Patrick Bertrand (Cegid) : "La cible principale sera bientôt l'Inde"

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
23 mars 2013

L'éditeur français de logiciels de gestion tenait du 20 au 22 mars à Venise son Forum Retail Connections 2013. L'occasion pour son directeur général Patrick Bertrand d'expliquer pour FashionMag Premium la stratégie internationale du groupe, qui ouvre trois nouvelles implantations, au Brésil, en Russie, et aux Emirats Arabes Unis. Mais également l'évolution des attentes de ses clients détaillants, opérant à 80 % dans le secteur de l'équipement de la personne.


FashionMag: Quelles sont les principales attentes dont vous font part vos clients ? 

Patrick Bertrand: Cegid a un vrai Adn de connaissance du métier des clients. Mais, fondamentalement, ce métier, ils le connaissent mieux que nous. Si, pour des systèmes aussi critiques, on n'écoute pas ce que disent les clients, on passe à côté de leurs attentes. D'où la création de notre Club Utilisateur. Et il en ressort notamment cette quête d'un partenaire capable d'être présent dans tous les pays. Ce n'est pas qu'une question de traduction. Il y a aussi la fiscalité et les modes de paiement, avec des pays très compliqués. C'est le coeur de la stratégie de Cegid à l'international : être capable d'accompagner les clients sur l'ensemble des zones. Et il apparaît que c'est un véritable élément différenciateur en terme de stratégie. Car, avant, la plupart des grands retailers s'appuyaient sur différents fournisseurs de logiciels en fonction des zones, car il n'y avait pas d'acteur global. Ce qu'est devenu Cegid, avec 75 pays et 27 langues prises en charge. 



FM: Cegid va se déployer à partir de juin à Sao Paulo, Moscou et Dubaï. Pourquoi ces pays ? 

PB: Le Brésil et la Russie font partie des pays émergents. En 2013, cette classe de pays va devenir supérieure à celle des pays dit développés. Nous sommes donc face à un très fort potentiel. Et les Émirats, du fait de leur pouvoir d'achat, de part ces malls absolument incroyables que l'on voit à Dubaï et ces boutiques qui comptent parmi les plus gros chiffres d'affaires de leurs réseaux, montre à quel point il y a là un potentiel. La logistique et la gestion du point de vente vont y jouer un rôle essentiel. 



FM: Vos clients vont font part de demandes technologiques spécifiques. Quelles sollicitations vous reviennent le plus régulièrement ? 

PB: Il y a beaucoup de demandes concernant la perception de leur métier. On parle beaucoup de mobilité et de multicanal. C'est par exemple pouvoir indexer automatiquement les prix sur tous les canals, et pas indépendamment selon les supports. Il y a aussi tout ce qui tourne autour de la loyauté du client. Cette capacité à le reconnaître, savoir quels sont ses envies, ses besoins et ses attentes. Plutôt que de partir de la technologie, nous partons ainsi de ces attentes, afin de pouvoir toucher le client tout au long de la journée, selon les supports (ordinateurs, mobile, TV...) qu'il utilise. Il faut pouvoir s'adresser à ces gens-là à tout moment. Et il y a aussi la maîtrise des modes de paiement. Et leur sécurisation, qui n'est pas notre métier, mais pour laquelle nous nous appuyons sur des partenaires, comme Paypal. 



FM: L'heure est-elle à la course technologique, selon vous ? 

PB: La qualité d'un éditeur est d'être un bon assembleur. On pense souvent que l'innovation vient de la recherche technologique. C'est vrai, mais cela ne se limite pas à cela. Car, au delà, il y a le savoir-faire, qui permet d'effectuer l'assemblage des technologies existantes. Et cela pour offrir en définitive des innovations, née d'une combinaison de concepts. C'est aujourd'hui un challenge pour les éditeurs de logiciels, et les acteurs du numérique en général. 



FM: Après le Brésil, la Russie et les Émirats, vers quels pays comptez-vous vous développer ? 

PB: On va finaliser l'implantation dans ces trois pays. Ensuite, il y a évidemment plusieurs pays de moindre importance, entre guillemets. Mais, après l'étape en cours, la cible principale sera bientôt l'Inde. Il y a la-bas comme en Chine l'emergence d'une classe moyenne qui veut aujourd'hui profiter de son pouvoir d'achat. C'est un pays avec un potentiel de consommation énorme, et il faut donc que nous soyons dans une logique d'accompagnement fort sur ce pays.