Baisse mondiale du pouvoir d’achat ou pas, le shopping détaxé en France n’a pas encore vécu ses heures noires. Mieux, il aurait progressé de 4,2 % entre 2007 et 2008, générant 2 milliards d’euros de recettes nationales, d’après l’étude réalisée par Global Refund sur le comportement d’achat des touristes étrangers sur l’Hexagone.

Un secteur dynamique donc, notamment au moment où les Français revoient à la baisse leur portefeuille de dépenses, et surtout qui offre encore de belles perspectives d’après l’analyse. Pour Jean-Marc Leroy, « la détaxe devient un véritable levier du tourisme en France : elle contribue au développement du commerce dans notre pays et représente un réel atout pour les touristes étrangers ». Global Refund estime entre 3 et 4 millions le nombre de transactions qui échappent au commerce français et qui pourraient être réalisées sur le territoire par an à moyen terme.

Quoi qu’il en soit, la France reste une destination privilégiée pour les "shopping addicted" de produits détaxés. D’une année sur l’autre, le panel de nationalités a un peu évolué. Les Russes restent certes les plus gros consommateurs de produits détaxés avec 144 millions d’euros, soit 14,6 % du chiffre d’affaires national de détaxe, mais les Chinois ont détrôné les Japonais, devenant même les premiers détaxeurs à Paris (+ 13,8 %).

L’ampleur de la crise outre-Atlantique s’est également répercutée sur le nombre de transactions effectuées ici : - 30,5 % en 2008 ; les touristes américains mettant l’accent sur la culture, l’hôtellerie et la restauration plutôt que sur le shopping. Le chiffre d’affaires s’est tout de même élevé à 63,8 millions d’euros sur l’année. Quant à la clientèle de l’Archipel, la baisse du chiffre d’affaires (- 10,8 %) a été minimisée sur l’année par une forte hausse des dépenses au cours du dernier trimestre 2008.

La surprise est venue du Brésil, avec une progression de 70 % du nombre de transactions en deux ans et un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros. A la différence des autres pays, dont l'Arabie Saoudite, qui concentrent leurs achats sur la bagagerie et la joaillerie, le Brésil mise sur la lunetterie et les articles de sport.

Quant au panier moyen – le montant moyen dépensé dans un même magasin le même jour –, il s’est élevé à 869 euros, soit + 4,2 % par rapport à 2007. Une hausse largement soutenue par la clientèle provenant du Moyen-Orient, Emirats Arabes Unis en tête (+ 32 %) suivis de l’Arabie Saoudite (+ 9 %) et de l’Ukraine (+ 5,7 %).

Bien que la Russie arrive en quatrième position, en baisse de 6 %, le panier moyen « mode » tourne autour de 971 euros, alors que celui des montres et de la joaillerie s’envole à 5 593 euros. Un écart expliqué notamment par la concurrence venue d’Italie. En effet, si les Russes sont de grands gourmands de produits de luxe, croquant allègrement les joyaux de la place Vendôme, ils préfèrent la mode "Made in Italy".

Sans véritable surprise, la capitale concentre plus de deux-tiers des dépenses, comptabilisant 80,6 % du chiffre d’affaires national (+ 6,7 % par rapport à 2007) et 76 % des transactions, d'ailleurs réalisées pour essentiel dans les VIIIe et IXe arrondissements de Paris.

Deux autres zones se dégagent aussi de l’étude : d'une part la région PACA, les Alpes-Maritimes en tête (6 % du chiffre d’affaires national) et Monte-Carlo qui enregistre à elle seule 1 % des transactions, et d'autre part la Seine-et-Marne (4 %).

Attendue encore, la place de Paris parmi les capitales d’Europe. « Avec un chiffre d’affaires en hausse de 6,6 % par rapport à 2007, Paris n’a été que légèrement affectée par la crise et reste la capitale du shopping avec presque 800 millions d’euros de chiffre d’affaires », explique Jean-Marc Leroy. Mais elle n’est pas la seule. Londres se place dans le peloton de tête d’Europe avec une hausse de 17 % des dépenses par rapport à 2007, alors que Paris enregistre + 6,6 %. Munich a créé la surprise avec une augmentation de 12,5 % de son chiffre d’affaires de produits détaxés, tandis que Madrid a stagné entre 2007 et 2008.

Autrement dit, les grandes villes n’ont pas connu la même évolution et la nouvelle donne économique pourrait bien accentuer l’évolution du paysage. Mais la France conserve un fort capital d’attraction auprès des étrangers, notamment les Chinois, les Brésiliens, les Sud-Coréens et les Indiens.