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17 mars 2016
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Roland Beaumanoir : "On se retrouve quasiment dans l’économie de la perte"

Publié le
17 mars 2016

Il y a quelques mois, Henri-Pierre Dewulf, numéro 2 du groupe Beaumanoir, quittait l’entreprise. Un divorce, évoque Roland Beaumanoir, fondateur de celle-ci avec son épouse Jocelyne. Le chef d’entreprise confie à FashionMag ses grandes interrogations sur l’avenir du métier et sur les orientations de son groupe dans un monde qui change vite.
 

Roland Beaumanoir, Pdg du groupe Beaumanoir


FashionMag : Henri Pierre Dewulf a contribué en partenariat avec vous au fabuleux développement du groupe Beaumanoir. Pourquoi ce départ ?
 
Roland Beaumanoir : Disons que c’est un divorce comme il y en a beaucoup sur les plan privé et professionnel ! On a fait un parcours intéressant avec le groupe. Après, aujourd’hui, dans un monde qui change très vite, il faut trouver la capacité à nous renouveler. On avait tendance à répéter les recettes qui ont assuré notre forte progression depuis 15 ans. Il faut trouver d’autres pratiques.

FM : Vous recherchez, j’imagine, un nouveau directeur général ?
 
RB : De fait, il faut trouver quelqu’un qui puisse assurer le développement du groupe sur les années à venir, qui comprenne ce qui se passe aujourd’hui et qui est à même de trouver de nouvelles recettes, correspondant à ce qui se passe.
 
FM : Mais que se passe-t-il donc qui nécessite de revoir autant les stratégies ?

RB : Il ne vous aura pas échappé que le digital perturbe tout le monde aujourd’hui. Et pas seulement dans nos métiers du retail. Ce sont tous les acteurs économiques qui s’interrogent. Or, on est bombardé d’informations sur le digital. On remarque nombre d’expériences. Pourtant, on constate que peu d’entreprises du digital gagnent de l’argent, qu’elles sont souvent surévaluées. Certains acteurs de ce secteur prennent certes des parts de marché, mais multiplient leurs pertes. Tout ça avec l’assentiment de fonds qui injectent de très grosses sommes dans le digital. On se retrouve quasiment dans l’économie de la perte. Plus rien n’a de valeur. Si on regarde bien, seuls ceux qui détiennent les tuyaux gagnent de l’argent.
 
FM : Mais votre groupe a aussi investi dans le digital ?
 
RB : Bien sûr, et heureusement. On est plutôt en pointe sur ce sujet. On fait beaucoup de choses expérimentales. On ne peut y échapper de toute manière. Je suis même allé plus loin. Mon conseil d‘administration a beaucoup changé ces derniers temps. Les administrateurs précédents qui ont accompagné le groupe dans son développement avaient un profil assez classique. Je dirais comme moi ! Aujourd’hui, le conseil d’administration du groupe Beaumanoir est bien plus orienté nouvelles technologies. Encore faut-il voir comment on peut gagner de l’argent avec cela.
 
FM : Comment va le groupe au milieu de ces turbulences ?
 
RB : Le groupe continue de gagner de l’argent, mais pour moi pas assez eu égard à son volume d’affaires. Le chiffre d’affaires retail global, avec donc les franchises, se monte à environ 1,4 milliard d’euros. Avec les gains de certaines licences, Morgan par exemple ou Bréal (en Corée), nous arrivons à plus de 1,5 milliard. Mais il faut savoir que nous n’avons jamais pris de dividendes. Les gains sont tous réinvestis dans l’entreprise. Et nous, à la différence d’un groupe comme Vivarte, nous ne sommes pas plombés par un endettement financier dans la mesure où n’en n’avons pas !
 
FM : Plus précisément, en France, cela donne quoi ?
 
