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Philippe Gandrillon (Cop.Copine): "Le meilleur scénario serait que la marque puisse s'adosser à un acteur du textile"

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10 nov. 2022

Le 7 novembre 2022, la société Alineo, qui exploite la marque de mode féminine Cop.Copine, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Née en région parisienne en 1986 sous l'impulsion des frères Nedelian, l'entreprise recherche d'éventuels repreneurs, actifs dans l'univers du textile. Son directeur général depuis fin 2020 et spécialiste de la transition, Philippe Gandrillon, nous expose les problèmes rencontrés par cette marque en perte de vitesse mais aussi les forces qui pourraient l'aider à pérenniser son activité. Entretien.


Philippe Gandrillon - DR


FashionNetwork.com: Pour quelle(s) raison(s) Cop.Copine se retrouve aujourd'hui en situation de redressement judiciaire?

Philippe Gandrillon: Cop.Copine est une marque qui a connu un grand succès dans les années 90 et 2000, puis commencé sa décélération durant la décennie 2010. La famille fondatrice n'a alors pas souhaité vendre la société et s'est un peu perdue dans le repositionnement opéré, trop haut de gamme. L'originalité des coupes, des matières et des imprimés, qui était sa force, s'est lissée, et le chiffre d'affaires s'est durablement effrité, en même temps que la base de clientèle.

En parallèle, les virages marketing et digital n'ont pas été assez bien négociés. Et les directeurs généraux se sont succédé à la tête d'une société dont la famille fondatrice reste maître des décisions. La marque est passée de 75 millions d'euros de ventes en 2010 à un chiffre d'affaires de 40 millions en 2019, assorti d'une perte de deux millions d'euros. Une situation pré-Covid déjà difficile. La pandémie l'a mise à mal et posé la question d'un arrêt de l'activité, au moment où l'un des frères fondateurs est malheureusement décédé.


Cop.Copine fait travailler 170 salariés - Cop.Copine


FNW: Qu'a-t-il alors été décidé?

PG:  Ils n'ont pas baissé les bras et choisi de miser sur une relance. Je suis arrivé fin 2020 pour préparer un projet de rebond, et les actionnaires ont injecté 3 millions d'euros en ce sens. L'objectif était d'intensifier les budgets marketing et digitaux, d'élargir le sourcing, de développer le canal outlet, d'attirer de plus jeunes clientes et d'intégrer de nouvelles têtes dans l'équipe. Mais l'activité n'est pas repartie, nous aurions eu besoin de plus de temps pour mettre en place ces changements.

Le chiffre d'affaires a atteint 24 millions d'euros en 2021, et devrait avoisiner les 20 millions pour 2022, avec près de 10 millions d'euros de passif... Depuis cet été, l'entreprise doit rembourser une partie du PGE de 5 millions d'euros qui lui a été accordé, ce qui fragilise ses finances.


La marque s'est distinguée par son univers créatif foisonnant, mêlant jeu de découpes, asymétrie, mix matières et imprimés affirmés. - Cop.Copine


FNW: Quelles sont les options sur la table pour la survie de l'entreprise dans le cadre de ce redressement judiciaire?

PG: Je reste persuadé qu'il est possible de relancer la marque, même si elle a perdu de sa puissance et de son attractivité. L'hypothèse privilégiée est la recherche de repreneurs et donc la cession. La famille fondatrice est en quelque sorte arrivée au bout de son chemin avec la marque. L'autre issue, si Cop.Copine n'est pas reprise, est malheureusement la liquidation, ce que nous souhaitons bien sur éviter.

Le meilleur scénario serait que la marque puisse s'adosser à un acteur du secteur textile, qui pourrait faire perdurer la marque en mutualisant les fonctions support (RH, comptabilité, logistique…) tout en gardant l'identité forte de Cop.Copine et un bureau de style dédié. Il faudrait donc alléger ses coûts de structure et sans doute réévaluer le réseau: un peu moins de la moitié des boutiques sont actuellement rentables.

En attendant, nous poursuivons l'activité avec espoir, nous allons par exemple présenter dans quelques jours la collection de l'été 2023 à nos clients BtoB.


L'atelier de montage de Cop.Copine à Romainville - TI


FNW: Quels atouts peuvent séduire d'éventuels repreneurs?

PG: Cop.Copine possède une vraie patte mode, une singularité. Elle dispose d'ailleurs encore d'un atelier de mise au point des produits, à Romainville, qui emploie une dizaine de personnes (modélistes, toilistes, coupeur…). Un savoir-faire considérable et assez rare pour une marque milieu de gamme, qui peut intéresser d'autres griffes.

D'autre part, les clientes très fidèles de Cop.Copine sont toujours en attente de vêtements originaux, affranchis des tendances mode, et pour elles le facteur prix n'arrive qu'en second. Si on voulait redonner ses lettres d'or à la marque, une premiumisation est indiquée, en allant vers le positionnement occupé par IKKS ou SMCP. Une élasticité prix est donc possible, si elle continue à l'avenir de proposer des vêtements différenciants. Enfin, le réseau d'une soixantaine de points de vente possède de très belles adresses.

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