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25 févr. 2015
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Procès Bettencourt : la défense plaide les "libres choix" de Liliane Bettencourt, délibéré au 28 mai

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AFP
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25 févr. 2015

Les dix prévenus du volet « abus de faiblesse » au détriment de Liliane Bettencourt connaîtront leur sort le 28 mai à l'issue d'un procès-fleuve et hors normes marqué par d'ultimes plaidoiries des avocats de la défense présentant l'image d'une milliardaire « libre » de ses « choix » et qui était « tout sauf en situation de faiblesse ».

François-Marie Banier et son avocat au procès Bettencourt - AFP


La mise en délibéré au 28 mai (14h) par le Tribunal correctionnel de Bordeaux clôt quatre semaines et demie d'audiences intenses où étaient jugés dix hommes pour « abus de faiblesse », « recel » ou « blanchiment », portant sur des centaines de millions d'euros, au détriment de Liliane Bettencourt, aujourd'hui âgée de 92 ans, sous tutelle, physiquement absente du procès.

Mercredi, les avocats de François-Marie Banier, Laurent Merlet et Pierre Cornut-Gentille, ont farouchement défendu l'idée du « choix » de Liliane Bettencourt de « noyer sous l'or » son ami photographe. « On peut trouver choquant de choisir un ami pour le couvrir d'or, mais cela n'en fait pas un acte abusif », a rappelé Me Merlet, plaidant la relaxe du photographe de 67 ans.

S'appuyant sur des lettres de la milliardaire à son confident Banier, l'avocat a souligné le libre arbitre de la vieille dame au moment des dons et actes notariés qui, pour beaucoup, n'étaient que « confirmations de décisions » prises des années auparavant.

Doute sur quand Liliane a « basculé »

Evoquant sa santé, au coeur du délit « d'abus de faiblesse », Me Cornut-Gentille a appelé le tribunal à distinguer les « hypothèses » des « certitudes » et à « sérier les périodes », notamment à partir de 2006, date à laquelle les experts judiciaires font remonter le début de troubles cognitifs susceptibles d'avoir altéré son jugement.

Le « doute principal », a-t-il rappelé, c'est sur « le moment où a basculé » - en 2010, selon lui - la santé psychique de cette femme « hypocondriaque », « trop soignée et mal soignée ». Une femme aussi richissime, femme de ministre, 11e fortune mondiale, « toute sa vie reconnue comme quelqu'un d'exceptionnel, mais pas pour elle-même ». Et « un jour dans sa vie, un fou, un demi-fou (...) Banier, fait tout exploser : il la reconnaît enfin pour ce qu'elle est ! », a-t-il insisté.

Les avocats ont aussi évoqué la profonde déchirure mère-fille chez les Bettencourt, cette famille où la vie est « sinistre », où règnent « les non-dits, les secrets ». Une famille où une « maman se réconcilie avec sa fille à des conditions financières », a renchéri Jacqueline Laffont, pour la défense de Patrice de Maistre, 65 ans, gestionnaire de fortune, jugé pour « abus de faiblesse » portant sur un total de 12 millions d'euros et « blanchiment », notamment de fraude fiscale.

La famille Bettencourt, « une autre planète »

« Mais je refuse que Patrice de Maistre soit l'exutoire des tourments de cette famille », a-t-elle plaidé, s'appuyant sur des documents « jamais exploités, ni même mentionnés tout au long de l'instruction », mais qui dédouaneraient son client.

Pour Christophe Martin-Carriou, il s'agit du parcours d'un « homme à la droiture morale, professionnelle et affective entière envers Liliane Bettencourt », dont il a géré les biens « de manière irréprochable durant sept ans » jusqu'à son départ en décembre 2010.

La famille Bettencourt, « c'est une autre planète », a résumé Me Laffont, ajoutant que dans le conflit mère-fille, Patrice de Maistre n'a pu que respecter les volontés d'une femme qui, pour lui, « était tout sauf en état de faiblesse ».

Quatre peines de prison ferme ont été requises au cours du procès : outre François-Marie Banier et Patrice de Maistre, trois ans dont 18 avec sursis et 375.000 euros contre Martin d'Orgeval, compagnon de François-Marie Banier, et deux ans contre Carlos Vejarano, ex-gestionnaire d'Arros, île seychelloise des Bettencourt.

Le Ministère public a en revanche requis la relaxe contre l'ex-ministre UMP de Nicolas Sarkozy Eric Woerth, poursuivi pour « recel », l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, l'avocat et ex-mandataire de Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, et le notaire Patrice Bonduelle.

L'ex-infirmier de la milliardaire, Alain Thurin, qui a fait une tentative de suicide à la veille du procès, pourrait être jugé distinctement si son état le permet, mais le Parquet avait requis sa relaxe à l'issue de l'instruction.

Ce procès-marathon, premier volet dit « abus de faiblesse » d'un tentaculaire dossier Bettencourt, sera suivi de trois autres procès à Bordeaux, dès mars et juin pour « trafic d'influence » puis « violation du secret professionnel ». Et à une date encore indéterminée pour « atteinte à la vie privée ».

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