Matthieu Guinebault
14 déc. 2012
Nicole Bricq : "Il n’y pas de H&M , de Zara ou de Benetton français"
Matthieu Guinebault
14 déc. 2012
Le 14 décembre, la Fédération française du Prêt-à-porter Féminin tenait un séminaire sur les BRICS. L’occasion pour la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, de s’exprimer longuement sur les forces et carences du marché français face à l’international.
Pendant plus d’une demi-heure, la ministre a en effet dressé le portrait d’un marché français pas forcément bien armé pour la concurrence mondiale, et n’exploitant pas suffisamment ses forces. Nicole Bricq pointe ainsi un écueil récurrent de la France, et qui touche notamment le secteur de l’habillement. "Nous n’avons pas assez d’entreprises, et pas assez d’entreprises intermédiaires", explique-t-elle. "Or, l’effet de taille est essentiel pour l’internationalisation".
La ministre rappelle ainsi qu’en 2011, quelque 1122 entreprises de mode et habillement ont exporté, dont seulement 10 ont plus de 250 salariés, et une seule un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros. Un mal étonnant, quand Ubifrance indique que 250 marques françaises d’habillement exportent. "Nous n’avons pas en France de leader français de la distribution", déplore Nicole Bricq. "Pas de Zara, de H&M et de Benetton. Dans vos métiers, le ciblage et le regroupement sont essentiels, et il faut mieux s’organiser".
Mais, malgré l’absence de grands acteurs mondiaux dans la distribution d’habillement, la France n’en est pas moins dotée d’armes à saisir. "Nous avons des atouts: la créativité, la force de certains textiles de pointe, et notre image", pour la ministre. "Il y a une appétence dans les marchés lointains vis-à-vis de l’Europe, et particulièrement de la France. C’est un atout immatériel dont nous pouvons profiter". Nicole Bricq rappelle ainsi le travail lancé avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et la ministre du Commerce, Sylvia Pinel, autour de la 'Marque France'. "Utiliser cette French Touch a du sens", selon Nicole Bricq. "Nous pouvons fédérer nos marques autour de celle-ci".
La marque France face aux pays à séduire
Pour la ministre du Commerce extérieur, la France doit se concentrer sur l’innovation et la qualité de ses produits. Seul moyen selon elle de sortir du diktat de la compétitivité des prix. "Vous ne serez jamais à égalité avec le Vietnam, qui devient l’arrière-cour de la Chine", explique la ministre, qui donna sa clé pour conquérir les marchés émergents. "Faire dans ces pays une offre intégrée: créateurs, façonniers et sociétés productrices. Si nous sommes sur des niveaux de gammes où l’arbitrage privilégie la qualité à la quantité, nous pourrons vendre", explique-t-elle, citant la réussite des Allemands dans ce domaine.
En plein séminaire sur les BRICS (Brésil, Russie, Inde et Chine), Nicole Bricq a également donné son sentiment sur ces différents marchés. Elle a notamment incité les professionnels à ne pas oublier la Russie. "Quand on veut se lancer sur des marchés lointains, il faut d'abord bien s'implanter sur les marché de proximité", explique-t-elle, reconnaissant cependant qu’il s’agit d’un "marché difficile à investir".
Quant au Brésil, la ministre en retient surtout les barrières douanières handicapantes pour le textile, alors que le pays recueille un fort recul de sa croissance. "Quand l’Europe éternue, le monde s’enrhume", pour la ministre, qui souligne la dépendance des BRICS aux commandes occidentales.
Mais l’invité d’honneur du rendez-vous de la Fédération a également tenu à attirer l’attention sur les SIVET (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte et Turquie). "Il y a dans ces pays une appétence pour mieux consommer", insiste la ministre, qui souligne en outre la croissance africaine, et kényane en particulier. "Ce qui se passe là-bas rejaillit sur le continent", explique-t-elle. "L’Oréal va s’y déployer. Et quand L’Oréal va quelque part, c’est généralement très bon signe pour les autres marques".
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