Publicités
Par
AFP
Publié le
9 sept. 2017
Temps de lecture
6 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

New York Fashion Week : entre couleurs, énergie et show off

Par
AFP
Publié le
9 sept. 2017

New York (AFP) -  Comment faire le plus de « buzz » pendant la Fashion Week ? L'Allemand Philipp Plein, connu pour son goût du spectacle et des soirées grandioses, a fait dans le strip-tease et le bling-bling samedi, tandis qu'Alexander Wang faisait du « teasing » via Twitter et dansait en direct avec de célébrissimes mannequins. La veille, entre les couleurs vives de Tory Burch, et les joyeux détournements de Mathew Adams Dolan ou de Maison the Faux, la Fashion Week de New York affichait son énergie.

Joie volontariste pour Tory Burch

Le vendredi avait commencé dans les jardins du musée du design Cooper Hewitt, en extérieur, pour un défilé sous le signe de la gaieté.

Tory Burch - Spring-Summer2018 - Womenswear - New York - © PixelFormula


Son inspiration, cette saison, Tory Burch l'a trouvée dans l'oeuvre du designer d'intérieur David Hicks (1929-1998), qui a marqué, à partir des années 1960, par son goût pour les formes géométriques et les couleurs.

La designer originaire de Pennsylvanie a opté pour une série d'imprimés, reprenant le plus souvent des formes géométriques, symétriques ou non, et distillant des touches de couleurs, parfois vives.

Monse célèbre l'Amérique

A l'instar de Tory Burch, les deux créateurs de la jeune maison Monse, Fernando Garcia et Laura Kim, ont choisi l'optimisme. Dans un décor de terrain de basket, ils ont célébré les Etats-Unis, leur terre d'adoption, avec de nombreux rappels aux bleu, blanc et rouge du drapeau américain.

Monse - Spring-Summer2018 - Womenswear - New York - © PixelFormula


Maison the Faux s'en prend au poids des normes 


Les deux Néerlandais de Maison the Faux continuent d'interroger le monde de la mode en particulier et la société en générale sur ses conventions. Après s'en être pris à la consommation à outrance, puis à l'institution du défilé, Tessa de Boer et Joris Suk ont évoqué le poids des normes.

Elles étaient représentées par des rayures et des lignes, avec souvent le manichéisme du noir et du blanc. Les créateurs voulaient représenter « la façon dont on force les gens à entrer dans des formes », a dit Tessa de Boer après le défilé.

Autre symbole de l'impératif conformiste, le célèbre tailleur Chanel en tweed, réinterprété avec audace jusque dans un string rose et blanc porté par un mannequin homme. « Pour nous, on en revient toujours à ce qui est authentique et ce qui est fabriqué », a expliqué Tessa de Boer. « Pouvez-vous être vous ou êtes-vous ce que vous pensez devoir être ou ce que les autres veulent que vous soyez ? »

Mathew Adams Dolan déconstruit les classiques

Le jeune créateur australien-américain Mathew Adams Dolan, qui doit son succès rapide au fait que Rihanna soit tombée amoureuse de ses jeans « oversize », a présenté un défilé qui se voulait, « à l'heure de manifestations constantes et de divisions politiques grandissantes, une méditation sur ce qu'a signifié être Américain par le passé et ce que cela signifiera demain ».

Il dit s'être inspiré à la fois des images d'Epinal d'une « Amérique pittoresque » et sereine, comme des photos iconiques de familles comme les Kennedy, les Lauren, les Lauder, et du « bas-ventre subversif de l'aristocratie », car « sous le vernis, il y a quelque chose de plus sombre ».

Cela se traduit par des vêtements qui, partant du vestiaire BCBG (preppy), se déconstruisent : par exemple des pulls classiques torsadés portés immensément amples, une manche traînant dans le dos ou entourant la taille, des costumes rayés chics aux manches démesurément longues (emblématiques du jeune créateur), des pantalons style décontractés chics portés très larges dès la cuisse et devenant des pattes d'éléphant arrivé aux chevilles.

Jeremy Scott s'aventure en BD

Le créateur iconoclaste et un brin « bling-bling » Jeremy Scott a repris l'imagerie de la bande-dessinée dans nombre de ses modèles et osé les couleurs, du vert pomme au mauve en passant par de fausses pierres précieuses cousues sur plusieurs pièces.

