Salon du Meuble: Bottega Veneta s’allie à la star Gaetano Pesce, Dolce & Gabbana mise sur les jeunes

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
17 avr. 2023

La Milano Design Week a débuté en force, lundi, avec rues bondées, artères bloquées par un trafic incandescent, et de longues queues à l’entrée des innombrables événements disséminés dans toutes la ville. Les maisons de luxe se sont notamment affichées en cette première journée avec quelques-uns des projets les plus intéressants, telle la boutique de Bottega Veneta transformée en grotte fœtale par la star du design Gaetano Pesce ou les créations innovantes de dix talents émergents choisis par Dolce & Gabbana.

Le projet le plus fou porte la signature de Gaetano Pesce pour Bottega Veneta. Au travers de son installation intitulé "Vieni a vedere" (viens voir), le sculpteur architecte et star du design a métamorphosé le magasin étendard de la marque de luxe de Kering à Milan, dans la prestigieuse Via Monte Napoleone, en une sorte d’antre préhistorique sous la forme d’une toile froissée blanche à l’aspect barbouillé, dont les drapés s’enchevêtrent tout au long d’un parcours qui se resserre et ne semble jamais finir, comme dans un labyrinthe.

L’espace original de la boutique se retrouve réduit à ce long tunnel tortueux, qui change totalement la perception des lieux. Au sol, des traînées de peintures, comme des coulées, montrent le chemin à suivre, tandis que les parois sont par moment badigeonnées de coups de peintures colorées ou marquées à d’autres moments par des traces presque invisibles comme des ombres à l'allure de dessins rupestres. Presque cachées, des figures d’animaux en bois couvert de résine blanche pointent le nez ici ou là.

Publicités

Au centre et au fond de l’espace, sont exposés deux sacs imaginés par l’artiste italien et réalisés en cuir par les équipes de Bottega Veneta, s’inspirant des paysages où il a grandi en Vénétie, en particulier les monts Euganéens, et aux montagnes du Colorado, autre région chère au designer, d’où l’on voit un soleil rouge émerger. Le premier modèle "My dear mountains", en cuir vert tressé, a été produit à 15 exemplaires vendus chacun au prix de 15.000 euros. Le deuxième "My dear prairies" couverts de lanières vertes tel un tapis d’herbe a été réalisé en trois exemplaires et coûte 30.000 euros.

"C’est un souvenir de jeunesse. En même temps, le design doit raconter une histoire, communiquer un futur fait d’optimisme et non le monde terrible que l’on nous annonce", nous explique le designer âgé de 83 ans, connu pour son style joyeux, coloré et tactile, qui accueille les visiteurs en cette journée d’inauguration avec une incroyable verve. Ce n’est pas la première fois qu’il collabore avec Bottega Veneta, puisqu’il a réalisé le décor du défilé de la collection printemps-hiver 2023 en septembre dernier.

Pour cette édition 2023 de la Design Week, Dolce & Gabbana a lancé un projet généreux mettant en avant la jeune créativité. Il s’appelle "GenD", comme génération design, et vise à soutenir les jeunes talents créatifs dans le domaine du design et de l'ameublement. Sous l’égide de la curatrice Federica Sala, la griffe a sélectionné dix designers issus du monde entier et leur a donné carte blanche pour créer des objets de design mettant en avant les savoir-faire de ses artisans.

Résultat: neuf créations originales offrant pourtant une cohérence entre elles, le projet étant parcouru par un même esprit méditerranéen coloré et joyeux et une très haute qualité de réalisation. Des céramiques aux couleurs vives et aux formes exubérantes de la sud-coréenne établie en Allemagne Ahryun Lee, à la serre pour orangerie avec ses pots baroques en terre cuite du Calabrais Antonio Aricò, en passant par le vase-lampe de Bradley Bowers, originaire de la Nouvelle-Orléans natale ou par l’immense lustre coloré de l’Américain Chris Wolston, qui vit et travaille à Medellin en Colombie.

À ces objets s’ajoutent les vases animaliers réalisés en verre de Murano par la Vénitienne Lucia Massari installée à Londres, le meuble du Japonais Rio Kobayashi ayant passé une partie de son enfance en Autriche, le rideau de perles en bois de la Sicilienne Sara Ricciardi, la sculpture du duo libanais Sayar & Garibeh et, enfin, le tapis et mobilier du français Malacou Lefebvre.

Originaire de Lyon, le trentenaire a abandonné sa carrière dans la finance il y a quatre ans pour se lancer dans la création manuelle. Il a ouvert son "Atelier Malak" à Vaulx-en-Velin dans l’ancienne usine désaffectée de Rhône-Poulenc. "Je suis totalement autodidacte. J’ai commencé par faire du mobilier en acier. Je travaille en direct avec la matière, à la main. Pour ce projet, je suis parti de l’idée de l’arbre à palabres avec un arbre pyramide, où déposer des objets de dévotion, un tabouret et une table ainsi qu’un tapis en cuir recréant l’idée de mousse dans laquelle on s’enfonce", nous raconte-t-il avec enthousiasme.

Pour réaliser ses meubles en mousse brûlée au chalumeau avec des projection de zinc en fusion, il a travaillé avec un menuisier de Venise, fournisseur de Dolce & Gabbana. Aux autres étages, la griffe a dévoilé les nouvelles collections de ses lignes d'accessoires et d'ameublement lancées l'an dernier, dont une impressionnantes série de vaisselle, objets et meubles totalement en or.