AFP
25 févr. 2015
Procès Bettencourt : l'heure à la défense de François-Marie Banier
AFP
25 févr. 2015
Le procès Bettencourt, pour « abus de faiblesse » au détriment de la femme la plus riche de France, touchera à sa fin mercredi avec les plaidoiries des avocats du principal prévenu, le « confident » François-Marie Banier, après avoir entendu mardi maints appels à la relaxe dont celle de son compagnon Martin d'Orgeval.
Trois ans de prison et 375.000 euros d'amende, peine maximale pour « abus de faiblesse », ont été requis contre le dandy de 67 ans François-Marie Banier, dont les avocats plaideront avant ceux de l'ex-gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, clôturant un procès hors normes ouvert il y a près d'un mois devant le Tribunal correctionnel de Bordeaux.
Dès mardi, en défendant Martin D'Orgeval, jugé lui aussi pour avoir bénéficié des largesses de la milliardaire Liliane Bettencourt, son avocat, Me Jean-Alain Michel, a résumé le casse-tête, lancinant depuis un mois, qui échoira aux juges : quelle était réellement la vulnérabilité de la vielle dame, âgée de 92 ans, grande absente du procès en raison des atteintes de la maladie d'Alzheimer, 11e fortune mondiale, héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, au moment de ses multiples dons ?
« Je constate que des médecins disent blanc, des médecins disent gris, des médecins disent noir. Des témoins disent blanc, des témoins disent gris, des témoins disent noir. Comment choisir ? Comment allez-vous choisir ? » a lancé Me Michel.
Il était « très équilibré, très normal », a-t-il plaidé, de la part de la milliardaire de donner en nue propriété - c'est-à-dire après sa mort - des tableaux au « jeune artiste » D'Orgeval, 41 ans. Idem quant au testament faisant de lui le légataire universel N.2, en cas de décès de François-Marie Banier : « Il n'a participé à aucun mandat juridique », « il ne savait strictement rien » du testament, s'est indigné Me Michel, récusant les qualificatifs de « toutou » ou « d'ombre de Banier » dont a été affublé son client par les parties civiles et le Parquet.
Mardi a été aussi le jour de la défense, méthodique et vigoureuse, d'un des prévenus peut-être le plus malmené : Pascal Wilhelm, ancien avocat de Liliane Bettencourt après avoir été celui de Patrice de Maistre, puis successeur de celui-ci comme gestionnaire de fortune et enfin mandataire, poursuivi pour « abus de faiblesse ». « L'avocat de tout le monde et surtout de lui-même », comme le railla un avocat des parties civiles.
« Pascal Wilhelm n'a rien d'un profiteur ». Il a agi « encore et toujours dans l'intérêt et pour le meilleur profit » de la femme la plus riche de France, a plaidé son avocat, Me Yves Baudelot.
Rapatriement des fonds Bettencourt non-déclarés en Suisse ? Négociations avec le fisc pour éviter des poursuites pénales ? Pilotage du protocole de réconciliation entre Liliane et sa fille Françoise ? Pascal Wilhelm aura surtout été « le petit pompier qui se dresse contre l'incendie familial », a résumé l'avocat. En demandant une relaxe, requise aussi par le Parquet.
Le tribunal a appris qu'un des prévenus absents depuis un mois, l'ancien gestionnaire de l'île seychelloise des Bettencourt, Carlos Vejarano, qui vit au Mexique, souffrait d'une maladie dégénérative du cerveau « à un stade avancé ». Son avocate, Me Anne-Jessica-Fauré, sur les faits, a plaidé la relaxe.
Les avocats de Jean-Michel Normand, ont eux aussi demandé la relaxe pour le notaire de 80 ans, jugé pour « complicité d'abus de faiblesse », en l'occurrence maints actes de donations, actes testamentaires ou legs. La « caisse enregistreuse », comme l'a décrit le ministère public, requérant un an de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende.
En tant que notaire pendant 14 ans de la milliardaire, il n'a été « que l'expression d'une volonté à cet instant », a plaidé Me Eric Parlange, soutenant « qu'en son âme et conscience », il avait considéré que Liliane Bettencourt « avait un libre arbitre » au moment de signer ces actes, donations ou testament.
Absents à l'audience depuis le début des plaidoiries de la défende lundi, la fille unique de Liliane Bettencourt, Françoise, dont la plainte en 2007 est à l'origine de l'affaire, et ses deux fils ont été mardi cible de traits de la défense : les « intermittents de l'audience », a sifflé Me Michel.
Pour Me Boerner, avocat de M. Wilhelm, son client a été « piégé », « trahi » par Françoise Bettencourt-Meyers, qui l'a « endormi » en 2010, avec le protocole de réconciliation et le mandat de protection future, avant de le dénoncer et le « jeter aux orties », en « victime expiatoire » d'années de conflit mère-fille. C'est à lui « que vous devez cette liberté de profiter de la fortune de votre mère », a-t-il lancé aux deux fils.
Par Philippe BERNES-LASSERRE
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.