Richemont : ventes sur cinq mois dopées par la manne touristique et la faiblesse de l'euro

Le groupe suisse Richemont, le numéro deux mondial du luxe, a vu ses ventes dopées par la manne touristique en Europe et ses maisons de joaillerie ainsi que par l'affaiblissement de l'euro, a-t-il indiqué mercredi lors d'un point sur son activité sur cinq mois.

Entre début avril et fin août, ses ventes se sont étoffées de 4 % à taux de changes constants et ont grimpé de 16 % une fois converties en euros, a indiqué dans un communiqué le groupe genevois qui ne fournissait qu'un aperçu des tendances sur la marche de ses affaires.

Cette progression dépasse les prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP qui tablaient en moyenne sur une augmentation des ventes de 1,4 % en monnaies locales et de 13,1 % en euros.

Publicités

A 8h56 GMT, le titre s'adjugeait 6,80 %, à 76,95 francs suisses, s'inscrivant en tête du SMI, l'indice des valeurs vedettes de la place suisse, qui s'appréciait de 0,72 %. L'horloger Swatch Group gagnait 2,93 % dans son sillage, à 382,40 francs suisses.

Les ventes de Richemont en Europe ont bondi de 26 % à taux de changes constants, bénéficiant de l'afflux de touristes qui ont mis à profit la faiblesse de l'euro face au dollar et à d'autres devises pour venir faire leurs emplettes.

Elles ont également progressé de 48 % au Japon à la fois grâce à la demande locale et touristique, soutenue par la faiblesse du yen.

Cette croissance en Europe et au Japon a permis de compenser un fort recul en Asie-Pacifique où les ventes ont chuté de 18 %, plombées par Hong Kong, le plus gros marché d'exportations pour les horlogers suisses, ainsi qu'à Macao.

Les horlogers suisses ont vu leurs exportations vers l'ancienne colonie britannique décliner mois après mois depuis la « Révolution des parapluies » à l'automne dernier alors que les touristes chinois ont boudé l'archipel.

Malgré une solide performance dans son propre réseau de boutiques, l'environnement de marché reste « extrêmement difficile » auprès des détaillants dans la région Asie-Pacifique, a reconnu Richemont.

La Chine continentale, où les fabricants de produits de luxe ont été durement touché par les mesures de lutte contre la corruption imposées fin 2012 pour interdire les cadeaux extravagants, a toutefois enregistré une croissance à deux-chiffres dans ses propres boutiques, compensant une baisse chez les détaillants multimarques, a-t-il pointé.

Par division, le groupe, qui rivalise avec le français LVMH, a par ailleurs fait état d'une solide performance dans la joaillerie. Ses ventes ont augmenté de 6 % à taux de change constants mais de 20 % une fois converties en euro, a précisé le propriétaire des maisons Cartier et Van Cleef & Arpels.

Les montres ont accusé une baisse de 1 % à taux de changes constants, bien qu'elles aient augmenté de 10 % en euros, affectées par la faible demande dans la région Asie-Pacifique, a précisé le groupe dont le portefeuille inclut les marques IWC, Piaget et Jaeger-Lecoultre.

Le groupe suisse proposait un premier aperçu des tendances pour les cinq premier mois de son exercice décalé, sans toutefois entrer dans le détail de ses chiffres, en amont de son assemblée générale qui se tient mercredi matin à Genève. Il publiera ses résultats complets pour le semestre le 6 novembre.

Dans l'ensemble, ce point sur l'activité est « rassurant », a commenté Michael Romer, analyste chez J. Safra Sarasin, dans une note.

L'action Richemont, qui a perdu plus de 18 % depuis le début de l'année, avait trébuché en août face aux incertitudes sur la croissance chinoise et aux secousses sur les devises liées aux dévaluations du yuan imposées par la banque centrale chinoise.

« L'Europe et le Japon ont surpris positivement », a pour sa part pointé Rene Weber, analyste chez Vontobel, dans une note, soulignant toutefois que le déclin en Asie Pacifique était encore plus marqué qu'attendu.

Il a néanmoins maintenu sa recommandation à l'achat à la lumière de la forte croissance de la joaillerie, rappelant que cette division contribue à elle seule à 50 % du résultat d'exploitation.