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30 juin 2015
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Pascal Duhamel (Adia) : "Nous souhaitons construire un portefeuille d’actifs qui seront encore là dans 50, 100 ans et plus"

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30 juin 2015

Ancien dirigeant de Carrefour Property, Pascal Duhamel a rejoint Abu Dhabi Investment Authority en 2012, en tant que directeur des investissements immobiliers en Europe. Cette année-là, le fonds souverain d’Abu Dhabi, l’un des plus puissants au monde, faisait l’acquisition de quasiment la moitié des immeubles de la rue de la République à Lyon. Alors qu’Adia, avec Grosvenor qui gère ses actifs, a créé la marque « Rue de la République », le dirigeant détaille pourquoi Adia a investi à Lyon et quelle est son ambition.

Le lancement de la marque Rue de la République à Lyon représente une première en France - Rue de la République


Fashionmag.com : Adia est un fonds souverain très puissant. Que représente le retail pour lui ?


Pascal Duhamel : Effectivement, Adia réalise des investissements très divers et l’activité immobilière ne représente qu’une petite partie de nos activités, entre 5 % et 10 %. Cela ne nous empêche pas d’avoir un portefeuille d’actifs conséquent. Mais comme nous sommes un fonds souverain, nous avons un horizon d’investissements très lointain.

FM : Cela veut dire que vous n’avez pas à céder des actifs pour équilibrer les comptes ?

PD : Cela signifie surtout que nous n’avons pas de cotation ou d’actionnaires qui nous demandent des taux de rendement annuel. Cela ne veut pas dire que nous n’aimons pas le cashflow. Mais la richesse d’Abu Dhabi s’est construite sur le pétrole. Et même s’il y a encore des réserves, ils savent que celles-ci ne sont pas infinies. Ce que l’on souhaite, c’est construire un portefeuille d’actifs qui seront encore là dans 50, 100 ans et plus. Quand nous avons eu l’opportunité d’acquérir une trentaine d’immeubles dans le centre de Lyon, cela correspondait parfaitement à notre stratégie. Lyon a été créé il y a plus de 2 000 ans et une part de l’activité se situait déjà sur la Presqu’île.

FM : Les investisseurs optent souvent pour des actifs comme des centres commerciaux. Certains s’offrent aussi des grands magasins à Paris ou Londres. Votre stratégie est de développer des rues ?

PD : Attention, nous investissons aussi en centres commerciaux. Nous avons des parts dans Parly 2 et Rosny 2, et nous avons porté LiverpoolOne à Liverpool. Mais lorsque vous avez l’opportunité de travailler en centre-ville, c’est forcément très intéressant. Vous bénéficiez d’un cadre historique. La population se réapproprie actuellement ses centres-villes. Et à l’heure où l’on parle de fabriquer de l’expérience-client, c’est tout de même plus facile qu’en centre commercial. C’est le contexte qui a fait que nous avons choisi Lyon. Nous aurions fait la même chose à Berlin ou ailleurs.

FM : A Lyon, la rue de la République est longue et n’a pas la même attractivité entre sa zone piétonne qui débute à Bellecour et sa zone ouverte à la circulation entre Cordeliers et Hôtel de Ville. Comment pensez-vous lisser cette différence ?

PD : Sur la zone semi-piétonne, il y a légèrement moins de passage. Mais les flux restent très bons, plus que certaines enseignes le supposent. Nous avons fait des tests de magasins éphémères qui se sont révélés très intéressants. En revanche, il vrai qu’il y a beaucoup de services et de banques. Bien sûr, s’il y avait un projet d’ouvrir des commerces en rez-de-chaussée du bâtiment de la CCI, ce serait intéressant.

FM : Vous êtes propriétaire de près de la moitié des surfaces. Les autres propriétaires participent-ils à l’initiative de la marque Rue de la République ?

PD : Il s’agit de propriétaires institutionnels et privés, avec parfois des copropriétés sur un seul immeuble. Ils vont profiter de la dynamique que nous impulsons. Nous avons 73 surfaces commerciales sur la zone, c’est largement suffisant.

FM : Et vous avez également investi dans le quartier Grolée, qui jouxte la rue de la République, fin 2013. Pourquoi ?

PD : Oui, nous avons repris les rez-de-chaussée commerciaux du quartier Grolée-Carnot, en reprenant l’ensemble d’un portefeuille d’actifs bien plus important (Docks Lyonnais, qui appartenaient à UBS, ndlr). Sur la rue de la République, nous avons peu de vacances avec des surfaces entre 40 et 800 mètres carrés. Sur Grolée-Carnot, les unités étaient beaucoup plus grandes et nous offrent une complémentarité. Certaines enseignes recherchent des surfaces importantes qui n’existent pas sur la rue de la République.

FM : C’est pourtant un quartier difficile qui n’a pas réussi à décoller...

PD : Non, je ne crois pas que ce soit cela. Les précédents propriétaires avaient choisi une voie en choisissant d’implanter des enseignes de luxe. Ils n’ont pas du tout abouti. Nous avons réalisé plusieurs dizaines de millions d’euros de travaux pour proposer des surfaces prêtes à recevoir des concepts.

FM : En France ou en Europe, menez-vous d’autres projets dans l’univers retail actuellement ?

PD : Nous regardons toujours les opportunités dans le retail. Actuellement, nous sommes acteurs dans un projet du centre de Luxembourg (le Royal Hamilius, ndlr). Nous travaillons aussi sur le plus important centre commercial de Suisse dont nous sommes propriétaire à 100 %, à Lucerne. Il est baptisé Mall of Switzerland.

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