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Ouïghours: Inditex, Uniqlo, SMCP et Skechers accusés de recel de travail forcé

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9 avr. 2021

L'ONG Sherpa, le collectif Ethique sur l'Etiquette, l'Institut ouïghour d'Europe, ainsi qu'une femme ouïghoure représentée par le cabinet Bourdon & Associés annoncent le dépôt d'une plainte en France contre "plusieurs multinationales de l'habillement", à savoir Inditex, Uniqlo, SMCP et Skechers, pour recel de travail forcé et de crimes contre l'humanité. Déposée devant le tribunal judiciaire de Paris, la plainte entend dénoncer "l'impunité de ces acteurs face aux violations commises dans le cadre de la mondialisation économique".


Des ouvrrières ouighours dans une usine de Hoton (Xinjiang) en 2019 - Shutterstock


Le communiqué des plaignants indique que les informations publiques disponibles à ce jour montrent qu'Inditex, Uniqlo, SMCP et Skechers continueraient de sous-traiter une partie de leur production dans la région du Xinjiang. Ou de commercialiser des biens utilisant du coton produit dans la région.

Selon plusieurs ONG, cette zone concentrant 20% de la production mondiale de coton emploierait couramment le travail forcé des Ouïghours. La polémique s'est accélérée en 2020 avec la publication d'un rapport de l'ASPI (Institut australien de stratégie politique), puis un autre du Center for Global Policy.

Pékin répond de son côté que le recours à cette minorité musulmane vise à faciliter la lutte contre la pauvreté et l'intégration d'une population couramment associée dans le discours officiel aux attentats perpétrés localement entre 2008 et 2015.

"Cette plainte est la première d’une série qui se déploiera dans les prochains mois dans d’autres pays européens, et reçoit le soutien d’ECCHR – European Center for Constitutional and Human Rights et du World Uyghur Congress", indiquent les plaignants, qui revendiquent également le soutien de plusieurs eurodéputés dont Raphaël Glucksman, qui fait partie des élus européens sanctionnés par Pékin en réponse aux mesures prises par l'UE dans cette affaire.

"Cette plainte s’inscrit dans le plaidoyer mené de longue date par nos organisations pour lutter contre l’impunité des sociétés transnationales et l’accès des victimes à la justice et à la réparation."


Manifestation en 2015 à Strasbourg - Shutterstock


Cette plainte intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la Chine et l'Occident sur la question des Ouïghours. Plusieurs marques s'étant exprimées sur la polémique ont vu leurs produits disparaître des marketplaces chinoises, sur fond d'appels au boycott sur les réseaux sociaux locaux touchant notamment Uniqlo. Plaçant les marques d'habillement face à un choix complexe, à savoir traduire dans les faits des valeurs humaines sur lesquelles elles communiquent régulièrement ou se priver en pleine crise sanitaire de l'un des plus gros marchés mondiaux pour l'habillement.

Comme le relevait FashionNetwork début mars, les ambassades de Chine sont mises à profit par la riposte chinoise via diverses stratégies de communication. Avec même en France des "insultes" et "menaces" à l'encontre de chercheurs et élus qui ont valu à l'ambassadeur chinois en France d'être convoqué par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Pour les ONG derrière la plainte déposée à Paris, la question des Ouïghours vient souligner l'importance de la future directive européenne sur le devoir de vigilance, "qui sera élaborée dans les prochains mois et devra répondre à ces enjeux cruciaux". Le 10 mars dernier, les parlementaires européens ont en effet voté un projet d'initiative portant sur le devoir de vigilance, posant les bases d'un contrôle accru des entreprises et de leurs filiales (lire notre article dédié). 

Inditex France avait en janvier indiqué à FashionNetwork mener une politique de "vigilance maximale et une tolérance zéro" à l'égard du travail forcé, quel qu'il soit. "Nous avons mis en place des actions strictes et concrètes pour garantir qu'aucune dérive ne se produise au sein de notre chaîne d'approvisionnement", indiquait le groupe. Qui explique "renforcer son engagement avec des experts à tous les niveaux de sa chaîne d'approvisionnement, dont "The International Labour Organization et The Ethical Trading Initiative, "afin de prévenir toute forme de travail forcé".

 

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