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11 juil. 2014
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Une odyssée des créateurs oubliés par des étudiants de l’IFM

Publié le
11 juil. 2014

En se penchant sur la longévité et l’aura médiatique des créateurs de mode, des étudiants de l’IFM livrent une odyssée inattendue mais nécessaire des créateurs disparus et oubliés. Un texte dont sans nul doute les jeunes créateurs devraient tirer des enseignements.

Claude Montana en octobre 1979 - Photo : Guy Marineau


Derrière un Karl Lagerfeld "inoxydable", combien de noms jadis célébrés, aujourd’hui oubliés ? Quid des créations radicales de Ruben Tores (années 60), de France Andrévie et Claude Montana (années 80), et du duo Michel Schreiber et Patrick Hollington (années 70). Qui se souvient d’Hélène Nepomiatzi, célébrée au début des années 1990, de Patrick van Ommeslaeghe, aux collections saluées au début des années 2000, ou encore de José Levy, inventeur de l’Hypermode masculine, dont Hedi Slimane fut "l’homme à tout faire" ? Ou même le duo Alexandre Matthieu, qui avait séduit Björk au début des années 2000 et, comme beaucoup de noms cités, remportèrent le concours de l’Andam ? Sans oublier Thierry Mugler et Christian Lacroix, dont le nom perdure bien qu’ils évoluent en marge, et Alexander McQueen dont le tragique décès suscita un plus grand intérêt que ses dernières collections.

"Passé 45 ans, vous êtes vieux. La mode comme le cinéma n’aiment pas l’âge" confie aux auteurs du texte Marc Audibet, qui connut son heure de gloire dans les années 80. "Il ne faut jamais dire dans la mode qu'on est fatigué ou malade", leur confirme l’historien Jean Lebrun. Et la presse de mode n’est pas étrangère au phénomène, faute d’une "culture suffisante". Très largement ignorants des réalités du métier, les journalistes souffriraient en outre d’une "liberté d’écriture excessivement limitée par le poids des annonceurs", qui gagnent en puissance.

Mais la mode n’est pas pour autant un cimetière, pour l’historienne Florence Müller. "Certains créateurs tombent dans l’oubli mais réapparaissent dans le jeu des inspirations des jeunes créateurs", explique-t-elle. "Le sourcing vintage chez Anouschka (Paris IX) fait revivre l’œuvre de Claude Montana à travers celle de Dries van Noten, l’œuvre d’Anne-Marie Beretta à travers celle de Phoebe Philo (directrice artistique de Céline)... D’autres encore choisissent de quitter le système solaire pour vivre dans d’autres voies lactées, comme Adeline André ou Azzedine Alaïa, mais ce dernier continue à travailler grâce au soutien financier du groupe de luxe Richemont (Cartier, Chloé, Lancel…)".

"Les créateurs de mode meurent vite, plus vite que les sportifs ou les artistes du monde de la chanson, du cinéma ou de la littérature", résument ainsi les auteurs du texte, Claire Bonnot, Charlotte Ecolan, Tao El Khazzani, Chloé Hamard, Xavier Le Roy, Margaux-Eléonore Marshall Albaladejo et Jennifer Tazzioli, coordonnés par le professeur de l'IFM Lucas Delattre. Les étudiants de l’Institut livrent ici un texte que devraient lire tous les jeunes créateurs français, dont une certaine forme d'arrogance est régulièrement évoquée dans les tables rondes et conférences du secteur. "Les jeunes créateurs ? Ils finiront chez LVMH, et ce n’est pas un désastre !", disait ainsi Didier Grumbach, qui 16 ans durant a mené la Fédération française de la couture.

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