Phillip Plein, tout en bling bling

Samedi, pour son deuxième défilé new-yorkais, Plein, venu de Milan, a plus que jamais montré que sa nouvelle collection printemps-été 2018 n'était pas l'essentiel. Devant un public de plusieurs milliers d'invités - la plupart des shows se limite à quelques centaines - c'est l'icône du glamour Dita Von Teese qui a ouvert le spectacle avec un strip-tease digne du Crazy Horse. Elle a achevé son numéro en se plongeant dans une coupe à cocktail géante, éclaboussant la scène de part et d'autre par un savant jeu de jambes.

Le rappeur Future a été l'autre vedette de cette soirée, parmi les plus courues de la saison. Enveloppé dans un manteau blanc métallisé, il a monopolisé la scène transformée en salle de concert un bon quart d'heure, avant que les premiers mannequins commencent enfin à défiler.

Le style était « streetwear » à la fois rap et bling-bling, avec une tendance vers le sadomaso : des têtes des filles pendait une natte longuissime, qu'elles fouettaient de la main en marchant. Quant aux vêtements, jupes ou robes faites de lanières de cuir cousues en quadrillage semblaient le leitmotiv de la soirée, avec un collier de cuir au cou pour les hommes comme pour les femmes.

Entre concert et défilé, Plein est venu dire quelques mots aux invités - parmi lesquels la rappeuse Nicki Minaj, invitée d'honneur au premier rang, mais aussi Paris Hilton ou Tiffany Trump. « Il y a encore probablement 2 000 personnes qui essaient de rentrer, j'en avais rêvé mais jamais je n'aurais cru que cela arriverait », s'est réjoui le créateur de 39 ans, qui a commencé dans le design de meubles. Et d'ajouter que ses ventes augmentent « très vite et c'est difficile à contrôler ».

Alexander Wang maître des réseaux sociaux

S'il a une réputation bien moins sulfureuse, le créateur new-yorkais Alexander Wang a lui aussi senti le besoin de faire jouer à fond les réseaux sociaux pour son défilé. Dès vendredi, il avait annoncé sur son compte Twitter que les 100 premières personnes à se présenter samedi à l'ouverture de son principal magasin de New York recevraient un bracelet leur permettant d'assister au show.

Le show Alexander Wang - Instagram Alexander Wang


Une demi-heure avant l'heure officielle du défilé samedi soir, il a retransmis sur son site des images en direct des mannequins dans un bus qui circulait dans le bas de Manhattan. Le créateur et son sourire indefectible dansait avec ses modèles, parmi lesquelles Kendall Jenner, Bella Hadid et Kaia Gerber, la fille de la mannequin Cindy Crawford, qui effectue des débuts très remarqués cette saison à New York, à 16 ans à peine.

Formule inédite à la Fashion Week, le bus a effectué une mini-tournée, avec plusieurs arrêts. A chaque fois, les mannequins descendaient du bus pour défiler dans la rue, entourée de barrières derrière lesquelles se bousculaient professionnels, photographes, et public. Et à chaque fois, Alexander Wang venait saluer au pas de course, tapant dans les mains de spectateurs.

La collection aperçue lors de ces sorties furtives était très sombre Alexander Wang, pourtant connu pour sa flamboyance, semble oublier la couleur et aller chaque fois un peu plus loin dans l'épure.

Une critique du sacre du marketing

Tout cela pourrait avoir de quoi alimenter les critiques de ceux qui dénoncent une semaine de la mode new-yorkaise de plus en plus vouée au marketing plutôt qu'aux vêtements. La semaine new-yorkaise est devenue « trop commerciale », a déploré le créateur catalan Custo Dalmau, vétéran de la Fashion week avec 42 défilés à son actif. « Je trouve qu'avant c'était beaucoup plus sélectif ».

Songe-t-il comme d'autres à aller montrer ailleurs ses collections ? « Vu les produits que nous faisons, qui sont créatifs par nature, naturellement nous devrions être plutôt à Milan ou à Paris », dit-il simplement.

Mais la Fashion Week garde ses enthousiastes, comme la créatrice chinoise Wang Tao, de la marque Taoray Wang. Sa marque décolle aux Etats-Unis depuis que Tiffany Trump, la deuxième fille du président - elle est bien moins connue que sa demi-soeur Ivanka - a assisté à son défilé en février. Samedi, la jeune étudiante en droit de 23 ans était à nouveau là, portant fièrement une robe bustier noire à la marque de Shanghai.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.