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5 mars 2013
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Saint Laurent: l'irrévérence ambigüe d'Hedi Slimane

Publié le
5 mars 2013

La collection Saint Laurent par Hedi Slimane pour l’hiver prochain emprunte à la culture grunge des années 1990 et se galvanise de contrastes chic/trash et masculin/féminin sans jouer d’effets de manche. Une direction empruntée par un grand nombre de créateurs ces derniers temps avec différents degrés de lecture sans jamais que cela ne fasse débat. Mais lundi soir chez Saint Laurent, il y eut débat.

Le final Saint Laurent automne-hiver 2013/2014 (PixelFormula)


Au jeu du masculin-féminin, Hedi Slimane sort gagnant et signe quelques-uns de ses looks femme les plus séduisants. Les manteaux, les vestes et les chemises vont chercher leurs volumes, matières et imprimés chez l’homme, comme il sera approprié de les porter cet hiver.

Beaucoup de robes babydolls d’inspiration vintage sont chaussées de bottines plates à boucles ou cloutées flanquées de chemises à carreaux XXL ou de mailles singeant les gilets boyfriend, proposés déjà détendus. L’allure évoque le look de Courtney Love à ses débuts ou celui des jeunes stars de l’entertainment américain photographiées "à la ville" comme Kirsten Dunst (Virgin Suicides), présente au premier rang. Quand elle n’est pas juvénile, la féminité se fait plus trash que romantique, comme sur un pantalon et une jupe de cuir criblés de zips latéraux fermés et ouverts. Le final, tout en robes sexy en cuir noir de rockeuses 90’s, a fini d’installer l’humeur d’une collection qui ne s'excuse pas d'être jeune, quitte à se poser à contre-courant des exigences du tapis rouge et d'une partie du public.

Si bien qu’à la sortie du défilé, difficile de recueillir les impressions des professionnels retranchés dans un mutisme quasi-collectif. Une grande figure du retail de luxe quitte discrètement les lieux quand la rejoint une pointure de la presse financière. Les deux quadra fashionistas perchées sur stilettos se prennent dans les bras comme pour se consoler d'un défilé exclusivement chaussé de boots plates. De leurs murmures s’échappent les mots disrespect, blasphemous et le plus fort d’entre eux: Topshop. Car en bon créatif moderne, Hedi Slimane semble user des pratiques des marques du segment contemporain, en traduisant une "créativité portable" pour une clientèle luxe. Ainsi, un duffle-coat de l’hiver prochain chez Saint Laurent homme est réapparu avec succès sur Cara Delevingne. De même qu’on retrouvait lundi soir des citations aux années 1970 et les chemises à carreaux croisées en janvier sur le même podium au Grand Palais.

Qu’il résulte d’une inspiration quelque peu "premier degré" ou d’un pragmatisme stratégique, le risque de déplaire aux fans de la vénérable maison parisienne semble parfaitement assumé par Hedi Slimane, malgré un très furtif salut à la fin du show. Une mode réaliste pour habiller une nouvelle génération de gens dans la rue: n’était-ce pas l’ambition annoncée de son repositionnement ? Qu’on lui pardonne ou non, cette franche rupture n’empêchera pas les nouveaux aspirants au nouveau Saint Laurent de vouloir découvrir la collection dans sa totalité, enveloppée dans le nouveau concept de boutique en cours de duplication partout dans le monde. C’est là que Saint Laurent et Hedi Slimane dévoileront toutes leurs cartes, comme les accessoires encore très peu visibles sur le podium cette saison.

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