19 mars 2020
Muriel Pénicaud tance les entreprises qui ont un comportement incivique
19 mars 2020
Ce jeudi 19 mars, à l'Assemblé Nationale, le ministre de l'Economie et des Finances a présenté le plan de soutien à l'économie française qui a été voté. Celui-ci comprend notamment 8,5 milliards d'euros dédiés au chômage partiel. Soit l'équivalent "de 15 % des heures travaillées sur une durée de deux mois", selon le projet de budget rectificatif présenté mercredi au conseil des ministres.

Selon le ministère du Travail, l'activité partielle concernera au final "beaucoup plus que deux millions de personnes" et il faut comparer ce chiffre de 15 % au "1,2 % des heures en chômage partiel en 2009 et 4,3 % en Allemagne à la même époque".
Jusqu'à ce jeudi, 21 000 entreprises ont demandé à bénéficier de ce dispositif de chômage partiel depuis le début de la crise épidémique, ce qui concerne 400 000 salariés, a précisé la ministre du Travail Muriel Pénicaud sur BFM-TV. "Cela augmente très vite. On a mis en place un système très protecteur et notre but c'est qu'on évite au maximum les licenciements", a-t-elle expliqué. Un challenge d'autant que des critiques s'élèvent sur la possibilité pour les employeurs d'accéder au service permettant la déclaration de demande de chômage partiel.
Selon le projet de budget rectificatif, "la prise en charge de l'Etat s'élève aux deux tiers du coût total de l'activité partielle, l'Unédic prenant en charge un tiers de celui-ci selon des modalités déterminées par convention". Ceci correspond à une prise en charge moyenne de 13,9 euros par heure chômée, dont 9,3 euros payés par l'Etat et 4,6 euros par l'Unédic.
"On vit la crise la plus grande depuis la Deuxième Guerre mondiale : je pense qu'il y en a qui n'ont pas réalisé", a aussi déclaré la ministre le 19 mars au matin sur LCI. Ayant constaté des comportement d'entreprises, la ministre du Travail a tancer certains acteurs. " Derrière ma colère, c'est mon appel aux responsabilités. Les entreprises qui ne jouent pas le jeu, qui se disent finalement l'Etat paiera, cela ne nous regarde pas, ce n’est pas du civisme. Je demande aux entreprises qui ne l'ont pas fait de réunir leurs syndicats, de réunir leurs salariés et de discuter des conditions de protection, de comment on va travailler. Ce sera peut-être au ralenti, peut-être en travail alterné, certainement différemment. Mais entre cela et tout arrêter je pense qu'il y a un devoir de solidarité et d'engagement des entreprises".
Par ailleurs le gouvernement est en train de rédiger "plusieurs" ordonnances sociales qui seront discutées avec les partenaires sociaux et présentées à partir de la semaine prochaine, selon le ministère.
Interrogé sur la possibilité que l'une d'elles permette à un employeur d'imposer la prise de congés à ses salariés, le ministère a répondu que l'idée est "d'avoir une union nationale et un effort national face à une crise plus grave que celle de 2009, qui demande du civisme à chacun".
"L'Etat met en place un plan exceptionnel pour sauver l'emploi et éviter les licenciements. On demandera un effort raisonnable à chacun dans ce moment qui restera dans les livres d'histoire", a-t-on ajouté dans l'entourage de Muriel Pénicaud.
La ministre elle-même, interrogée sur ce point sur BFM-TV, n'a pas dit explicitement si ce point figurerait dans les ordonnances. Elle a fait observer qu'actuellement, la législation permet déjà à un employeur d'imposer à ses salariés les dates des congés, s'il l'en informe suffisamment longtemps à l'avance. Dans la situation actuelle, que l'employeur "puisse dire 'prenez votre congé pendant une semaine'(...), ça n'a rien de choquant", a estimé la ministre, évoquant même un "acte citoyen" de la part des employés qui y consentiraient. Pendant ses congés, le salarié garde "sa rémunération complète, c'est mieux que le chômage partiel", a-t-elle souligné.
"On parle d'une semaine, pas de tous les congés payés", a toutefois nuancé la ministre.
Avec AFP
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