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17 juin 2015
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PeclersParis milite pour que l’on reconsidère les essentiels

Publié le
17 juin 2015

Parfois, l'évidence est sous vos yeux. L'une des inspirations de la dernière analyse de tendances du cabinet PeclersParis est notamment née en observant le changement de look progressif des stylistes du bureau : un vestiaire désormais simplifié à l'essentiel par chacune d'entre elles. Le début d'une tendance de mode féminine, voire d'un mouvement de fond ? Pour s'en assurer, le cabinet a donc réalisé une série d'interviews de ce qu'il appelle des "early adopters", cette fois, des experts de la mode, des pratiquants en mode.

De gauche à droite, silhouettes - Monki - Loewe - & Other Stories.


"Cela a validé le constat, le triomphe du style sur la mode, d'un vestiaire fait d'essentiels uniquement", confirme Anne Etienne, directrice conseil chez Peclers. La recherche de LA pièce parfaite et intemporelle, pour plusieurs raisons, selon les analystes du cabinet : d'abord, le rejet du système qui a triomphé ces dernières années, une fast fashion à profusion, une course effrénée à l'actualisation, à la nouveauté, dans laquelle les consommatrices et par conséquent les marques ne se retrouveraient bientôt plus.

Une lassitude qui amènerait à une nouvelle attitude "less is more", comme un "nettoyage" de garde-robe. Parfois jusqu'à adopter une attitude "uniforme" pour les plus jusqu'au-boutistes, pour moins réfléchir à sa garde-robe et afficher une personnalité constante, sans effet "déguisement". Un refus de l'excès et de l'éphémère donc, au profit du vêtement, du produit, et une nouvelle attitude shopping : l'achat besoin, la quête, plus réfléchie qu'un coup de cœur.

Une casualisation des modes de vie est également avancée dans cette analyse, avec la fin du vêtement pour l’occasion, au profit du vêtement qui s’adapte à toutes les occasions. Si la tendance actuelle au "normcore", du pardessus au t-shirt en coton en passant par la basket blanche épurée, va clairement dans ce sens, pour l’agence, le mouvement lui résistera et se poursuivra après elle.
 
Des achats rationnels donc, auxquels la majorité des marques et enseignes ne répondraient pas aujourd'hui, tranche le cabinet. "Aujourd’hui, dans une maison qui marche bien, les essentiels représentent 70 % des ventes. Or les marques nous sollicitent et concentrent leur temps et leurs investissements pour les 30 % restants, la partie mode de leurs collections", explique Anne Etienne. Ce que l’agence a constaté dans son étude : un trou dans les offres, entre les basiques et les produits mode, là où devraient se situer normalement les essentiels. Et aussi une confusion dans le vocabulaire utilisé: "must-have", basiques, essentiels, etc.
 
"C’est la structure même des collections qui est à revoir. Les essentiels sont travaillés et même proposés en boutique à la marge le plus souvent, alors qu’en fait, ce devrait être ce qui est mis en avant, ce qui sert d’appel", ajoute Elisabeth Prat, directrice de la mode de PeclersParis. Cette dernière veut inciter les marques à réellement se pencher sur leurs essentiels, les définir selon leur identité de marque, leur histoire. Que vient-on chercher chez un tel, pour quel type de produit lui fait-on toute confiance ? "Pour un Dolce & Gabbana, l’essentiel ça va être la petite robe noire en dentelle, pour un Max Mara le beau manteau un peu masculin, pour un COS, la chemise blanche", explique Anne Etienne.
 
Les essentiels ne sont donc pas les mêmes pour tous mais doivent avoir une constante : leur durabilité dans le temps et leur capacité d’adaptation à tous les âges, parfois presque à tous les genres, pour les marques féminines à l’approche androgyne. Pour Elisabeth Prat, peu importe le positionnement prix d’une marque, ce qui importe dans un essentiel : la coupe, la bonne forme, les bons détails équilibrés. "Après on ajuste le curseur prix avec le choix des matières par exemple", précise-t-elle. Des bons élèves, l’agence en cite sur tous les segments, d’Uniqlo à Lemaire en passant par Celine, COS, Zara, ou même Saint Laurent.
 
Un appel au pragmatisme dans les collections donc, qui aurait pour les marques et enseignes plusieurs avantages : un vêtement qui dure va rester plus longtemps en boutique, et sera moins marqué par la saisonnalité, et par conséquent, s’il est renouvelé chaque saison, sera peut-être également moins soldé…

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