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Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
16 févr. 2022
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NYFW: Bons baisers de New York

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
16 févr. 2022

Lundi matin, le froid était piquant à New York, mais les excellents défilés ont eu tôt fait de réchauffer les cœurs. Les designers de la Fashion Week n’ont pas ménagé leur peine, proposant des collections à la hauteur de la bonne humeur du public.

Coach



"Long ago, and, oh, so far away". C’est ainsi que commence le hit "Superstar" de The Carpenters, datant de 1971 et interprété par la regrettée Karen Carpenter à la voix d’ange. La chanson du duo pop des années 1970 a aidé à mettre l’ambiance lors du défilé imaginé par Stuart Vevers pour l’automne 2022 chez Coach.


Coach - Collection automne/hiver 2022


La scène et le défilé évoquent une place d’une petite ville américaine de province. À Basketball City, le créateur a monté un décor représentant des façades de maison, un vieux wagon de train, des enfants en train de faire du vélo et un lévrier afghan en promenade au crépuscule, quand l’heure dorée semble s’étirer paresseusement. Ces influences purement américaines sont au cœur de l’inspiration du directeur artistique, qui a pris les rênes de la maison en 2013.

Pressez le bouton d’avance rapide de presque dix ans, et observez comment cette philosophie de design se dirige maintenant clairement à la Gen Z, même si les élégants accessoires et manteaux pourraient bien séduire une tranche d’âge un peu plus élevée. Dernièrement, Stuart Vevers fait un véritable numéro de charme aux plus jeunes et aux tribus urbaines. Une politique qui permet à la société-mère de Coach, Tapestry Inc., de viser un chiffre d’affaires supérieur aux 5,746 milliards de dollars de 2021 en 2022.

À Coachville, USA, personne ne semble se préoccuper de problèmes aussi triviaux. Les riverains profitent d’une vie simple, vêtus d’essentiels tendance. Dernièrement, Coach se met à son tour aux proportions oversize dont les plus jeunes sont si férus. Pour ceux qui préfèrent une esthétique masculine, il faudra piocher dans les vestes en shearling, les shorts de surf baggy et les immenses t-shirts. Inspirées de la fin des années 1960 et du début des années 1970, les robes semblent quant à elles calquées sur des robes de petites filles. Chez les filles, pensez à Mia Farrow dans "Rosemary’s Baby". Les robes sont courtes et coquettes avec des mousselines imprimées de fleurs, des cols claudine et des détails en dentelle ; certaines sont même réalisées en crochet ajouré.

"Mes collections commencent souvent par un sentiment, et pour l’automne, ce sentiment est l’amour", déclare Stuart Vevers lors de son discours. "Pour exprimer ceci, la collection explore les tensions entre la romance et la dureté pour réétudier l’héritage de Coach. J’ai aimé l’idée de créer un monde nostalgique quelque part en Amérique et de l’observer avec un grand-angle, mêlant l’énergie d’aujourd’hui avec la nostalgie de la pop culture qui m’a toujours inspiré".

En effet, les tensions sont omniprésentes. Un doux quatuor était immédiatement suivi d’un motard en cuir de la tête aux pieds ; un phénomène que Stuart Vevers décrit dans la "Coach Neighborhood Newsletter", distribuée aux invités et dans les notes post-défilé. Même les villes américaines les plus banales ont leur côté obscur. Ici, cependant, Stuart Vevers présente une ligne de modèles en cuir inspirés des archives de la maison, dont un sac de 1964, à faire découvrir à la jeune génération. Après tout, c’est une maison de maroquinerie. À la fin du défilé, c’est cette matière qui domine, avec un imprimé graffiti de Mint+Serf.

Un ton nostalgique et chaleureux, juste à temps pour la Saint-Valentin. Les célébrités, personnalités et influenceurs étaient là en force pour soutenir Coach : Megan Thee Station, Hari Nef, Tommy Dorfman, Quincy Brown, Rina Sawayama, Bob the Drag Queen et Rickey Thompson étaient tous de la partie. Exactement le type d’habitants que Stuart Vevers imagine pour Coachville.

Carolina Herrera



Le défilé de Wes Gordon pour Carolina Herrera a eu lieu au matin de la Saint-Valentin. Est-ce un hasard ? En tout cas, la collection célèbre l’amour et donne envie d’aimer. Les élégantes robes de cocktail et de soirée sophistiquées se parent d’influences latino et s’offrent une entrée très théâtrale.


Collection automne/hiver 2022 de Carolina Herrera à New York - Carolina Herrera


En fond, on reconnaît les notes de l’opéra "Carmen" du compositeur français Georges Bizet, avec une version à la guitare de "L’amour est un oiseau rebelle" (aussi connu sous le nom de la Habanera).

