Saint Laurent, quand Catwoman rencontre Paloma Picasso…

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
28 sept. 2021

Après avoir déserté la Semaine de la mode en pleine pandémie, en avril 2020, Saint Laurent a fait son grand come-back, mardi soir, dans le calendrier parisien. La maison de Kering n’a pas lésiné sur les moyens renouant avec les fastes du pré-covid dans un show d’un grand impact, revenant là exactement où elle nous avait quittés il y a près de deux ans, sur le parvis du Trocadéro, face à une tour Eiffel scintillante.

Une énorme structure métallique hérissée de spots se dresse au centre du podium, autour duquel défilent les mannequins. La première silhouette apparaît, habillée d'une sinueuse et longue robe blanche fendue derrière, sont reflet vibrant sur le sol mouillé. Juchée sur des sandales hautes à plateforme, les lèvres rouge vif, elle est parée de grosses lunettes noires et d’importants bijoux dorés. Le ton est donné. Grande classe, grande liberté. Le tout avec une certaine théâtralité.

La femme Saint Laurent a le don de se mettre en scène avec une élégance naturelle sans se soucier des convenances. La veste de son élégant costume, noire, affiche trois gros boutons dorés, tandis qu'une longue robe rouge au décolleté plongeant se fend sur le devant. Elle n’hésite pas non plus à coincer sa pochette en satin chic dans son jean, qu’elle endosse torse nu juste avec une veste d'homme. Surtout, elle manie l’art des accessoires et des couleurs avec un goût inné, rehaussant une tenue d’un détail, peaufinant son attitude de femme fatale fougueuse, toujours en équilibre entre retenue et extravagance.

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Ici, une grande fleur rouge vient s’appliquer sur les bretelles d’une combinaison moulante, au centre de la poitrine. Là, c’est un foulard jaune à pois noirs, qui virevolte à son cou sur le col d’un précieux manteau noir. Ailleurs, c’est un turban bleu électrique, qui enserre les cheveux ou une paire de gants en cuir dans la même teinte, qui apportent une lueur flashy à un ensemble sombre.

Pour le printemps-été 2022, Anthony Vaccarello s’est inspiré de Paloma Picasso, liée par une grande amitié à Yves Saint Laurent, pour qui elle créa les accessoires de ses collections dans les années 1970.

"Depuis longtemps, je voulais transposer cette rencontre entre Paloma Picasso et Yves Saint Laurent, dont peu mesurent l’importance dans le cheminement créatif du couturier. Moment auquel je suis sensible en tant que créateur, car pour moi c’est le moment déterminant où Saint Laurent ne fait plus de la mode mais crée un style", explique le styliste dans une note d’intention.

Anthony Vaccarello travaille ainsi sur l’attitude, ce goût pour une excentricité et une originalité assumées, tout en explorant de nouvelles pistes pour concocter un vestiaire contemporain, adapté à la femme d’aujourd’hui. Après Prada, qui a remis au goût du jour, le caleçon-combinaison en maille de grand-père en janvier dernier, le directeur artistique de Saint Laurent propose la combinaison en lycra comme pièce phare de la garde-robe de l’été prochain.

Elle se décline dans tous les tons (coloris monochromes intenses ou imprimés à grosses fleurs) et dans toutes les formes. Cette combinaison Catwoman est proposée, en effet, dans toutes sortes de variations avec le haut, tour à tour drapé, fendu, échancré, pincé ou dénudant les épaules sous forme de bustier.

Anthony Vaccarello a aussi la bonne idée de l’associer à des maxi vestes masculines pour revisiter le costume. Une classique veste Prince de Galles est ainsi associée à un legging moulant dans le même motif. Ailleurs, le costume-legging est proposé en gris, ton sur ton. Quelques modèles de combinaison-pantalons plus traditionnels, en toile et coton, complètent le vestiaire.