AFP
9 sept. 2010
Takashi Murakami, artiste pop inspiré par les mangas
AFP
9 sept. 2010
VERSAILLES, 9 sept 2010 (AFP) - Artiste perfectionniste et entrepreneur avisé, le Japonais Takashi Murakami, 48 ans, a développé un art pétri de culture manga et de pop art, qu'il décline sous différentes formes tout en s'affichant comme l'un des plasticiens contemporains les plus cotés du moment.
L'artiste Takashi Murakami pose dans le Château de Versailles le 8 juin 2010 - Photo : AFP |
Dualité et paradoxes. Takashi Murakami produit un art à la fois haut de gamme et populaire. Il crée des oeuvres uniques extrêmement travaillées, recherchées par les grands collectionneurs. Il s'épanouit dans le luxe en relookant les accessoires Vuitton. Et réalise dans le même temps des tapis de souris, des porte-clefs, des foulards et des coussins en grand nombre. Le mariage entre le "high art" et le "low art" le passionne et son aventure versaillaise en signe un nouvel épisode.
L'exposition d'une vingtaine de ses oeuvres dans les appartements royaux et les jardins du Château de Versailles à partir du 14 septembre sonne comme une consécration symbolique pour ce tokyoïte d'origine modeste, qui a à coeur de rendre plus accessible l'art contemporain.
Son père est chauffeur de taxi. Sa mère lui fait découvrir les musées. En 1988, il s'inscrit à l'Université des Beaux-Arts et de musique de Tokyo. Il y étudie notamment le Nihon-ga, style de peinture de la fin du XIXème siècle qui s'attache à faire la synthèse entre l'art japonais et les influences occidentales.
Diplômé en 1993, Murakami séjourne ensuite à New York, grâce à une bourse, et s'y imprègne de pop art.
A son retour au Japon, il plonge dans l'univers des "otaku", ces jeunes Japonais rivés à leurs ordinateurs, accro aux mangas et aux jeux vidéos.
Muramaki, qui porte un chignon, une barbichette et de fines lunettes rondes, crée ses propres héros. Il y a Mr Dob, à la tête bien ronde, une sorte de double de l'artiste. Kaikai, petit monstre blanc souriant aux longues oreilles. Et Kiki, son pendant, rose, avec de petites oreilles, trois yeux et de méchantes dents.
A première vue, ses oeuvres très colorées ont un côté mignon (kawaïi). Mais elles peuvent produire une certain malaise.
Les fleurs, serrées les unes contre les autres, sourient de façon inquiétante. Les champignons évoquent la bombe atomique comme les drogues hallucinogènes.
Inspirée des mangas pornographiques, la sculpture "Hiropon" (nom d'une drogue utilisée par les kamikaze) représente une fille aux énormes seins d'où jaillit du lait. Son pendant mâle "My Lonesone cow boy", jeune garçon blond dont le sperme jaillit comme un lasso, s'est vendu 13,5 millions de dollars.
Ces deux oeuvres, qui font jaser les opposants à l'exposition Murakami, ne sont pourtant pas présentées à Versailles, la direction de l'établissement ayant veillé à ce que les pièces soient visibles par tous les publics.
Perfectionniste, Murakami est un bourreau de travail, aidé de nombreux assistants mais soucieux de tout contrôler.
Artiste protéiforme, il est peintre avant toute chose, mais il réalise également des sculptures et des films d'animation. Il multiplie les éditions signées et numérotées de ses oeuvres. Il édite des livres et de nombreux produits dérivés. Pour lui, l'art se doit d'être accessible.
Pour mener à bien toutes ces activités, Murakami, qui est également agent pour d'autres artistes contemporains, a créé une société, KaiKai Kiki, basée à Tokyo, avec des antennes à New York et à Los Angeles. Avant la crise de 2008, elle employait près de 120 personnes. Depuis, la voilure a été réduite.
Par Pascale MOLLARD-CHENEBENOIT
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