Ralph Lauren: une élégance fabuleuse et discrète au Brooklyn Navy Yard
Vendredi soir, une foule compacte s’échappait des ferries pour rejoindre le Brooklyn Navy Yard et assister au retour de Ralph Lauren sur les podiums. Dans un local branché et bohème de l’East River, il a présenté une collection brillant de mille feux.
Jennifer Lopez s’est présentée flanquée de deux énormes gardes du corps et deux stylistes barbus. Elle était assise entre Julianne Moore et Diane Keaton, qui portait un chapeau haut de forme qu’Annie Hall n’aurait pas renié. Quelques sièges plus loin, on pouvait apercevoir David et Ricky Lauren.
Portant une série de looks écrus, dorés et beiges, se tenaient Robin Wright, Sheryl Crow, Laura Dern, Gabrielle Union, Li Binging, Rachel Brosnahan, Pom Klementieff et Philippine Leroy-Beaulieu.
Pour beaucoup de gens, Ralph Lauren a l’image d’un créateur de mode américaine classique. Mais ce défilé brillant a réussi sa mission: rappeler que la pierre angulaire de son style repose sur une distinction discrète. Un look qui a toujours le pouvoir de créer des moments de mode d’une rare beauté. C’est exactement ce qu’a vécu le public du défilé.
Le créateur a choisi l’intérieur du Navy Yard, sous haute surveillance, pour présenter sa collection printemps-été 2024. L’espace était décoré avec des éléments rappelant tantôt un loft d’artiste à Soho, une ferme de Nouvelle-Angleterre ou un ranch dans les Rocheuses. Une nouvelle vision du classicisme, sans aucun doute.
D’immenses draperies fanées étaient suspendues aux murs, montés en lambris de bois brut rappelant la propriété de Ralph dans le Colorado. Des nuages de chandeliers éclairaient le défilé, et les invités étaient installés sur des chaises tapissées dépareillées.
Les vêtements eux-mêmes étaient tout à fait en accord avec la présentation. Un denim délavé décoloré était utilisé pour créer un pantalon de tailleur strict. Des blazers étaient sur-imprimés de motifs floraux, des corsets étaient portés avec des colliers en perles hippie chic et des robes étaient suivies d’élégantes traînes. On se serait cru à un mariage de la haute bourgeoisie bohème du Far West, dans une improbable rencontre entre John Ford et Ralph Lauren.
Changeant soudain d’ambiance, la collection présentait ensuite des pantalons de tailleur romantiques en soie blanche et des robes dorées lamées, accompagnées de vestes d’équitation ou de vestes militaires faites en cuir souple et doux.
Du côté de la bande-son, des remixes du classique Time of the Season de The Zombies cohabitaient avec quelques notes de Carla Bruni, rappelant l’amour porté par Ralph au style français. Pour le soir, il s’est réapproprié des couleurs dignes de Saint Laurent: émeraude, orange vif, turquoise et violet romain impérial. Ces teintes paraient des pantalons d’inspiration orientale parfaitement coupés, des jupes et des robes fluides.
Le point culminant du défilé a probablement été atteint lors de l’apparition de Natalia Vodianova dans une robe de princesse Comanche dorée. Christy Turlington a récolté une salve d’applaudissements dans une robe de déesse grecque élégamment drapée sur une épaule.
Ralph est venu saluer d’une brève révérence, habillé d’une chemise kaki de style Da Nang et d’un pantalon cargo délavé, révélant une élégante salle à manger derrière une porte battante. Tout le public s’est levé, applaudissant à tout rompre après un défilé qui est bien parti pour rafler la palme du plus remarquable de la saison new-yorkaise.
Le public était éclectique et glamour, avec Amanda Seyfried, Emma Roberts, James Marsden, la chanteuse Krystal Jung et Leo Woodall, de The White Lotus. Yan Yan Chan. De nombreuses influenceuses avaient aussi fait le déplacement: Leia Sfez, Camila Coelho, Cara Delevingne, Leonie Hanne, Marianna Hewitt, Nicole Warne, Yan Yan Chan et Sofia Richie Grainge.
Autour d’un bon cocktail, Keri Russell (qui incarne l’ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne dans la série de Netflix The Diplomat) a même échangé quelques mots avec le maire de New York Eric Adams.
Pour le dîner, Ralph Lauren proposait des viandes et poissons grillés, dont une salade de homard et un filet mignon venu tout droit de son propre ranch. Le décor, éclairé aux chandelles, mettait parfaitement en valeur le linge de table et la vaisselle: des serviettes en lin estampillées RL, des porcelaines fines bordées de liserés dorés, des verres élégamment taillés et une nappe bleue florale très chic.
“Une élégance discrète“, résumait Ralph à propos du défilé et de la soirée.
“Vous savez, quand on organise un événement de ce style, il vaut mieux le faire correctement. Utiliser tous ses meilleurs éléments pour dire exactement ce que l’on pense“, commentait-il.
En quelques mots, Ralph Lauren est le Dersu Uzala de la mode; un frêle octogénaire marchant avec un brin de difficulté, mais rayonnant d’un esprit combattif et contrôlant parfaitement son œuvre. On a pu le voir sourire calmement devant le plaisir évident qu’avaient ses invités à participer à la soirée. Une nouvelle expression de l’élégance moderne par le designer vivant le plus important d’Amérique.
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