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23 oct. 2013
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Savoir-faire: bientôt une cartographie des filières françaises

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23 oct. 2013

Mandaté par le ministère du Redressement productif, le cabinet Mazars recense et cartographie depuis près de six mois les savoir-faire dans les industries françaises de la mode et du luxe. Un document qui sera publié au plus tard début 2014, et dont les premiers résultats ont fait l’objet d’une avant-première à la Maison du Savoir-faire et de la Création.

Une usine Degré 7 au Creusot - Photo AFP


Un travail d’inventaire qui vise à construire la première ligne de défense des savoir-faire existant encore dans le pays, pour Bruno Geeraert, chef du bureau mode, textile et luxe à la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services. "Pour défendre les savoir-faire, il est apparu qu'il fallait commencer par faire le point sur les maillons des différentes filières", explique-t-il. "On sait que certains maillons ont parfois totalement disparu, et que d'autres sont fragilisés et pourraient disparaître à leur tour. Ce qui amènerait les donneurs d'ordre à aller se fournir à l'étranger, et c'est alors l'ensemble des maillons, un à un, qui risquerait de disparaître".

Amenée à être rendue publique, cette cartographie répondra aux interrogations des professionnels via une centaine de pages riches en graphiques denses, tentant de dresser le portrait des différentes filières. Qu’il s’agisse du luxe, qui emploie entre 100 000 et 200 000 personnes, et dans lequel la France a un rôle clef: sur les 25 principales marques mondiales, 18 sont européennes, et 35 % du chiffre d’affaires mondial est réalisé par des sociétés françaises (contre 23 % pour les Etats-Unis et 13 % pour l’Italie). PPR et LVMH concentrent à eux seuls 20 % du total. L’habillement est également passé au microscope, avec ses 3 000 entreprises françaises, dont 200 PME de moins d’un millier d’employés. Une force de production réalisant 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 50 % à l’export.

Outre les recommandations à venir pour assurer l’avenir des différentes filières tricolores, le portrait dressé intègre une segmentation des productions par positionnement. Sont ainsi qualifiées de "souveraines" certaines productions de mode et de luxe trouvant l’équilibre en la mise en avant d’une marque réputée et un savoir-faire reconnu. La maroquinerie, l’habillement et la lunetterie dominent en ce domaine.

Existent en parallèle des marques "matures" dont le positionnement mode repose davantage sur la renommée de leur nom, comme c’est le cas dans la chaussure féminine, la tannerie, la fourrure, les bijoux et la joaillerie. A l’opposé, des entreprises fonctionnent sur un mode "territoire et compétition" où le savoir-faire constitue le principal argument de vente, ce qui s’observe dans la chaussure homme, chez certains maroquiniers, et dans l’horlogerie.

Dans le document à paraître seront également développés nombre de recommandations et objectifs. L’un d’eux sera de définir la taille critique nécessaire à une entreprise pour maintenir ses différents savoir-faire, et à développer ses capacités de production. "Il ressort par exemple la nécessité de mettre en place une polyvalence des artisans dans les ateliers pour gagner en réactivité, en parallèle de la mise en place de nouveaux apprentissages" pour Fabien Seraidarian, senior manager consulting de Mazars. "Il y a une coopération à mettre en place maillon par maillon, mais également entre les maillons, et à l’échelle de toute la chaîne de production".

La cartographie devra à terme permettre la création d’outils de financement spécifiquement dédiés aux industries de la mode et du luxe, où les fonds propres sont très rarement suffisants pour se développer. L’élaboration de structures d’incubation et des rapprochements entre les organisations professionnelles seront également prônés.

Une réflexion sur la représentation et la représentativité de la filière qui devrait aboutir à une meilleure intégration des ressources limitées du territoire français, et à lutter contre l’insuffisante valorisation des métiers de la main dans l’Hexagone.

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