Trop de lancements de parfums, selon les consommatrices françaises

Auteur :

Bruno Joly

Publié le
26 juin 2013

C'est l'information la plus marquante d'une enquête menée du 20 au 27 mars par l'institut d'études CCM Benchmark et son site grand public Journaldesfemmes.com sur un échantillon de 1 983 femmes de plus de 15 ans. Réalisée en partenariat avec la Fragrance Foundation France, cette étude avait comme but d'en savoir plus sur le comportement d'achat des utilisatrices de parfum et sur leur attitude face au choix que les marques leur proposent.

Eh bien, on dirait que les Françaises sanctionnent l'étendue de cette offre. 41% d’entre elles, toutes générations confondues, estiment que celle-ci est "excessive". "Les 1 200 nouveautés annuelles encombrent le marché et nos nez", affirme une d'entre elles. Il ne faudra donc pas s'étonner si le Top Ten des meilleures ventes en France ressemble à quelques éléments près à celui d'il y a dix ans. En parfum, les Françaises sont plutôt fidèles, 30% utilisent le même parfum pendant dix ans ou plus, celles qui se montrent les plus volages sont les plus jeunes, attirées par les nouveautés. Le critère numéro un dans le choix d'une fragrance reste, dans 94% des cas, son impact olfactif. Le flacon compte peu (il est cité essentiellement par un public jeune) et, oh surprise, une grande majorité affirme que ni les égéries belles et célèbres ni la publicité ne constituent, et loin de là, un moteur pour l'achat. Si l'originalité du jus est considérée comme une valeur ajoutée déterminante pour 64%, les consommatrices réclament plus d'informations dans les points de vente en ce qui concerne les composantes des fragrances (la rareté et la qualité des matières premières jouent aussi dans la décision d'un parfum plutôt qu'un autre pour 40% des sondées) et l'histoire du produit. Le parfum est pour 76% un plaisir et, pour 60% des moins de 35 ans, également un outil de séduction.

La légère flexion que les ventes ont accusée en France en 2012 (-1%), et qui se confirme dans cette première partie de l'année 2013, ne devrait pas trop inquiéter les sociétés de production quand on sait que le budget annuel parfum oscille entre 100 et 140 euros pour 32% des femmes, entre 150 et 249 euros pour 26% et qu'il ne dépasse pas les 100 euros pour seulement 28% (les plus jeunes). On achète une fois par semestre dans 38% des cas, une fois par trimestre dans 30%.
L'étude confirme que le moment privilégié pour se parfumer est le matin (61%), mais 34% des femmes répètent l'opération dans la journée.
La distribution spécialisée reste le principal canal où les consommatrices effectuent leurs achats; à 42%, elles ont déjà une idée en tête quand elles arrivent en magasin. La vente sur Internet pèse très peu (5%) et, significativement, pour du réapprovisionnement.
Le grand souhait de ces consommatrices qui semblent un peu perdues devant des étalages si riches de nouveautés? Avoir des échantillons pour tester les fragrances chez elles. Le conseil est important, mais elles veulent rester les seules juges de la fragrance qui s'adapte le mieux à leur personnalité et se donner le temps de faire le bon choix.
Philippe Ughetto, Président de The Fragrance Foundation France, a souligné la portée de cette initiative: "L'industrie de la parfumerie génère assez peu d’études, et encore moins des strictement neutres, c'est-à-dire non liées à une marque. Cela bouscule les idées reçues sur les attentes des femmes."

Silvia Manzoni