AFP
28 sept. 2015
Travail le dimanche : à Paris, les petits commerçants de la rue de Rennes sont réservés
AFP
28 sept. 2015
Les boutiques parisiennes de quartier de la rue de Rennes, l'une des nouvelles zones touristiques internationales (ZTI) définies par la Loi Macron, n'envisagent pas d'ouvrir le dimanche dans l'immédiat, ces petits commerçants restant circonspects dans l'attente de la décision des grandes enseignes.

« Sur les 200 magasins de la rue, vous aurez 200 avis », témoigne un commerçant installé de longue date dans le quartier, soulignant la prudence de ses collègues sur une question « très délicate » et « sensible », alors que les décrets autorisant ces boutiques à ouvrir tous les dimanches ont été publiés jeudi.
« Les petits magasins ne peuvent pas se passer d'un jour de repos, les moyens vont avoir du mal à trouver du personnel qualifié, et les gros devront négocier serré avec leurs syndicats », résume Patrick Molho, président de l'association des commerçants et entreprises de la rue de Rennes (Acera).
Sur plus d'un kilomètre de long, cette zone passante du centre de Paris est partagée entre de grandes enseignes populaires comme la Fnac ou Zara à proximité de la gare Montparnasse, des magasins de luxe comme Cartier installé à Saint-Germain-des-Prés, et des boutiques plus modestes situées entre les deux.
Les commerçants s'interrogent d'abord sur le bénéfice réel à ouvrir le dimanche alors que le quartier n'est pas aussi attractif que celui des grands magasins du boulevard Haussmann, près de l'Opéra Garnier, où se succèdent les cars de touristes asiatiques.
Dans une maroquinerie traditionnelle, la responsable décrit « une activité en berne » et ne voit pas très bien ce qu'elle gagnerait à travailler un jour de plus si ce n'est lisser son chiffre d'affaires sur sept jours au lieu de six.
Pour Jacques Amster qui tient une boutique de bijoux fantaisie depuis 25 ans, « rien ne dit qu'ouvrir le dimanche nous ferait gagner de l'argent et cela va créer des tensions avec les syndicats ».
Responsable de grandes enseignes et petits commerçants se sont retrouvés il y a une dizaine de jours dans le bureau du maire, Jean-Pierre Lecoq (LR), favorable à cette mesure de la loi Macron.
Ouvrir 20 dimanches par an
« C'est une liberté supplémentaire », insiste l'édile du 6e arrondissement. « Ceux qui pensent qu'ils n'ont rien à y gagner peuvent tout à fait ne pas ouvrir ». Selon lui, la Fnac de la rue de Rennes souhaiterait ouvrir « tous les dimanches à partir du mois de novembre » et le Bon Marché rue de Sèvres, « une vingtaine de dimanche par an ». « Ce sont ces grandes enseignes qui vont attirer des clients et pousser les autres à ouvrir », assure le maire.
Avis partagé par Edouard Mouratille, qui est vice-président de l'association des commerçants « Village Sèvres et Saint-Placide » et dirige Blancorama, un magasin de linge de maison. « Il faut que les grandes enseignes communiquent sur leurs dimanches ouvrés pour qu'on se coordonne. L'ouverture tous les dimanches je n'y crois pas mais une vingtaine par an ce serait bien », estime-t-il.
Contactés par l'AFP, la Fnac et le Bon Marché affirment pour l'instant que rien n'est fait, la Fnac assurant que son magasin de la rue de Rennes « ne sera pas ouvert le 1er novembre », qui tombe un dimanche. Les deux grandes enseignes devront au préalable signer un accord de branche ou d'entreprise avec les syndicats.
Selon le maire et les commerçants du quartier, elles pourraient malgré tout ouvrir dès novembre grâce aux dérogations du préfet de Paris, qui peut autoriser exceptionnellement neuf dimanches travaillés par an à partir du moment où les salariés sont volontaires. Les grands magasins pourraient ensuite poursuivre leur activité pendant les dimanches de la période de Noël. De quoi se laisser le temps de négocier avec les syndicats pour les dimanches suivants.
Les discussions s'annoncent âpres : la grande majorité des salariés interrogés par l'AFP dans le quartier manifestent leurs réticences.
« J'ai une famille et je travaille déjà six jours sur sept. Je peux difficilement faire plus », explique une employée d'une bijouterie de luxe. « Mais aurai-je vraiment le choix ? », s'interroge-t-elle, précisant que la direction a d'ores et déjà laissé entendre qu'il fallait se préparer au travail dominical « dans les mois qui viennent ».
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