Off-White dévoile sa collection Printemps-Été 2021 sur son "Imaginary TV"

Auteur :

Godfrey Deeny

Traduit par
Paul Kaplan

Publié le
3 févr. 2021

Virgil Abloh aime enfreindre les règles. Son dernier opus vidéo — la présentation de sa collection Off-White Printemps/Été 2021, lancée sur Internet mardi midi en Europe —, en est un bon exemple.

Le designer américain a dévoilé sa nouvelle collection dans le cadre d'une présentation multimédia et pluridisciplinaire, sur une chaîne de télévision imaginaire sobrement baptisée "Imaginary TV".

Le concept avait été présenté la veille par le biais d'une série de teasers à l'esthétique punk qui mélangeaient des mix de musiques, du graphisme manga et vidéos d'un mannequin en train de coller des affiches de l'événement sur des chantiers de construction. Des vidéos cryptiques suscitant de multiples interrogations dans les commentaires des abonnés de la page Instagram de la marque américaine.

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Imaginary TV a d'ores et déjà vendu un modèle de tee-shirt blanc, dont le succès semble certain sur les plateformes de revente de produits de seconde main — ces prochaines semaines, les fans de Off-White devraient être nombreux sur le site de Vestiaire Collective.

La collection elle-même était moins avant-gardiste, mais néanmoins mémorable. La grande idée de Virgile pour l'été à venir, c'est l'usage du plissé — une technique utilisée sur de nombreuses robes, courtes ou longues, et de jupes. Les robes sont tantôt dotées d'une encolure américaine, tantôt portées sur un pantalon. Et déclinées dans toutes sortes de couleurs — du rouge vif au beige chair, en passant par le gris pâle. Quelques mannequins arboraient un bandana en cuir, certains portaient de hauts cols roulés, particulièrement élégants une fois associés avec un blazer en cuir. Pour les filles, des redingotes gris anthracite ou tabac, avec des découpes à l'avant-bras ; des robes en jersey beige divinement drapées, avec des ouvertures latérales, que le designer Halston, pape du Studio 54, n'aurait sans doute pas reniées.

Pour les garçons, des jupes plissées et des vestes mi-joueur de base-ball, mi-samouraï coupées dans un gris mat assorti, des blazers rouges avec poches plaquées surdimensionnées, des jeans découpés aux cuisses. Et pour se rendre au vernissage d'une galerie d'art d'avant-garde, des jupes de moines bouddhistes, à fermeture éclair verticale.

Côté tailleur, on mesure le chemin parcouru depuis les premiers pas de Virgil Abloh dans la mode — pour rappel, celui qui a commencé sa carrière comme DJ s'est lancé en autodidacte.

L'impression d'une bande de gangsters raffinés se dégageait de la collection, jusqu'au logo à quatre flèches d'Off-White, utilisé notamment sur un masque de bandit de grand chemin.  La pluie battante, les croassements des corbeaux en colère mêlés au chant d'oiseaux ébouriffés rythmaient la vidéo, tournée dans un décor composé pour l'occasion — un plancher en bois digne des photographies de Rodchenko, puis un petit échantillon de végétation sauvage, avant un gros camion jaune parsemé de graffitis.

À la fin de la présentation, des coups de tonnerre retentissaient dans le silence. Après Virgil, le déluge...