Off-White : du jaune et du lilas sur le ring Marcel Cerdan

Auteur :

Godfrey Deeny

Traduit par
Marguerite Capelle

Publié le
1 mars 2019

Ce compte rendu fera sûrement des milliers de déçus parmi les followers de Diet Prada, mais voilà : la dernière collection Off-White de Virgil Abloh était en fait très, très bonne. Virgil Abloh a été mis au pilori sur le net, accusé d’avoir copié de nombreux autres créateurs, mais d’un autre côté, comme feu le grand Karl Lagerfeld le disait souvent : on fait tous du shopping.

Et c’est donc un jeudi soir battu par le vent et la pluie que Virgil a invité plus de 1 000 personnes triées sur le volet à Bercy, tout à l’est de Paris, dans une salle de boxe en sous-sol. Mettant à profit toute l’étendue de cet espace caverneux, il a fait défiler ses mannequins sur un énorme échiquier, au rythme d’une fabuleuse bande-son par Eric B. & Rakim et Digable Planets.

Le créateur américain a taillé des robes manteaux avec des revers de quinze centimètres et enveloppé des beautés de manteaux de fourrure en damier, associés à des talons à plumes. Virgil Abloh n’a peut-être pas reçu une formation de créateur, mais celui ou celle qui coupe ses vestes et jupes plissées, qui que ce soit, a la main sûre. Il a associé ces dernières à l’accessoire de la saison, le sac masculin croisé avec une banane, très sophistiqué. Et quand on y pense, Virgil porte une plus grande part de responsabilité que n'importe quel autre créateur dans l’émergence de ce dernier.

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Il a proposé un certain nombre de jupes découpées, s’appropriant, c'est vrai, une tendance récente et très présente, mais les déclinaisons Off-White étaient flatteuses et tombaient parfaitement.

Et on ne pouvait qu’aimer son sens du spectacle : avec ces deux doudounes géantes tombant jusqu’aux chevilles, l’une à maxi-carreaux, l’autre en argent scintillant. Et son final grand-guignolesque de robes outrageusement ruchées, avec des carreaux parfaitement assortis au motifs du sol, était un vrai kiff pour initiés. Quelqu’un reprendra bien du damier ? Le tout sous une batterie de spots aux lumières changeantes.

 
En résumé, Virgil Abloh est un gars qui travaille globalement dur, s’est battu pour obtenir une renommée mondiale et construit en parallèle une nouvelle marque importante, alors que la chance était clairement contre lui.

La salle de boxe où nous étions installés a été nommée d’après Marcel Cerdan, le champion du monde français, au coude à coude avec Jake LaMotta, compagnon d'Edith Piaf mort dans un crash d’avion dans les Açores. Il y a peu de Français qui ont autant de tripes que Marcel Cerdan et le moins que l’on puisse dire de Virgil Abloh, c'est que lui aussi a un sacré cran.