RB : L’activité française stagne, fort logiquement d’ailleurs, du fait de la situation économique. Nous avons fermé pas mal de petits magasins, 80 en 2015. Mais, parallèlement, le chiffre d’affaires a augmenté. C’était aussi une manière de réagir à l’augmentation des loyers dans les centres. Notamment chez Klépierre. Je peux prendre comme exemple Créteil Soleil. On nous vend, pour un coût de loyer de 1 200 euros le mètre carré, un trafic non qualifié avec des promeneurs qui n’achètent pas. De ce fait, nous allons aussi fermer 80 magasins en 2016. Il y a un chiffre intéressant concernant l’immobilier de commerce. Il y a quelques années, le loyer fixe + variable pesait 6 % du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, c’est 15 %. Si ce n’est pas une rente immobilière pour les propriétaires de centres. Parallèlement, nous développons un nouveau concept multimarques, Vib’s.
 
FM :  Vous aviez déjà des unités rassemblant généralement deux ou trois marques. Qu’est ce que Vib’s ?
 
RB : Disons que c’est un concept plus abouti de réinvention du mulimarques. On compte déjà 150 gros magasins sous cette identité. On commence à l’installer à l’international, comme récemment près de Venise. Nous avons pas mal de magasins dans les tuyaux avec ce concept. Sur Paris, en revanche, nous irons plutôt avec des magasins par enseigne comme nous le faisons pour Bonobo.
 
FM : La rumeur dit que vous avez du mal avec Morgan. Qu’en est-il exactement ?
 
RB : La situation a été difficile en 2014. Nous avons pu redresser un peu la barre sur 2015, mais sûrement pas assez. On a trop traité Morgan comme une enseigne de mass market. On essaie de se corriger. On a aussi décidé d’arrêter la City pour ne pas se disperser.
 
FM : Et la Chine dans tout ça ?
 
RB : Tout va vite en Chine. Nous y comptons aujourd’hui 1 050 magasins environ. Cette année nous fermerons environ 100 magasins, mais nous en ouvrirons d’autres. A la fin de l’année, nous devrions être à 1 000 points de vente. Dans ce pays, c’est vrai que la classe moyenne se développe. Mais le développement des enseignes va encore plus vite et l’immobilier plus vite encore. Le gouvernement chinois avait programmé 1 000 centres commerciaux par an pendant cinq ans. Ils ont ouvert, mais beaucoup sont déserts. On peut imaginer que cela va exploser un jour. Ce n’est  pas vrai qu’en Chine d’ailleurs. C’est vrai dans le monde entier.
 
FM : La Chine, c’était aussi un lieu de sourcing pour les enseignes occidentales. Est-ce toujours vrai aujourd’hui ?
 
RB : Il faut aborder un sujet très important que peu de gens analysent aujourd’hui. Les conséquences de la montée du dollar sur le coût du sourcing. Dans le groupe, cela nous coûte 30 millions d’euros sur l’année. Il faut y ajouter l’augmentation des coûts de fabrication en Chine et dans les pays émergents. Que faire ? Déjà, la Chine reste incontournable du fait d’un savoir-faire incomparable. On a longtemps vécu avec l’idée que la qualité chinoise était moindre. Mais tout dépend du cahier de charges qu’on transmet à nos fournisseurs. On va aussi, comme tout le monde car nous faisons tous la même chose sur ce sujet, au Bangladesh. « Le pays reste à très bas coûts même en triplant les salaires ». Il y a bien le Maghreb, mais les difficultés politiques avec les attentats à la clé compliquent le scénario. Enfin, il y a aussi l’Europe de l’Est. Entre la révolution du Web, le bouleversement du sourcing, le coût de l’immobilier commercial, etc., on voit bien que les choses changent vite et qu’il faut trouver des solutions adaptées.
 
FM : D’où votre recherche d’un nouveau manager ?
 
RB : En effet, il faut un chef d’orchestre qui a la capacité à appréhender l’avenir. Mais nous devons aussi faire attention. Le groupe, c’est 7 000 employés en direct et 7 000 via les affiliés. On ne peut pas piloter l’entreprise comme une start-up, quand on a 35 ans et qu’on ne risque rien puisqu’on investit l’argent des autres… 
 
FM : Vous avez 67 ans et un fils de 28 ans qui est dans l’entreprise…
 
RB : Thomas a travaillé dans le groupe en Chine, puis il a fait un an au système d’information. Depuis un an et demi, il est au sourcing et, en septembre prochain, travaillera au développement succursales et franchises. Je peux vous dire, il n’a pas la grosse tête…

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