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7 févr. 2023
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Sourcing: les distributeurs français se réfugient dans les commandes à long terme

Publié le
7 févr. 2023

En 2022, pas moins de 50% des distributeurs français d’habillement se sont tournés vers l’approvisionnement à long terme. Un an plus tôt, il n’étaient encore que 40% à opter pour ces commandes passées plus de six mois avant la saison, selon l’Institut français de la mode (IFM), pour qui il ne s’agit cependant pas d’une tendance s’inscrivant dans la durée.


Découpage des commandes en 2021 et 2022, et intentions déclarées par les distributeurs consultés par l'IFM pour 2023 - IFM


L’enquête a été menée en novembre 2022 auprès d’une centaine de distributeurs d’habillement opérant en France. Cet engouement pour le long terme vient interrompre une montée en puissance des commandes à moyen terme (passées dans les six mois précédant la saison), et se fait également au détriment des commandes à court terme (commandes passées durant la saison), recouvrant principalement la production locale.

“Face à la hausse des coûts d’approvisionnement, il y a eu une volonté de réduire les coûts”, décrypte Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’IFM, à l’occasion du salon Première Vision Paris qui se tient du 7 au 9 février à Villepinte, "quitte à prendre plus de risques, car le long terme accroît les risques de se retrouver avec des invendus en fin de saison”. Les court et moyen termes ont en effet pour argument de poids leur flexibilité en fonction de l’évolution de la demande.

Alors que la part du long terme a augmenté de 10 points de pourcentage entre 2021 et 2022, la part du moyen terme a dans le même temps chuté de 42% à 35%, et celle du court terme s’est contractée de 18% à 15%. Une tendance qui, pour Gildas Minvielle, ne serait que contextuelle et temporaire.

Déjà, pour 2023, les distributeurs sont 33% à indiquer vouloir augmenter leurs commandes à court terme, tandis que 63% veulent les maintenir. Ils sont par ailleurs 20% à vouloir doper leurs commandes à moyen terme, contre 11% un an plus tôt. A contrario, 33% des distributeurs recourant aux commandes à long terme entendent réduire cette pratique cette année, tandis que 58% veulent la stabiliser.

Quels pays privilégier en 2023?



Interrogés pays par pays sur leurs intentions de commandes, 73% des répondants indiquent vouloir réduire leurs importations venant de Chine. Le chiffre était de 61% un an plus tôt. “La politique zéro Covid a laissé des traces dans les esprits et explique en partie cette volonté de réduire la part de l'approvisionnement chinois”, pour Gildas Minvielle. 

Le Bangladesh profiterait quant à lui d’une stabilité des intentions d’achat (41%), tandis que 28% veulent y renforcer les commandes. En un an, le Vietnam voit passer de 19% à 44% la part des distributeurs souhaitant y renforcer leur approvisionnement. En Inde, c’est la stabilité qui l’emporte pour 68% des distributeurs consultés.

Côté Euromed, aucun distributeur interrogé ne souhaite réduire ses commandes au Maroc et en Tunisie. Pour le premier, 46% des répondants veulent y renforcer les commandes, tous les autres souhaitant les maintenir. Pour la Tunisie, ce sont 70% des distributeurs qui veulent y doper leur approvisionnement. “On sent qu’il s’y passe quelque chose”, note Gildas Minvielle. Quant à l’incontournable Turquie, 52% des professionnels consultés comptent cette année y augmenter leurs commandes, contre 42% optant pour la stabilité.

Côté Europe, 57% du panel compte doper ses commandes au Portugal, contre 43% souhaitant les stabiliser. En Italie, c’est la stabilité qui prime à 74%. Le Made in France est quant à lui partagé entre 50% de distributeurs souhaitant y avoir davantage recours, et 44% comptant maintenir leur niveau actuel.

Responsabilité et choix d’investissements



Se pose la question des critères dans le choix des pays de sourcing. Côté critères environnementaux, c’est la présence de produits chimiques dangereux pour le corps et l'environnement qui en 2022 l’emporte avec 93% du panel (78% un an plus tôt). Viennent ensuite la consommation d’eau (35% en 2022), les questions de transport (26%) et celles des émissions carbone (24%).

Côté critères sociaux, 100% des répondants citent le travail infantile comme motif pour éviter un pays de production, devant le travail forcé (88%) et les risques pour la santé et sécurité des travailleurs (52%). Viennent ensuite les risques de discrimination (19%), les salaires insuffisants pour les besoins basiques (19%) et les violations de salaire minimum légal (13%).


IFM


En termes d’investissements pour 2023, seuls 61% des répondants indiquent vouloir mettre de l’argent dans le numérique. Ils étaient 80% un an plus tôt. Une chute qui profite aux intentions d’investissement durables, qui passent de 37% à 43%. Viennent ensuite des investissements dans les espaces de vente (35%), dans les révisions de l’offre (31%), et surtout dans la réévaluation de la stratégie sourcing (29%, contre 25% un an plus tôt). 

“La question que tous ces chiffres posent est de savoir si ce regain d’intérêt pour l’approvisionnement à long terme s’inscrit dans la durée, ce qui serait mauvais pour les acteurs de proximité”, résume Gildas Minvielle. “Mais les réponses montrent que l’on aurait tort de voir dans cette hausse ponctuelle un désintérêt des acheteurs pour le sourcing de proximité. Ce dernier devrait même profiter de l’intérêt toujours croissant pour l’écoresponsabilité”, conclut le spécialiste.

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