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Clémentine Martin
Publié le
18 déc. 2019
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Quand Paris prend l’accent espagnol

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
18 déc. 2019

C’est un fait : dans l’ombre de multinationales telles qu’Inditex ou Mango, les marques espagnoles qui se distinguent par leur créativité ou leur positionnement haut de gamme sont souvent associées à tort avec la « fast fashion ». En conséquence, elles ont donc tendance à se tourner vers Paris pour tenter de se faire connaître sur la scène internationale et pour nouer des collaborations de renom. Les marques latino-américaines misent elles aussi sur la capitale française : ces griffes destinées à une clientèle aisée reçoivent généralement un bon accueil grâce à leur mise en valeur de l’artisanat local et à des démarches durables. Au cours de la dernière Fashion Week parisienne, nous avons visité des showrooms et assisté à des défilés, des événements éphémères et des présentations originales pour tenter de découvrir la scène mode hispanique à Paris. Quels sont les noms à retenir ?


La jeune marque Mimii se distingue par ses créations colorées et volumineuses - Mimii / Shura Filippova


Mimii et Leandro Cano : le baroque 4.0



"L’essence de ce projet, c’est l’héritage que transmet un artisan à son fils", expliquait le créateur andalou Leandro Cano lors de la présentation de sa dernière collection à Paris. Les huit bodies qui ont défilé étaient élaborés à partir de techniques traditionnelles, allant du travail de la maille à celui de la corde ou de la céramique. À la croisée de l’innovation et de la tradition, l’événement avait lieu à l’ambassade d’Espagne à Paris, sur fond d’œuvres de Francisco de Goya.

Chez sa compatriote Mimii, l’excentricité est aussi de mise. Sa créatrice, aux racines espagnoles et suisses, s’est formée à l’Istituto Marangoni de Paris. Lors de la dernière Fashion Week, elle a fait défiler ses nouvelles pièces dans sa ville d’adoption : "Les constantes, ce sont la couleur et le rembourrage. Mais cette fois, comme j’ai passé plus de temps en Espagne, il y a plus de références au flamenco ou aux portraits du Thyssen", explique la jeune femme. Elle n’hésite pas à utiliser des toiles de tapisserie ou des filets de pêche et va jusqu’à peindre ses pièces à la main. "Toutes mes créations sont très théâtrales", s’exclame-t-elle en riant. Pour le prouver, elle désigne des robes d’une largeur allant jusqu’à quatre mètres ou ayant requis 85 mètres de tulle. Élaborés à partir de chutes de ses volumineuses créations, les chapeaux viennent compléter ses looks.

Richelieu Showroom : développement durable et prix accessibles



"Nous avons monté ce projet pour mettre en valeur les petits créateurs qui n’avaient pas la possibilité de prendre un showroom à Paris", raconte sa fondatrice Maialen Banuelos. Après avoir travaillé pour de grandes entreprises comme Cartier, Vente-privée (maintenant Veepee) ou Etam, cette spécialiste du marketing et de la direction commerciale a su évaluer le potentiel de la mode responsable et de qualité. Il y a un an, elle a ouvert son propre espace au numéro 59 de la rue Richelieu, à quelques pas du Louvre et de la place des Victoires.


La marque Colmillo de Morsa a été fondée à Barcelone en 2010 - Instagram: Colmillo de Morsa


On y trouve une sélection de marques espagnoles triées sur le volet, misant sur une production locale, un design contemporain et un positionnement prix allant de 50 à 300 euros par pièce. "Le marché français est très compétitif, mais c’est justement pour ça que les acheteurs cherchent de nouvelles marques pas encore très connues dans le pays", analyse l’entrepreneuse, satisfaite du bon accueil que reçoivent ses protégés. Elle représente notamment la griffe madrilène Kolonaki, qui propose des collections d’inspiration intemporelle, ou la barcelonaise Colmillo de Morsa, spécialisée dans le travail des matières naturelles achetées auprès de fournisseurs européens. Également originaire de Barcelone, la firme Amt. a été fondée par le designer Adrià Machado, qui fait des ravages sur Instagram et séduit les pays nordiques. Selon Maialen Banuelos, cette dimension marketing est devenue très importante pour les acheteurs. "Quand on présente de nouvelles marques, on nous demande systématiquement combien de followers elles ont sur Instagram", révèle-t-elle.

Carmen March : Miami Vice en version latino



"Je suis latine et je veux conserver ce glamour. J’ai ça dans le sang", revendique la créatrice majorquine. C’est à l’hôtel parisien Alfred Sommier qu’a eu lieu la présentation de sa collection printemps/été 2020. Les robes à volants aux accents flamenco, les bustiers ajustés et les ensembles imprimés évoquant les dessins de Keith Haring ou de Jean-Michel Basquiat semblent tous avoir été passés au travers d’un filtre vintage des années 80. D’intenses bleus, des fuchsias lumineux, des noirs profonds et des vert menthe à l’eau émaillent cette collection inspirée de Miami Vice, des néons d’Ocean Drive ou des façades pastel de style Art Déco. "Ce sont les couleurs que l’on trouve autour d’une piscine", relève la créatrice.


