Matthieu Guinebault
25 mars 2014
Russie: quels risques commerciaux face aux tensions politiques ?
Matthieu Guinebault
25 mars 2014
Les exportations européennes d’habillement vers la Russie ont chuté de 18 % en janvier, avec 12,5 millions de marchandises. Une inflexion de taille pour les professionnels du Vieux Continent, la Russie étant l’un des leurs principaux clients : la Russie était en 2013 le deuxième client du Vieux Continent, devant la Suisse et loin devant les Etats-Unis, avec 3,1 milliards d’euros de biens (+5 %).
La tension politique grandissante entre la Russie et les pays occidentaux soulève de manière croissante la question des impacts commerciaux à attendre dans les prochains mois.
Sur le marché de la mode, mais également des parfums et cosmétiques, la France a, elle seule, expédié 71 millions de produits vers la Russie l’an passé. A cela s’ajoute l’impact de la clientèle touristique, les visiteurs russes représentant de 5 à 7 % des dépenses sur le marché des dépenses touristiques de luxe.
Grande destination européenne du shopping, la ville de Londres annonce d’ores et déjà une chute de 17 % des ventes effectuées aux clients russes en janvier, par rapport à janvier 2013. Un manque à gagner d’autant plus dommageable que les touristes russes ont un panier moyen supérieur à la moyenne, avec en moyenne 800 euros, selon le spécialiste de la détaxe Global Blue.
Reste à définir l’impact direct des tensions politiques, un ralentissement de la hausse des dépenses s’étant déjà fait sentir l’an passé, passé de +30 % à +13 % sur l’année.
De leur côté, les ventes des marques européennes de luxe en Russie devraient se trouver protégées du fait que les Russes préfèrent consommer le luxe à l’étranger. Ce qui se traduit notamment par la présence d’un nombre très mesuré de boutiques de luxe en nom propre dans les villes russes. La maison Vuitton ne compterait ainsi que quatre monomarques dans le pays, tandis qu’Hermès n’en posséderait qu’une paire.
Au final, le seul grand gagnant de ces tensions pourrait être, sur le plan commercial, l’Ukraine. Le marché pourrait en effet profiter de la détaxe de ses exportations aux portes de l’Europe, alors qu’ils paient pour l’heure 12 % sur les produits d’habillement. Bruxelles souhaite en effet assister le pays dans sa transition démocratique.
De son côté, Moscou commence à s’inquiéter de la fuite des capitaux occidentaux actuellement constatée. Pas moins de 25,3 milliards d’euros ont quitté le pays en janvier et février, selon la principale banque de Russie, Sberbank. Quelque 65 milliards pourraient prendre le même chemin en mars, selon le gouvernement local.
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