Pierre-André Cauche (IKKS) : "Nous entrons dans une ère beaucoup plus marketée"

Auteur :

Anaïs Lerévérend

Publié le
27 juin 2016

Avec l’appui de son nouvel actionnaire majoritaire, le groupe IKKS déploie cette année ses marques avec de nombreuses ouvertures de boutiques, mais a surtout engagé une transformation importante en interne, comme l’a expliqué le PDG, Pierre-André Cauche, à FashionMag. IKKS Femme a engagé sa mue en premier, avant l'homme ou l'enfant, tandis que les marques One Step et I.Code ainsi que le concept multimarque X&O consolident leurs réseaux de points de vente en France.

FashionMag : Un an après l'arrivée de LBO France comme actionnaire majoritaire, quel premier bilan ?

Pierre-André Cauche : Cela va faire un an en effet que LBO France est officiellement entré au capital, même si nous discutions bien sûr depuis plus longtemps que ça… La première période d’observation est passée, nous nous connaissons mieux, nous avons identifié les sujets thématiques de nos ateliers communs, des ateliers stratégiques où la partie opérationnelle de LBO travaille avec les équipes IKKS pour faire évoluer l’entreprise, travailler de manière plus efficace.

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FM : Quels sont les sujets identifiés justement ?

PAC : Il y a d’abord l’optimisation du reporting et du monitoring d’entreprise, mais aussi du schéma directeur informatique, ainsi qu’une réflexion sur le déstockage ou la logistique par exemple. L’un des grands sujets est également de réussir à optimiser les flux et améliorer notre réactivité par rapport aux informations consommateurs. Nous devons raccourcir les rythmes de travail pour être plus vite au fait des goûts de la clientèle et y répondre. Plus globalement, la problématique cette année a été de trouver la juste place pour l’investisseur majoritaire, entre reporting et appui sur certaines questions, en somme apporter sa réflexion hors secteur, mais sans interférer avec notre expertise métier.

FM : Quelle est la grande priorité pour le développement d’IKKS ?

PAC : Il nous faut être organisé en fonction de nos ambitions, notamment internationales. Il faut que la marque soit rayonnante et identitaire partout, qu’elle soit facile à comprendre pour un Chinois comme un Américain. Nous travaillons notamment le collectionning selon les marchés, même à échelle de la France, en s’adressant mieux aux Parisiens tout en pérennisant en province. Tout le travail sur l’offre IKKS va éclore en même temps que le nouveau projet de communication l’an prochain, la cohérence doit être totale. Nous entrons dans une ère beaucoup plus marketée.
 
FM : Comment cela va-t-il se manifester concrètement ?

PAC : Nous avons testé un nouveau concept boutique femme dans quelques magasins, il a été validé et se déploiera à partir de l’hiver prochain. Côté collection, l’offre féminine a fait l’objet d’une premiumisation et d’une féminisation forte, sous la direction artistique de Clémentine Turgis depuis la saison printemps-été 2016. L’homme a aussi amorcé sa mutation, avec un nouveau directeur artistique pour l’automne-hiver 2016, Jean-Olivier Letard. Globalement, la femme, l’homme et l’enfant vont tous trois dans la même direction de premiumisation. Pour nous, cela signifie proposer un style plus fort, plus remarquable, plus de produits d’image pour répondre aux demandes de catégories de pouvoir d’achat supérieures. Cette plus grande dimension mode nous oblige à être plus réactifs, à avoir un rythme d’actualisation plus rapide pour répondre aux tendances. Cela rejoint notre question des flux et d’engagement au plus près du consommateur, tout en se détachant un peu de l’entrée de saison.

FM : Quels sont les objectifs à l'international ? Les prochains développements ?

PAC : Nous avons amorcé un développement important sur l’Allemagne. D’ici l’été, nous passerons de deux à huit magasins, auxquels il faudra ajouter une vingtaine de corners en 2017, et un site e-commerce personnalisé pour le pays qui nous place comme un véritable opérateur sur le marché allemand. Il y a également un développement suisse en cours, un magasin vient d'ouvrir à Genève avant, là aussi, des corners. Notre première boutique a également ouvert à Londres, où nous cherchons d’autres emplacements potentiels avant la fin de l’année.
 
Nous nous renforçons aussi sur nos marchés plus historiques, huit nouvelles boutiques ouvrent sur la zone Benelux par exemple, deux en Espagne. Cela ne nous fait d’ailleurs pas oublier la France et Paris puisque nous devrions signer un nouvel emplacement dans le Marais pour l’automne. Il y aura quatre à cinq boutiques IKKS supplémentaires à Paris d’ici la fin de l’année, en accord avec nos nouvelles intentions plus musclées dans la capitale !
 
FM : Y-a t-il une démarche vers le grand export également ?

PAC : Nous sommes près d’une signature en Corée, et il y a des discussions ailleurs en Asie et en Amérique latine également. C’est en 2017 que nous récolterons certainement les premiers fruits importants de ce côté-là…
 
FM : En tout, pour 2016, comment chiffrez-vous ce déploiement ?

PAC : Toutes enseignes confondues, il devrait y avoir 80 à 90 ouvertures de boutiques. La moitié pour IKKS, une dizaine pour One Step, une dizaine pour I.Code et une vingtaine pour X&O, notre multimarque désormais femme, homme et enfant. Cette dernière devrait passer la centaine de points de vente en fin d’année.

FM : Et côté chiffre d’affaires ? Maintenez-vous l’objectif de le doubler sous cinq ans après cette première année ?

PAC : En 2015, celui-ci était chiffré à 345 millions d’euros. Pour 2016, nous devrions nous situer juste en dessous des 400 millions d’euros. L’objectif écrit est en effet de doubler le chiffre, cela signifie 15 à 20 % de croissance par an, cela nous paraît atteignable ! La France continue de progresser grâce aux ouvertures de nouvelles enseignes, et lorsque cela ralentira, l’export sera là pour soutenir et sa part remontera (aujourd’hui 20 %, ndlr).