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14 nov. 2010
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Une exposition à Moscou pour encourager un regard critique sur la mode

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AFP
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14 nov. 2010

MOSCOU (AFP) - Des portraits d'icônes de la haute couture sur un piédestal funèbre ou une sublime robe de clous, véritable instrument de torture pour toute femme n'ayant pas une taille mannequin: une exposition d'art contemporain invite les Russes à avoir un "regard critique" sur la mode.

"Dysfashional", une exposition à la frontière de la mode et de l'art, inaugure samedi sa cinquième édition à Moscou dans "le Garage", centre d'art contemporain en vogue.

La capitale russe, qui accueille l'évènement après Luxembourg, Lausanne, Paris et Berlin, "est sensible aux messages" que l'exposition cherche à faire passer, bien que la Russie soit encore "un nouveau marché pour la mode", explique à l'AFP Luca Marchetti, l'un des curateurs.

"La tradition de la mode en Russie existe bien évidemment, mais elle est liée à des artistes dont la vision très sophistiquée ne touche pas le grand public", poursuit-il.

"Le grand public s'ouvre maintenant à la mode et il est confronté à cette esthétique qui peut être violente. Cela est nouveau en Russie" contrairement à la France où "les gens qui ont 30 ans sont nés dans la mode et imprégnés de l'esprit de la haute couture", souligne M. Marchetti.

Deux installations ont été créées par des créateurs et artistes russes pour cette édition qui présente aussi des oeuvres des célèbres couturiers Martin Margiela, Antonio Marras et Hussein Chalayan.

[Une oeuvre contemporaine "Anaesthetics" (video) de Hussein Chalayan exposée à Moscou le 12 novembre 2010 - © 2010 AFP - Natalia Kolesnikova]

Une robe en clous et des chaussures en métal --oeuvre intitulée "87-61-67" en référence aux mensurations féminines idéales-- symbolisent le "métier de mannequin, beau et dangereux", ont expliqué les auteurs russes David Koma et Dima Joukov lors d'une avant-première pour la presse.

"Ce vêtement devient une cage, un instrument de torture si les proportions (corporelles) excèdent l'espace" libre dans la tenue, souligne M. Marchetti.

"La mode change vite, elle a des cycles de 10 ans, de 50 ans. Nous avons voulu fixer avec ces matériaux son état actuel. C'est notre petite robe noire" en référence à la célèbre création de Coco Chanel dans les années 1920, explique à l'AFP David Koma.

Le Belge Martin Margiela présente quant à lui l'intérieur d'une maison riche en trompe-l'oeil et essentiellement vide à l'exception de matriochkas blanches et vierges. Cette installation se veut le symbole d'un culte de l'anonymat, le couturier s'opposant au "star système" omniprésent dans la mode.

Lorsque l'ego des figures de la mode "prend des proportions démesurées" aux yeux de l'artiste français Cyril Duval -alias "Item Idem"-, il place leurs photos sur un piédestal mélangeant "une esthétique funéraire et celle d'un souvenir touristique" bon marché.

Les couturiers Karl Lagerfeld, Donatella Versace et John Galliano ainsi que la rédactrice en chef de l'édition américaine du magazine Vogue Anna Wintour ont ainsi eu droit à un Mont de vanité composé de 250 kg de cristal gravé en Chine. Une immense "carte postale en 3D", explique Cyril Duval.

Le principal message de l'exposition est d'apprendre aux Russes à avoir "un regard critique, les yeux ouverts" sur le monde de la mode, conclut le curateur Marchetti.

Par Olga Nedbaeva

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