Richemont prudent pour le second semestre, entend conserver Lancel

Le groupe suisse Richemont, numéro deux mondial du luxe, a publié vendredi des chiffres mitigés pour son premier semestre décalé, et a adopté un ton prudent pour la seconde moitié de l'exercice. Le groupe, qui rivalise en particulier avec le français LVMH, a également indiqué qu'il avait bouclé la revue de ses activités et qu'il n'envisageait pas de cession "ni dans l'immédiat, ni dans un futur prévisible".

Richemont entend ainsi conserver la marque Lancel, a indiqué son directeur financier lors d'une conférence téléphonique. "Cela a plus de sens de la conserver", a déclaré Gary Saage aux journalistes, tout en assurant que le groupe "restait engagé derrière toutes ses marques", "convaincu de pouvoir les développer".

Lancel, griffe de maroquinerie connue notamment pour son sac à main créé en hommage à l'actrice française Brigitte Bardot, a été au centre de nombreuses rumeurs ces dernières semaines.

Sur les six premiers mois de l'exercice 2013/2014 décalé, achevé fin septembre, son bénéfice net a affiché une hausse de 10% à 1,18 milliard d'euros, a indiqué le groupe genevois dans un communiqué. Ce chiffre se situe dans le bas de la fourchette de prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP, qui oscillait entre 1,15 et 1,22 milliards.

Mais la déception est surtout venue de son résultat d'exploitation, qui est ressorti en baisse de 1% à 1,3 milliard d'euros, plombé par des effets négatifs de change. Les instruments de couverture ont cependant permis de limiter l'impact au niveau du bénéfice net, a précisé le groupe.

Ses ventes ont en revanche progressé de 4% à 5,3 milliards d'euros, portées par une forte croissance en Europe, où le groupe a continué de bénéficier des achats touristiques, ainsi que dans la région Amériques, où ses recettes ont bondi de 17%. Dans la région Asie Pacifique (hors Japon), ses recettes ont progressé de 4%, sur fond de croissance à Hong Kong et à Macao mais de recul des ventes en Chine.

Dans le détail de ses activités, le groupe propriétaire de Cartier et de Van Cleef & Arpels a vu ses recettes progresser de 2% à 2,6 milliards dans ses maisons de joaillerie. La croissance a été plus soutenue dans son portefeuille de marques horlogères où ses ventes ont grimpé de 9% à 1,5 milliard, en particulier grâce à ses montres de haute horlogerie.

La maison Montblanc, connue pour ses prestigieux stylos-plume, s'est cependant inscrite en recul de 3% à 358 millions d'euros. Le groupe a également vu la performance de ses marques de mode Alfred Dunhill et Chloé se détériorer, a-t-il indiqué sans fournir d'indications chiffrées. Pour le second semestre, le groupe s'est montré prudent face à "l'atonie de l'environnement économique". Il a prévenu que les risques concernant les taux de changes devraient peser sur ses résultats.

En octobre, après la clôture des comptes, les ventes ont toutefois progressé de 6%, a précisé Richemont qui a mis en lumière des ventes exceptionnelles en haute joaillerie dans la région Asie Pacifique. A 10H17 GMT vendredi, le titre cédait 2,04% à 91,10 francs suisses, affichant la plus mauvaise performance de l'indice SMI, qui recule de 0,23%.

"Les résultats étaient mitigés", a commenté Thomas Chauvet, analyste chez Citigroup, dans une note, rappelant cependant que ces chiffres faisaient suite à un ralentissement généralisé dans l'industrie du luxe et des résultats décevants pour le troisième trimestre dans le secteur.

L'analyste, qui maintient sa recommandation à l'achat, s'est dit dans l'ensemble "positif" sur les perspectives de Richemont mais a souligné que les commentaires sur la revue d'activité était "surprenants" et risquaient d'être accueillis "négativement".