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22 déc. 2020
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Monsieur Falzar, Dao, Chevrons: le renouveau du jean "made in France"

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22 déc. 2020

Avec près de 80 millions de pièces vendues par an en France, le jean est un incontournable du dressing. En pleine percée, les jeans avec "mention", comme on les appelle dans le milieu (ce qui comprend les marques transparentes sur leur sourcing, les jeans bio et écoresponsables mais aussi made in France), restent un marché de niche, mais qui attire de plus en plus de consommateurs. Leurs arguments? D'abord, un produit local qui a le mérite de maintenir (voire de créer) des emplois sur notre territoire et de réduire l’impact environnemental dû au transport. Ensuite, un produit en toile de coton bio ou combiné avec du coton recyclé dont la fabrication limite la consommation d’eau et d’énergie et le recours à des produits chimiques pour la teinture du fait que ces modèles privilégient une toile souvent brute.


Baptisé Vintage, le modèle de Monsieur Falzar est fabriqué à partir de découpes de jeans issues de la collecte de textiles. - DR


De quoi séduire des consommateurs en quête de sens. Ainsi sur l’année 2018, selon une étude Kantar Worlpanel, ce segment de marché attirait 2,1% des Français contre 1,1% auparavant. Soit presque déjà trois ans en arrière, environ 1,1 million de Français s'intéressaient à ces produits et depuis l’engouement n'a pas faibli, bien au contraire.
 
Dans ce marché en essor, de nouveaux acteurs apparaissent dans la lignée de 1083, qui lançait en 2013 ses premiers jeans en financement participatif, d'Atelier Tuffery, maison riche de 130 ans d’histoire qui, grâce à la quatrième génération, remet l’atelier au cœur de la marque, ou encore d'Ateliers de Nîmes, créés par Guillaume Sagot en 2014 et dont le pari est de tisser de la toile denim à Nîmes pour en faire ses propres jeans.


Monsieur Falzar ou le jean "made in Normandie"



Ainsi le label Monsieur Falzar, fondé par Hervé Brossard, modéliste de formation ayant travaillé pour des grands noms du luxe et possédant une dizaine de machines à coudre anciennes, vise à proposer uniquement des jeans pour homme fabriqués en Normandie. Après avoir d’abord créé la marque de jeans vintage Remade in France en 2013, le créateur prend un nouveau virage avec Monsieur Falzar. Au choix, six modèles (de 149 à 164 euros) qui vont du Vintage, "qui a un impact très limité sur la planète car il est réalisé à partir de TLC (découpes de jeans issues de la collecte de textiles d’habillement) et ne consomme que 12 litres d’eau lors de sa production", jusqu’au Selvedge 21oz, "qui un des jeans les plus durables par la résistance de sa toile, 595gr/m²", comme l'explique le créateur dont la production reste très artisanale.

Dao Davy, maître tailleur en denim


 
Depuis sa ville de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, Dao Davy s’impose de son côté comme le maître tailleur du jean. Celui qui a commencé avec des modèles sur mesure propose depuis 2014, année d’ouverture de sa boutique-atelier dans la ville du Grand-Est, des modèles toujours plus originaux. Parmi eux, le 14oz chevrons et son motif en nid d’abeille est devenu son denim signature, tandis qu’en 2018 est sorti un jean en denim de lin. Petite révolution, celui-ci a nécessité vingt-quatre mois de recherche et de développement pour créer sa propre toile française à Rupt-sur-Moselle (Vosges) avec du lin qui a poussé en France. Enfin en 2019, c’est la sortie du premier jean selvedge français grâce à l’entreprise Manufacture Métis. Pour homme et femme, les modèles sont vendus entre 120 et 155 euros.


Le modèle Denim Stanislas de Dao fait figure de premier denim selvedge made in France. - DR


À la tête de Manufacture Métis, on retrouve Cédric Plumey, âgé d’à peine 30 ans. Il a lancé son atelier de tissage en 2016 en rapatriant en Bourgogne-Franche-Comté d’anciennes machines textiles des quatre coins de la France et même des Etats-Unis. L’idée: développer des tissus à partir de fibres naturelles (coton, lin, chanvre, laine, soie), dont l’ensemble des étapes de préparation et de tissage sont réalisées en interne, depuis les bobines de fils jusqu’à l’étoffe.

Avec lui, Dao Davy a développé son fameux modèle Denim Stanislas. La toile, tissée à Montbéliard sur un authentique métier à tisser à navettes Picanol de 1962, est reconnaissable à une lisière originale travaillée avec du fil blanc et du fil rouge (voir photo ci-dessus). Nec plus ultra, la toile est teintée avec de l’indigo naturel dans l’est de la France et proposée brute. Quant à la confection, elle s’effectue à Nancy chez Dao.


Chevrons lance son denim made in France sur son e-shop et bientôt chez une sélection de revendeurs. - DR


Un souci de qualité qui anime également Brice Lambert, fondateur de la toute nouvelle marque Chevrons. Après dix-huit mois de mûrissement, deux confinements entrecoupés d’une campagne de financement réussie sur Ullule, la première production a pu être financée et l’e-shop vient tout juste d’être lancé.

Chevrons, dernier-né des labels de jeans français



"Bien qu’étant la pièce la plus universelle de tout dressing, le jean n’a pas bonne presse avec son impact écologique, explique le créateur. L’idée est de lui redonner ses lettres de noblesse avec un produit fabriqué en France qui ait une vraie identité et du caractère."

Son tour des partenaires le mène également chez Manufacture Métis. "Ici, le passé et le présent s’entrecroisent, j’y ai choisi une toile qui combine 60% de coton recyclé et 40% de coton bio certifié GOTS. Les doublures des poches en coton bio viennent des Tissages de Charlieu dans la Loire et les étiquettes textiles de Saint-Étienne; l’ensemble est assemblé chez Kiplay en Isère". À découvrir les premiers modèles homme et femme (149 euros) s’accompagnent d’un blouson (189 euros). L’ère du denim fabriqué en France est en marche!
 

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