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5 janv. 2023
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Roseanna: l'offre de reprise d'un trio d'investisseurs choisie face à Sézane

Publié le
5 janv. 2023

En redressement judiciaire depuis novembre 2022, la marque parisienne de mode féminine était en quête d'un repreneur. Deux dossiers étaient au coude à coude et, le 30 décembre dernier, le tribunal de commerce de Paris s'est prononcé en faveur d'une offre émise par un trio d'investisseurs composé de Christel Dagher Hayeck, Jacques-Edouard Sabatier et Edgard Bonte. Ce dernier a été président de Kiabi de 2010 à 2018 puis d'Auchan Retail jusqu'en 2021, il est membre de la famille Mulliez et par ailleurs le cousin par alliance de la fondatrice de Roseanna, Anne-Fleur Broudehoux.


Collection automne-hiver 2022/23 - Roseanna


"C'est un nouveau départ pour Roseanna, qui s'opère dans la continuité et sur des bases saines et solides. Ma position en tant que directrice créative et présidente de la marque est renforcée. La structure reste indépendante, j’ai également la chance d’être associée au capital de la nouvelle entité Rosa sas", expose Anne-Fleur Broudehoux à FashionNetwork.com.

Face au projet de reprise formulé par Sézane, l'offre retenue par le tribunal concerne la reprise de 22 salariés, du siège, des stocks, ainsi que d'une boutique en propre rue Froissart à Paris (sur les quatre unités qu'opérait la marque) et de trois corners dans les grands magasins de la capitale, pour un prix global de 325.000 euros (hors marchandises).

Au côté d'Edgard Bonte, actuellement directeur général d'ELO (holding de la famille Mulliez regroupant les entreprises Auchan Retail, Nhood et Oney), Christel Dagher Hayeck est investisseuse et directrice générale déléguée de la société d'import-export Soeximex, tandis que Jacques-Edouard Sabatier a créé la start-up Jow et dirige la société d'investissement Bold. D'autre part, Barbara Quaranta, qui était la directrice générale de Roseanna depuis 2018, quitte la société afin de poursuivre des projets personnels. Ce poste sera pourvu dans les prochains mois.

"Notre trio s'est fédéré autour d'Anne-Fleur: nous avons été séduits par la qualité de l'entreprise (ses ventes sont en croissance continuelle), par une offre qui a du sens et a rencontré son public. Elle cultive une mode singulière et une démarche responsable. Nous allons capitaliser sur tout ce qui a déjà été créé, affirme Christel Dagher Hayeck. Les difficultés rencontrées par l'entreprise s'apparentent à une crise de croissance, car elle reste sur une belle trajectoire."


Anne-Fleur Broudehoux - DR


Sézane était sur les rangs pour relancer la marque sur le web



Selon nos informations, face à l'offre conjointe des trois entrepreneurs se trouvait celle de la marque féminine Sézane, en pleine expansion et positionnée comme Roseanna sur un créneau premium, avec un style 'contemporain chic'. La griffe de Morgane Sézalory, qui a vu entrer à son capital en septembre 2022 le fonds de la famille Bettencourt, Téthys Invest, projetait de faire perdurer la marque Roseanna sur le web -laissant de côté ses boutiques- en reprenant 17 de ses 27 salariés. Elle comptait pour cela débourser 300.000 euros, sans acquérir ses stocks.

Pour Anne-Fleur Broudehoux, il a été "très agréable de sentir l'intérêt de nombreux investisseurs, et de bénéficier de deux offres solides. Le projet Sézane était passionnant, le business model s’inscrivait davantage sur le canal digital". Mais il impliquait une discontinuité, et l'arrêt du wholesale. 

Un chiffre d'affaires annuel de 5,7 millions d'euros



Fondée en 2007, Roseanna -qui produit la très grande majorité de ses vêtements en Europe- avait ouvert plusieurs boutiques à Paris juste avant la pandémie, fin 2019, ce qui a pesé sur ses comptes. La marque était aussi en délicatesse pour rembourser son prêt garanti par l'État (PGE) et l'année 2022 n'a pas été celle du rebond espéré (Omicron et la guerre en Ukraine ayant freiné l'activité). Le capital de la marque était auparavant réparti entre plusieurs actionnaires, dont une structure familiale et des investisseurs incluant Bpifrance mais aussi Dan Arrouas (Groupe Vog).

Selon l'appel d'offres publié dans le cadre de la procédure, l'entreprise a généré un chiffre d'affaires annuel de 5,7 millions d'euros (exercice clos en mars 2022), assorti d'une perte nette de 973.000 euros. Par ailleurs, près de 150 revendeurs multimarques distribuent aussi ses produits. Le canal wholesale représente 50% de l'activité de la marque, contre 25% pour le retail et autant pour le web.

En 2023, les nouveaux propriétaires de Roseanna entendent "consolider ses fondamentaux", l'omnicanalité étant au coeur du projet. La marque nourrit des objectifs de croissance sur le digital, en wholesale et en point de vente à l'enseigne. "L'ambition retail reste intacte", affirme Christel Dagher Hayeck, qui projette des ouvertures pour 2024, notamment à l'international.

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