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2 avr. 2012
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Sophie Morin (Jours après Lunes): "Je ne pensais pas que ces photos étaient dérangeantes"

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2 avr. 2012

Il y a quelques semaines, un rapport sur l’hypersexualisation des enfants était remis par Chantal Jouanneau à Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. En fait, la demande d’un tel rapport en novembre dernier suivait la publication dans la version française du magazine Vogue des photos de petites filles dans des tenues sexy et lascives. Au coeur de la polémique, les photos de la marque Jours après Lunes. Sa fondatrice et styliste, Sophie Morin, se dit dépassée par la polémique et a choisi FashionMag.com pour réagir…


Une des photos incriminées

FashionMag.com: Vous ne pensiez pas, quand vous avez publié ces photos, qu’elles seraient mal interprétées ?
Sophie Morin: Franchement je n’avais pas du tout imaginé que ces photos pouvaient être dérangeantes. En fait, la polémique a commencé dans la deuxième quinzaine d'août dernier aux Etats-Unis suite à un article sur les fashionistas dans le New York Daily news. Puis Fox News s’en est emparé. L’information a été reprise par les blogs et puis plus rien ne s’est passé. J’ai fait le salon de la lingerie en janvier, et Playtime. J’ai eu un très bon accueil. Puis le rapport a été publié. France Inter, France 5 ont souhaité que je réagisse.

FM: Vous pensiez à quoi durant ces moments ?
SM: Franchement, je représente une petite marque de créateurs. Je ne m’étais pas rendu compte que ces photos étaient dérangeantes. Comme styliste, je ne les trouve d’ailleurs pas dérangeantes. Je ne l’aurais pas fait pour des Abribus. C’était seulement pour un catalogue. Je ne souhaitais pas choquer, en faire un buzz. J’ai eu très peur au contraire d’être la victime de tout cela. J’avais l’impression, disons, qu’on entrait dans ma sphère privée en commentant ces photos, en y voyant des choses que je n’y avais pas mises. Je peux le dire, je me suis un moment sentie insultée.

FM: Comment expliquez-vous une telle réaction?
SM: Il y a manifestement un retour à la pudeur, aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en France. Sur l’enfant, la position est encore plus exacerbée. Parallèlement, on constate que les pré-adolescentes sont de plus en plus précoces, intellectuellement et physiquement. Sans doute cela fait peur quelque part. Et puis le phénomène internet amplifie fortement ce type de campagne. Quelque part, les politiques français ont réagi à la pression médiatique américaine. Cela conduit à devoir faire attention à tout, à être très vigilant en permanence.

FM: Et Jours après Lunes dans tout ça ?
SM: La vie continue. La marque existe depuis un peu plus de deux ans. Elle est vendue en France dans des multimarques de lingerie mais aussi proposant de la maille. Ce mois d’avril, la marque réalise une collection capsule pour le site lemoncurve.com. Nous proposons la culotte du mois pour l’abonnement culotte de créatrice. Nous commençons à être distribués en Espagne, en Italie. J’ai signé un contrat de distribution sur la Corée du Sud avec les grands magasins Wawoo, je suis en discussions sur la Chine, je suis en train de prendre un agent sur le Japon. Heureusement, durant cette période, de nombreuses consommatrices m’ont soutenue.

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