Collection printemps/été 2020 de Carmen March - Carmen March / Suffo Moncloa


Après une collaboration avec la marque Duyos, Carmen March a commencé son aventure en solitaire en 2000. Cependant, dix ans plus tard, elle tirait le rideau de sa boutique-atelier madrilène. Mais cette retraite prématurée n’aura finalement duré que deux ans : la créatrice était à la tête du design de Pedro del Hierro (groupe Tendam) de 2012 à 2015. Aujourd’hui, Carmen March se concentre sur le relancement de sa propre marque, dont elle est à la fois fondatrice et directrice artistique. La griffe a mis sa boutique en ligne en stand-by l’année dernière et est actuellement distribuée sur des plateformes soigneusement sélectionnées comme Bergdorf Goodman, The Webster ou Moda Operandi. Elle est aussi disponible dans des multimarques physiques dans une quinzaine de pays.

Accessoires de luxe : Pedro García et Heimat Atlantica



L'influenceuse Gala Gonzalez à la tête de la marque Amlul, fait partie des habituées de la Fashion Week parisienne. De par sa position, elle fait aujourd’hui partie des principales ambassadrices des marques de luxe espagnoles qui défilent dans la capitale. Son nom est notamment associé à celui de Pedro García Shoes, une marque familiale de chaussures fondée par Pedro García en 1925 et actuellement pilotée par son petit-fils et homonyme Pedro García (directeur créatif) et sa petite-fille Mila García (PDG).

Fabriquées à Elda (Alicante), ces chaussures artisanales font partie des moteurs de l’économie locale et sont vendues via la boutique de la marque dans la luxueuse rue Jorge Juan de Madrid, ainsi que sur sa boutique en ligne et sur des plateformes comme Net-a-Porter, Neiman Marcus ou Lane Crawford. En tout, la marque est présente dans une trentaine de pays. En France, elle est notamment vendue chez Hermès Sellier à Pantin et chez Woos à Saint Tropez. À l’occasion de son anniversaire, la griffe a ouvert un espace éphémère à la galerie Susse Frères au Palais Royal. L’endroit idéal pour présenter sa collection spatiale « Volcano » pour le printemps/été 2020, composée de fines sandales ornées de cristaux Swarovski.


L’influenceuse Gala Gonzalez porte des sandales Pedro García à Paris - Heimat Atlántica


De son côté, la marque Heimat Atlantica est originaire de Galice et se spécialise dans les paniers de luxe. Pour présenter sa collection de la saison à venir, elle a opté pour un espace au décor marin, à quelques mètres d’Invalides. On y retrouve son modèle classique, qui a su convaincre les Galeries Lafayette, The Webster, Dover Street Market et bon nombre d’acheteurs coréens. La nouveauté, ce sont les « city bags » : « Je voulais créer une version plus adaptée à la ville, pratique et facile à porter avec n’importe quel look », explique Montserrat Álvarez. La fondatrice de la griffe a doté ces nouveaux modèles de grandes anses en cuir, de pendentifs en céramique et d’une forme cylindrique. L’autre grande nouvelle, ce sont les premiers pas de la marque dans le prêt-à-porter avec une ligne de tee-shirts blancs imprimés d’un cœur, inspirés des ornements du mur de son showroom parisien.


Showroom parisien de Heimat Atlantica pour le printemps/été 2020 - Sadaels


La scène latino, de Sadaels à Vogue México



D’origine belgo-argentine, la marque de prêt-à-porter féminin Sadaels était au calendrier officiel de la dernière Fashion Week parisienne. Présentée en grande pompe à l’ambassade d’Argentine à Paris, la collection printemps/été 2020 était caractérisée par ses jeux d’asymétries et ses imprimés pastel aux détails géométriques. On retiendra notamment le cheval « pixellisé » emblématique de la marque. Redingotes, manteaux mi-longs et chemises structurées étaient portés avec de grandes jupes-culottes ou des robes et mini-jupes fendues sur le côté. Les pièces seront proposées à la vente dans le flagship de Buenos Aires de la marque ainsi que chez The Webster, Matchesfashion ou Bergdorf Goodman.

Vogue México, de son côté, a présenté un showroom avec une dizaine de créateurs latinos au très chic Hôtel Lutetia. La rédactrice en chef du magazine, Karla Martínez Salas, a choisi pour l’occasion une sélection de pièces des firmes de prêt-à-porter et accessoires Marika Vera, Napoleón, Lobo Rosa, Arata Design, Sophie Simone, Nelly Rojas, Patricia Mejía, Priah, Mercedes Salazar et Cynthia Buttenklepper.
 

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