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Clémentine Martin
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12 août 2021
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TommyXRomeo: quand un mastodonte de Manhattan rencontre un hipster de Brooklyn

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
12 août 2021

Tommy Hilfiger n’est jamais à la traîne lorsqu’il s’agit de lancer des collaborations innovantes. Lancée le 12 août dernier, cette nouvelle ligne avec Romeo Hunte montre que certains ne chôment pas pendant que le petit monde de la mode se tourne les pouces dans les Hamptons ou enchaîne les soirées en Méditerranée.


TommyXRomeo


Sobrement intitulée TommyXRomeo, cette nouvelle collection incarne la rencontre entre l’univers du designer américain emblématique avec Romeo Hunte et mêle les influences de leurs deux quartiers: le style BCBG de Manhattan et le street-style typique de Brooklyn.
 
Le résultat? Une collection vitaminée, puissante et très intuitive qui révèle vraiment le meilleur de ces deux talents : un vétéran du secteur reconnu mondialement et la future coqueluche de la mode américaine.

Romeo Hunte a commencé à défrayer la chronique alors qu’il était encore adolescent, en refusant une bourse d’études au Fashion Institute of Technology (FIT). Ce cursus universitaire aurait pourtant semblé logique pour un jeune ayant appris à coudre avec sa grand-mère à l’âge de 13 ans. Dès son plus jeune âge, il réassemblait les vêtements vintage de sa mère pour en faire de nouvelles pièces. C’est l’histoire que raconte cette première capsule TommyXRomeo, disponible ce 12 août.
 
Romeo Hunte a fait ses classes dans la mode en tant que personal shopper avant d’intégrer le département marketing de Prada. Tommy Hilfiger, lui, n’a pas non plus fréquenté les universités de la mode les plus réputées, mais possède tout comme Romeo Hunte un instinct sûr pour le commerce. À 20 ans, il a ouvert sa première boutique aux influences britannico-hippie-chics, intitulée People’s Place et située dans sa ville de province d’Elmira. C’était en 1971.
 
Leur partenariat se traduit par des doudounes jaune canari à motif tissé, des vestes sans manches orange vif d’inspiration militaire, des bandoulières, de remarquables chemises boutonnées à multiples motifs de rayures, et des trench-coats tendance et déstructurés. Deux accessoires semblent aussi destinés à un succès planétaire: des bottines inspirées de chaussures de randonnée pour les dandys modernes et des bottines lacées à talons en gabardine et en denim pour les élégantes à fort caractère.
 
Le duo a commencé à travailler sur cette capsule en janvier 2021. La collection complète a donc été réalisée durant la pandémie, mais les deux acolytes avaient déjà fait une répétition générale deux ans auparavant, avec une collection de Romeo Hunte vendue par Tommy Hilfiger. Devant le succès rencontré, cette collaboration était de toute évidence la suite logique.
 
En parallèle du lancement de sa propre marque, Romeo Hunte est lui-même devenu un styliste très demandé et a déjà habillé des célébrités comme Beyoncé et Zendaya. Il a aussi signé une collection Disco époustouflante avec Tommy, dévoilée en mars 2019 lors d’un spectacle détonnant à la fashion week de Paris.
 
Tommy Hilfiger est probablement le designer vivant le plus respecté par la communauté noire américaine. Une génération entière de légendes du hip-hop, de la soul et du rap a porté ses créations, et l’entrepreneur a signé de multiples collaborations avec des artistes de couleur au cours de sa longue carrière. Les journalistes européens qui côtoient Tommy à New York sont toujours agréablement surpris de la popularité dont il jouit auprès des personnes de couleur de différentes générations.
 
Cette collaboration avec TommyXRomeo s’inscrit dans cette lignée et fait partie du programme People’s Place de Tommy Hilfiger, créé pour permettre aux jeunes créateurs issus des communautés ethniques discriminées d’accroître leur visibilité en coulisses et sur le devant de la scène.
 
Tommy a fêté ses 70 ans au printemps, et Romeo a exactement la moitié de son âge. Nous avons rencontré les deux hommes en visioconférence depuis le sud de la France jusqu’au siège de Tommy Hilfiger sur Madison Avenue.
 
FashionNetwork.com : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Tommy Hilfiger : Nous nous sommes connus par l’intermédiaire d’un ami commun il y a plus de cinq ans et j’ai tout de suite été impressionné par les capacités de Romeo. J’ai commencé à l’accompagner officieusement, puis officiellement. Déjà à l’époque, j’aimais beaucoup son travail, son esthétique et sa passion et je trouvais qu’il était très talentueux.
 
FNW : Romeo, qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler avec Tommy ?

