la valeur de chaque produit.

De même, la période du créateur star d'une grande maison appartenant à un grand groupe de luxe n'est pas la seule voix royale pour exister : "avant, les chemins de traverse hors griffes de luxe étaient sans issue. Depuis quatre à cinq ans, la route est belle sur les chemins de traverse", explique-t-il.

Et de citer les cas des Français Jérôme Dreyfus et Stéphane Verdino, deux jeunes créateurs qui rencontrent le succès dans l'accessoire à des tarifs abordables ou des Américains Derek Lam et Phillip Lim (mode et accessoires).

"C'est l'heure de la modestie glorieuse", résume M. Picart, qui va "avec l'émergence de boutiques de quartier pour vendre des collections particulières, sans être forcément chères".

"Les grandes marques ont commencé à intégrer ce changement avec la petite couture des artisans de Chanel, la multiplication des collections d'intersaison à l'identique des collections Zara ou H&M qui sont renouvelées tous les quinze jours", souligne-t-il.

Dans une époque de mondialisation, "où tout est dans tout et tout est partout, la réponse du consommateur peut être aussi d'inventer sa propre consommation, créer son propre style et voir le retour à une certaine excentricité".

"Plus nos métiers se sont mondialisés, plus on a envie d'inspirations proches", explique encore Jean-Jacques Picart qui a découvert entre autres Christian Lacroix (avec lequel il s'est associé pour le lancement de la maison de couture sous l'égide de LVMH) ou encore Hedi Slimane, qui a révolutionné l'habillement masculin chez Dior.

Cela vaut aussi pour les pays émergents "comme la Chine, l'Inde ou l'Afrique qui ont une carte à jouer quand ils auront la maîtrise de leur culture". "La Chine par exemple n'est pas encore prête côté style à glisser une pointe de régionalisme -- et non de folklore -- dans ce qui pourrait être une mode propre capable de séduire les occidentaux", dit-il.

Par Dominique AGEORGES

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.