Publicités
Publié le
13 nov. 2021
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Richemont s’envole au 1er semestre et annonce des discussions avec Farfetch

Publié le
13 nov. 2021

Les grandes manœuvres ont débuté chez Richemont. Alors que le fonds activiste Third Point serait entré à son capital cette semaine, le groupe de luxe suisse publie ce vendredi des résultats semestriels plus que satisfaisants et fait savoir qu’il est en discussion avec Farfetch, pour prêter renfort à son site de ventes en liges YNAP en difficulté. Il n’en fallait pas plus pour faire envoler son titre à la Bourse de Zurich.


Le dernier défilé de Chloé, l'une des maisons de mode de Richemont - © PixelFormula


Dans un communiqué, le numéro 3 mondial du luxe, propriétaire notamment du joaillier Cartier, annonce être "en discussion avancée" avec la plateforme de luxe anglaise pilotée par José Neves, "en vue de renforcer le partenariat qu'elle a noué l'an dernier". Pour rappel, en novembre 2020, le groupe helvète s’était associé au géant chinois Alibaba pour investir 1,1 milliard de dollars (928 millions d'euros), soit 550 millions de dollars chacun, dans Farfetch et sa nouvelle place de marché chinoise, via la création de la coentreprise Luxury New Retail (LNR).

Le groupe précise que "de nouveaux progrès ont été réalisés dans la création d'une plateforme neutre à l'échelle de l'industrie, basée sur les dernières technologies de vente au détail omnicanal, pour soutenir la digitalisation de l'industrie du luxe". En particulier, il indique que Farfetch va "investir directement dans Yoox Net-A-Porter en tant qu'actionnaire minoritaire, avec d'autres investisseurs invités à participer à ses côtés", sans indiquer toutefois le nom de ces investisseurs potentiels. Les discussions portent également sur l'échange de technologies entre les deux sociétés et sur la possibilité pour les marques du groupe de rejoindre la plateforme de Farfetch. Là encore, le groupe n'a pas révélé de quels labels il pourrait s'agir.

L'objectif final est que YNAP devienne "une plateforme neutre, sans actionnaire de contrôle". Autrement dit, avec l'arrivée de nouveaux actionnaires Richemont pourrait diminuer sa participation dans YNAP et se désengager de cette manière de sa filiale e-commere en perte de vitesse. La plateforme, qui ne brille pas pour ses résultats, ne cesse de cumuler des pertes et pénalise la rentabilité du groupe. Un problème pointé régulièrement par les actionnaires et les analystes, qui ont toujours invoqué une scission nette entre Richemont et sa division de vente en ligne.

Née en 2015 de la fusion entre le site de vente de mode en ligne italien Yoox et de l’e-shop de luxe anglais Net-A-Porter, à l’époque filiale de Richemont, YNAP, dont le groupe suisse détenait encore près de 25% des parts, avait été racheté par ce dernier en 2018 pour un prix jugé très élevé. En dépit d'importants investissements engagés, le site n’a jamais réussi à rebondir et a continué de perdre du terrain face à ses concurrents. Au premier semestre, il a accusé une perte d'exploitation de 141 millions d'euros, tandis que son chiffre d'affaires a grimpé de 37%, à 1,28 milliard d'euros. Une perte due à l'augmentation des investissements dans la communication et des droits de douane et taxes liés au Brexit, a précisé le groupe.

Par cette annonce, Richemont clarifie sa position à propos d’YNAP, qui ne sera pas cédée directement, comme le laissait entendre le marché ces dernières semaines. De même, le président de la compagnie, Johann Rupert, a démenti les rumeurs circulant à propos d’un éventuel rapprochement avec Kering, en déclarant qu'il ne ferait pas d'accord avec le groupe de luxe français et que sa société n'était pas à vendre.


Une image du site anglais - Net-A-Porter



Pour le semestre clos le 30 septembre, le chiffre d'affaires du groupe s’est élevé à 8,91 milliards d'euros, avec une croissance organique de 65%, soit des résultats supérieurs au consensus des analystes. La hausse est de 20% par rapport à la même période de 2019. Le bénéfice d'exploitation (Ebit) a explosé, passant de 452 millions d'euros au premier semestre 2019 à 1,95 milliard d'euros un an plus tard, soit un bond de 331% sur 2020 et de 67% sur deux ans, avec une marge ressortant à 21,9% contre 8,3% en 2020 et 15,7% en 2019.

Le bénéfice net a été multiplié quant à lui par presque huit sur un an, atteignant 1,25 milliard d'euros contre les 159 millions d'euros dégagés l’an dernier. Il a progressé de 44% sur deux ans, grâce notamment aux bons résultats des marques de joaillerie, dont Cartier et Van Cleef & Arpels. Les ventes des maisons joaillières ont augmenté de 36% sur deux ans (celles des maisons horlogères de 7%) avec une marge opérationnelle ressortant à 37,9%. Des résultats salués par le marché, qui font de Richemont l’un des groupes les mieux positionnés sur le secteur de la joaillerie, avec une rentabilité comparable à celles de ces concurrents, d’Hermès à la division mode et maroquinerie de LVMH.

Du point de vue géographie, la région Amériques voit ses ventes exploser au premier semestre (+123% sur un an), représentant désormais 22% des ventes totales groupe soit quasiment comme l’Europe (23%). Cette dernière enregistre une croissance de 62% en glissement annuel et de 9% sur un an. En Asie-Pacifique, les ventes ont respectivement augmenté sur les mêmes périodes de 47% et de 41%.

Les risques liés à la pandémie du Covid-19 demeurent néanmoins, avec de possibles confinements locaux en Chine. Ce qui pousse Richemont à afficher une certaine prudence. "Pour le second semestre, la volatilité devrait persister, notamment en termes d'inflation et de tensions géopolitiques. Le groupe sera également confronté à des comparaisons difficiles", prévient-il.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com