Saint Laurent/Bergé : une collection exceptionnelle vendue aux enchères

PARIS, 18 fév 2009 (AFP) - L'une des plus grandes collections privées actuelle, la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé est vendue la semaine prochaine à Paris, à l'occasion d'enchères attendues par les collectionneurs du monde entier attirés par la réunion en 50 ans d'œuvres majeures.

François De Ricqles avec une sculpture d'Alexander Calder qui appartenait à Yves Saint-Laurent le 28 janvier 2009 - Photo : Bertrand Guay/AFP

Le produit de la "vente du siècle", selon la formule répandue dans la presse, est estimé entre 200 et 300 millions d'euros. Parmi les œuvres : Picasso, Brancusi, Matisse, Mondrian mais aussi des meubles Art Déco, des bronzes, des tapisseries...

Les enchères par Christie's, en partenariat avec Pierre Bergé et Associés, a lieu les 23, 24 et 25 février.

L'homme d'affaires Pierre Bergé, compagnon du couturier décédé le 1er juin, dit dans un préambule au catalogue se séparer "sans regret et sans nostalgie" des 733 œuvres d'art qui seront dispersées.

L'argent récolté ira à la Fondation Bergé-Saint Laurent, où est rassemblée l'œuvre du couturier, et à la recherche médicale, notamment sur le sida.

La collection, abritée dans les diverses demeures des deux hommes, a été assemblée par "coups de foudre" communs, dit M. Bergé. Après la mort du couturier, elle avait "perdu une grande partie de sa signification", ajoute l'homme d'affaires qui "souhaite que tout ce que nous avons aimé avec tant de passion trouve place chez d'autres collectionneurs".

Pour François de Ricqlès, vice-président de Christie's France, la collection est "extraordinaire à tous les points de vue", par la personnalité de ceux qui l'ont réunie, véritables "princes de la Renaissance", ou la rareté de nombreuses pièces, conjuguée à leur état impeccable de conservation.

A leur provenance s'ajoutent la "provenance de la provenance" - les œuvres sont passées par les mains de Jacques Doucet, Hubert de Givenchy ou Fernand Léger - et la "transversalité" d'une collection qui réunit tableaux modernes, mobilier Art Déco, bronzes baroques, argenterie ancienne, statues antiques, émaux, camées, minéraux, etc.

Marchands comme experts remarquent la sculpture Madame L.R de Brancusi (estimée 15-20 millions d'euros), jamais apparue sur le marché, les deux banquettes signées Miklos (2-3 millions d'euros), le "fauteuil aux dragons" (2-3 millions) d'Eileen Gray, unique comme "La belle haleine, Eau de voilette" de Marcel Duchamp (1-1,5).

Sans compter le clou de la vente, un Picasso cubiste estimé 25-30 millions d'euros, mais aussi des Matisse, Chirico, Vuillard, Degas ou Ensor.

La première vacation du lundi soir, dédiée aux tableaux modernes, pèse à elle seule pour plus de la moitié du chiffre global d'estimation.

Ce dernier chiffre est resté "grosso modo le même qu'avant la crise. Il était déjà raisonnable", dit M. de Ricqlès, qui concède que quelques prix ont été baissés, comme celui du Picasso (de 5 à 10 millions d'euros).

A l'annonce de la vente, des spécialistes avaient évoqué un chiffre pouvant atteindre les 500 millions.

Pour réaliser la dispersion, il faudra le vaste espace de la nef du Grand Palais, un catalogue en cinq volumes - 1.800 pages, 10 kg, 200 euros - la présence tournante de huit commissaires-priseurs - six Christie's, deux Bergé - 100 lignes de téléphone et 1 200 chaises pour les collectionneurs présents. Pour la prestigieuse première vente de lundi soir, elles sont toutes déjà réservées.

"Tous les collectionneurs et les marchands du monde sont à l'affût", résume un habitué du marché de l'art.

Seul accroc pour l'instant, un contentieux pour le moment évoqué par la seule presse chinoise autour de deux pièces antiques chinoises, estimées chacune 10 millions d'euros.

Les amateurs pourront voir les oeuvres samedi et dimanche (09h00-minuit) et lundi de 09h00 à 13h00.

Par Fabienne FAUR