"Il y a un côté dramatique, une audace et une beauté que j’essaie toujours de capturer dans la collection, qui est en synergie avec la culture latine", explique-t-il lors d’une interview après le défilé. "La femme Carolina Herrera est courageuse, assurée et aime les vêtements extravagants. Quelle que soit sa nationalité, elle aime faire forte impression. Je crois que son moment est arrivé", continue-t-il. "Je l’ai vraiment constaté. Les gens sont heureux de porter des vêtements. On n’achète plus une robe pour une occasion spéciale. On commence par acheter la robe avant d’inventer tous les événements possibles pour la porter".

Effectivement, les vêtements sont un spectacle à eux tous seuls. Des robes de gala font un clin d’œil à l’âge d’or d’Hollywood, avec un cardigan ajusté en maille et un pantalon cigarette skinny glissé sous une jupe volumineuse en taffetas avec une traîne. La tensions règne sur les silhouettes élancées, qui rappellent les costumes de matadors. Les volumes sont omniprésents, comme les manches gigot que l’on retrouve tout le long du défilé. Les perles et les paillettes apportent du glamour à foison.

Et la couleur n’est pas en reste. Une jupe à volants rappelle une peinture expressionniste avec sa taille jaune, sa jupe noire et sa doublure rose. Une autre robe, de son côté, associe le noir, le bleu Klein et le bleu clair. Une exquise robe rouge, rose et violette en tulle sans manches captive et attire l’attention sur l’autre point fort de la collection : les formes.

Les silhouettes sont aussi remarquables que le reste. Plusieurs robes à col boule en tulle clôturent le défilé, dans différentes versions. Peut-être les plus remarquables pièces de Wes Gordon.

"Je suis obsessionnel compulsif quand je crée des vêtements. La plupart des pièces que vous avez vues ont été coupées quatre ou cinq fois en mousseline avant d’être taillées dans leur véritable tissu", explique-t-il. Ce type d’artisanat rivalise avec les maisons européennes.

"J’ai beaucoup de chance de travailler chez Carolina Herrera, qui possède son propre atelier ici, à New York", ajoute-t-il.

Un atelier auquel il a souhaité rendre hommage à la fin du défilé. Après sa révérence, il a fait monter sur scène deux hommes d’un certain âge, vêtus de costumes blancs. Ils ont assisté au dernier défilé avant leur départ à la retraite, après 19 et 22 ans chez Carolina Herrera, respectivement. L’événement a investi une boutique vide (il y en a beaucoup à New York en ce moment) dans le quartier de Flatiron, berceau de l’industrie textile new-yorkaise.

"Ils sont irremplaçables, mais heureusement, nous avons des couturiers et des tailleurs talentueux qui rejoignent l’équipe", assure Wes Gordon. Peu avant, il soulignait l’importance d’apprécier chaque instant, ce que la plupart des spectateurs ont probablement fait pendant toute la durée du défilé.

Àcheval



Sofia Áchaval de Montaigu et Lucila Sperber, les deux cofondatrices argentines d’Àcheval, ont surpris New York pour la Saint-Valentin avec la présentation de leur collection automne 2022.


Collection automne/hiver 2022 d’Àcheval - Àcheval


Elles ont choisi le Socialista pour leur défilé. Cet espace événementiel privé de l’hôtel Casa Ciprinai exsude des influences sud-américaines. L’endroit idéal pour faire découvrir leur collection pour la nouvelle saison, inspirée de la pampa argentine, de l’écrivain et poète Jorge Luis Borges et de la génération Z. Au programme : des mailles colorées et des looks d’inspiration marine. Le velours est essentiel, avec des pièces de tailleur et des robes inspirées du style de vie des gauchos et de la culture du tango.

Mais c’est surtout la façon de faire l’expérience des vêtements qui pourrait séduire les plus jeunes. "Nous avons un nouveau partenaire, Arthur Madrid de Sandbox. Celle collection sera à la croisée du métaverse et du monde réel".

Le premier lancement aura lieu en juin dans les deux univers, avec des projets de lancement de nouveaux produits tous les deux mois. "La génération Z va découvrir les articles dans le métaverse et les acheter dans le monde réel, par exemple. Parfois, ils sont une personne dans le métaverse et une autre dans la vraie vie", remarque Lucila. "Nous avons voulu capturer l’ambiance du e-commerce, et nous arrivons à nous positionner à la croisée de la réalité et du cyberespace".

À la joie des invités, une danseuse contemporaine a interprété un numéro à cheval, vêtue d’un poco d’Àcheval. Avant de laisser sa place à Sebastián Faena, ami des deux cofondatrices, chanteur et photographe, qui a immortalisé la campagne automne 2022. Vêtu d’un corset Àcheval emblématique, il a impressionné les spectateurs par sa performance.

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