Romeo Hunte : Cela remonte à mon enfance. J’aimais beaucoup les collections de Tommy, j’admirais ses vêtements chics et j’ai commencé à me les approprier et à les décliner à ma façon. Mais ce n’était pas seulement les vêtements qui me plaisaient : c’est ce que Tommy représente, il comprend que ce n’est pas simplement une histoire de vêtements. C’est une industrie qui représente quelque chose. Comme moi, il est autodidacte, et ses conseils sur la façon de gérer ma carrière ont été plus que précieux.
 
FNW : Romeo, comment cette collection a-t-elle débuté ?

RH : Elle a très bien débuté, avec l’idée de s’emparer de quelque chose de vieux et d’en faire du neuf. Le fait que Tommy soit une marque aussi emblématique rend ce concept encore plus puissant. En parcourant les archives des vestes et manteaux de la marque, j’ai pu m’attaquer à des icônes comme le trench, le perfecto ou le blazer. J’ai ajouté des mélanges de matières et des idées hybrides pour leur donner une nouvelle vie.

J’ai repris de nombreuses pièces de Tommy que je portais dans les années 1990 et je les ai rafraîchies. Je me suis plutôt intéressé à la coupe, à la silhouette et à la fusion des détails, comme des cordons de serrage sur un blazer ou la conception de plusieurs façons de porter le trench. J’ai voulu réinventer la forme d’une doudoune classique, ou ajouter des détails embossés. J’ai même inventé un accessoire hybride de Timberland.
 
FNW : Tommy, pourquoi était-ce si important d’intégrer ce projet au programme People’s Place ?

TH : Nous voulons donner une chance aux talents émergents qui n’ont pas forcément cette possibilité d’ordinaire. Nous utilisons nos ressources pour leur ouvrir des portes et les guider pendant qu’ils construisent leurs propres marques.
 
FNW : Quelle est la différence avec vos précédentes collaborations avec Gigi Hadid, Lewis Hamilton et Zendaya ?

TH: Ces collections étaient des collaborations avec des célébrités. Ici, je travaille avec un véritable créateur qui possède sa propre marque, qui est encore à un stade de développement précoce. J’utilise toute mon expérience et mes ressources pour l’accompagner et l’aider à se développer.
 
FNW : Vous ou PVH [le propriétaire de Tommy Hilfiger] envisagez-vous d’investir dans Romeo Hunte ?

TH : PVH n’investit pas dans de nouvelles marques pour le moment. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ? De toute façon, Romeo pourrait bien être dans le viseur de LVMH un de ces jours. Il pourrait reprendre la tête de Louis Vuitton lorsque Virgil Abloh prendra sa retraite !
 
FNW : Romeo, d’où venez-vous exactement à Brooklyn ?

RH : De Flatbush. C’est là que j’ai grandi et c’est une culture très variée, on voit vraiment de tout. Je suis toujours à Brooklyn aujourd’hui. Biggie [Smalls] venait de ce quartier et c’est l’un des plus grands rappeurs au monde. Et Tommy a travaillé avec des légendes comme Missy Elliott ou Beyoncé, donc c’est vraiment génial de faire partie de cela aussi.
 
FN W: Avez-vous découpé des pièces d’archive comme vous le faisiez avec les vêtements de votre maman pendant votre adolescence ?

RH : Ce que je veux, c’est vraiment explorer et m’amuser avec la mode. Ça a toujours été ma passion, comme au tout début, quand j’utilisais des mélanges de matières. Maintenant, c’est ce qu’on appellerait de l’upcycling. Donc je suppose que c’est mon fil conducteur, depuis ma maman jusqu’à Tommy !

FNW : Comment définiriez-vous l’ADN de Romeo Hunte ?

RH : Pour les femmes, c’est classique, mais street et chic. Pour les hommes, c’est classique, street et swag.
 
FNW : Qu’aimeriez-vous que les gens pensent quand ils voient les vêtements de la collection ?

TH : Je pense qu’ils vont voir qu’il y a plein de nouvelles pièces inédites et que la qualité est excellente. Nous sommes vraiment enchantés de ces couleurs tellement vives. Selfridges est en train d’installer une boutique dans la boutique, et nous pensons que cette collection a tout pour plaire à Londres. Le lancement sera fait en édition limitée, et nous pensons que tout sera épuisé en un week-end. Ensuite, il y aura une pause suivie d’une surprise.
 
FNW : Tommy, pourquoi est-il tellement important pour vous de travailler avec des personnes de couleur ?

TH: Vous me connaissez depuis des années, et notre marque a toujours parié sur la diversité et fait la promotion de l’égalité. L’année dernière, avec le mouvement Black Lives Matter, d’autres marques se sont rendu compte qu’elles devaient être plus inclusives et ouvertes. En plus, ce projet nous donne une nouvelle plateforme dans le cadre de People’s Place. C’est une vraie collaboration, et nous en sommes fiers.

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