Qualité et excentricité au salon du luxe "Luxury, please" à Vienne

VIENNE, 20 nov 2010 (AFP) - Au 5e salon du luxe "Luxury, please", qui se déroule à Vienne jusqu'à dimanche, la crise économique semble n'être qu'un lointain souvenir au milieu des stands de bijoux étincelants, de voitures somptueuses et d'argenterie princière.

De grandes marques internationales comme Cartier, Donna Karan, Rolls Royce ou Aston Martin, mais aussi des producteurs locaux ont investi les grands salons de la Hofburg, l'ancien palais impérial, lieu de choix s'il en est.

Une fois passé l'escalier monumental qui mène aux salles éclairées par des dizaines de lustres, une centaine d'exposants mettent en avant leurs produits les plus fins, les plus chers et parfois les plus excentriques.

Avec 20.000 euros, vous pouvez vous offrir une baignoire en bois, développée avec des technologies utilisées pour la Formule-1. Une table en verre, qui repose sur deux souches d'arbres vivants et dont les branches poussent encore, peut donner une autre dimension à un salon pour 30.000 à 40.000 euros.

Mais, malgré tout ce bling-bling, les organisateurs tiennent à souligner que tout ne tourne pas qu'autour du prix.

"Le luxe, c'est quelque chose de spécial, quelque chose qui sort de l'ordinaire", a déclaré à l'AFP le créateur du salon Gerhard Krispl, "mais cela ne se voit pas qu'avec le prix, c'est aussi une idée, une sensation".

Les papilles des visiteurs pourront donc s'émerveiller du caviar, du homard et autres délices ornés d'une feuille d'or que propose l'un des traiteurs du salon, le seul restaurant viennois honoré d'une étoile au prestigieux guide gastronomique Michelin, Steirerstuben. "Pour moi, le luxe c'est aussi quelque chose de beau qui a bon goût", explique le chef du Steirerstuben, Siegfried Kröpfl.

Entre 15.000 et 20.000 personnes devraient visiter le salon en trois jours. Alors que l'entrée coûte déjà 39 euros, certains feront chauffer leur carte Platinum et d'autres viennent juste pour le plaisir des yeux.

"C'est aussi important: cela veut dire que certains s'inspirent de ce qu'ils voient ici et se disent +j'achèterai ça peut-être dans deux ans+. Cela leur donne une raison d'économiser", estime Gerhard Krispl. Et des raisons, il y en a une multitude, des bijoux aux produits cosmétiques en passant par de l'art moderne ou encore des meubles faits en bois de tonneau à vin, et même des opérations de chirurgie esthétique.

"Le luxe, ce n'est pas forcément d'acheter quelque chose à trois millions d'euros sur le coup, cela peut être aussi de la belle argenterie, j'en achète juste trois pièces et le reste plus tard", ajoute-t-il.

Le secteur du luxe s'est rapidement remis de la crise économique, les études le montrent. La crise a peut-être même contribué à assainir le marché du luxe en le débarrassant des acteurs trop fragiles et ne laissant survivre que les marques de qualité, avance Gerhard Krispl. Et elle a aussi forcé les grands noms à être moins arrogants et à solliciter de nouveau leur clientèle, a-t-il ajouté.

La durabilité des biens de luxe a sûrement contribué à la reprise rapide: le luxe, après tout, repose sur la qualité et le savoir-faire, pas sur la quantité, assurent les exposants: "Le bon goût est toujours très couru, ainsi que la qualité, même en ces temps-ci", explique ainsi Hanni Vanicek, qui dirige depuis 50 ans la prestigieuse enseigne viennoise de linge de maison Zur schwäbischen Jungfrau. Certains clients viennent spécialement de Moscou pour acheter du linge de lit et des nappes, ou recevoir des conseils pour leur maison, ajoute-t-elle.

"Le luxe, c'est quand, 20 ans après, vous disposez toujours d'un produit magnifique et vous avez oublié combien il a coûté", soutient Hanni Vanicek.Par Sim Sim WISSGOTT