Ronnie Fieg (Kith): "Ma garde-robe représente des cultures allant de Harlem aux Hamptons"
Peu de marques ont eu autant d’impact que Kith ces dix dernières années. La maison vient de lancer sa nouvelle collab’ Kith for Wilson à Paris. En plein tournoi de Roland-Garros (qui s'est terminé ce 11 juin, ndlr), le moment n’aurait pas pu être mieux choisi. Le fondateur de Kith, l’entrepreneur Ronnie Fieg, en a d’ailleurs profité pour inviter son entourage et les journalistes à assister à plusieurs matchs.

La présence de Kith n’est pas passée inaperçue à Paris, avec un flagship établi depuis février 2021 rue Pierre-Charron, où l’on trouve les produits de la marque, mais aussi d’autres griffes comme Adidas, Nike, New Balance et Red Wings. Plus rien à voir avec la première échoppe de Kith, à l’angle des rues Broadway et Bleecker à New York.
Et cette nouvelle collab’ fait vraiment ressortir le meilleur de Kith: la qualité, les influences street, le style new-yorkais et une certaine nonchalance. Les tarifs sont élevés, mais pas exorbitants. Les pièces sont classiques mais pas snob, performantes mais pas exagérément techniques.
Ceux d’entre nous qui ont grandi avec une raquette Wilson à la main avant même la naissance de Ronnie Fieg ne seront pas déboussolés. Y est ajouté une touche de chic new-yorkais, de panache et d’audace, sans perdre la distinction rétro qui a fait connaître le label de Chicago. Les logos associant le K et le W fonctionnent parfaitement.
FashionNetwork.com a profité de cette occasion pour poser quelques questions à Ronnie Fieg dans un club de tennis sur le toit d’un bâtiment avec vue sur la tour Eiffel, excusez du peu.
FashionNetwork.com: Qu’est-ce qui vous a amené à Paris?
Ronnie Fieg: Tous les deux ans, nous créons une collection avec Wilson au moment où le tennis est à son apogée et où tout le monde en parle. Cette fois, nous avons eu envie de réaliser ce projet à Paris, où nous avons une belle boutique et une belle communauté, dont des passionnés de tennis.
FNW: En termes de style et de technique, que voulez-vous apporter au tennis?
RF: Sur mon marché, il y a un vide à combler dans le lifestyle d’un joueur de tennis. Beaucoup de gens que je connais jouent au tennis, mais n’ont pas forcément un pont entre leur style de vie et la façon dont ils s’habillent en dehors des courts. Quand ils jouent au tennis, ils ont un style complètement différent de celui de leur vie de tous les jours. Nous avons imaginé une collection qui allie ces deux aspects: le court et les performances sportives, d'un côté, et le quotidien et l’art de vivre, de l'autre.

FNW: Les matières (viscose et cupro) ne sont pas courantes…
RF: Au fil du temps, les tissus deviennent de plus en plus techniques et pointus. Le nombre de tests réalisés est impressionnant. Toutes les matières sont hautement performantes. Comme ce modèle en pointelle, une maille ajourée qui ne laisse pas apparaître la peau même si elle est très respirante. J’adore porter cette matière pour jouer depuis que je l’ai essayée. Wilson produit aussi les meilleurs équipements du monde: je voulais que notre raquette s’inspire de leur raquette des années 1970, avec la couleur bois associée au blanc.
FNW: Vous avez grandi dans le Queens, à proximité de Forest Hills, la capitale du tennis aux États-Unis. Vous avez beaucoup joué au tennis, n’est-ce pas?
RF: Pas autant que j’aurais aimé. Dans le Queens, j’étais à Jamaica, où il n’y a pas tant de courts de tennis que ça. Je jouais plutôt au basketball quand j’étais jeune.
FNW: Comment définiriez-vous l’ADN de Kith?
RF: C’est une question très difficile. C’est une marque associée à un certain art de vivre, les clients sont attirés par le style new-yorkais de nos produits. New York est une ville unique, à la croisée de toutes les cultures. Kith lui ressemble en ce sens, et puise dans une large palette de styles différents. Ma garde-robe représente des cultures allant de Harlem aux Hamptons en passant par tous les autres quartiers.
FNW: L’offre de marques de votre boutique parisienne est remarquable. Comment repérez-vous les griffes qui correspondent à Kith?
RF: Je me base vraiment sur les marques que j’aime. C’est une sélection pour des gens qui me ressemblent, qui sont cultivés et au fait des tendances et comprennent la notion de qualité.
FNW: Est-ce que Kith est une icône du streetwear?
RF: Les gens essaient tout le temps de nous ranger dans des cases. Mais notre dernière collection a été shootée avec Adrian Brody. Ça n’a rien à voir avec le streetwear. Le streetwear est graphique et imprimable. Mais cette collection est très élégante, et ses matières sont très chères: du lin, du cupro et de la soie.
FNW: Combien pèse Kith?
RF: Je ne suis pas certain de vouloir donner des détails. Mais nous avons seize boutiques, dont trois corners: un chez Bergdorf Goodman, un chez Hirshleifers et un chez Selfridges. Nous avons un partenaire à Tokyo, mais c’est notre boutique. Nous ne faisons pas de vente en gros et ne passons pas par des marketplaces. Nous avons commencé comme distributeur multimarque de chaussures. Mais au bout d’un an, notre communauté nous a demandé de créer notre marque. Notre première boutique était celle de Broadway et Bleecker. Aujourd’hui, nous en avons une autre à proximité, sur Lafayette Street.
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