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Unibail-Rodamco-Westfield: Xavier Niel et Léon Bressler se lancent dans une bataille d'actionnaires

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15 oct. 2020

Un consortium d’investisseurs européens conduit par Xavier Niel et Léon Bressler a appelé jeudi au rejet du plan de renforcement financier d’Unibail-Rodamco-Westfield (URW), dont il conteste le bien-fondé, et réclame un recentrage sur l’Europe des activités du groupe d’immobilier commercial. Le groupe n'a pas tardé à répondre, exprimant son "profond désaccord" avec les propositions du consortium.


Un consortium d'investisseurs européens conduit par Xavier Niel (photo) et Léon Bressler a appelé jeudi au rejet du plan de renforcement financier d'Unibail-Rodamco-Westfield (URW), dont il conteste le bien-fondé. - /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé


Dans un communiqué, le consortium emmené par le patron d’Iliad et l’ancien PDG d’Unibail demande à tous les actionnaires d’URW de voter contre ce projet qui sera soumis au vote de l’assemblée générale le 10 novembre.

Ils déplorent que le plan baptisé Reset “repose pour l’essentiel sur l’augmentation de capital de 3,5 milliards d’euros, au lieu de repositionner les activités d’URW sur son cœur de métier: un portefeuille exceptionnel de centres commerciaux prime en Europe”.

Ces investisseurs détiennent une participation de 4,1% dans Unibail-Rodamco-Westfield. Contactée par Reuters, une porte-parole du groupe n’a pas répondu dans l’immédiat.

Le numéro un mondial de l’immobilier commercial, issu de la fusion en 2018 d’Unibail-Rodamco et de Westfield, a annoncé le 16 septembre dernier le lancement d’un plan d’au moins neuf milliards d’euros afin de renforcer son bilan face aux incertitudes liées à la pandémie de coronavirus, qui continue de peser sur ses activités.

Ce plan prévoit entre autres une augmentation de capital de 3,5 milliards d’euros, intégralement souscrite par un syndicat bancaire composé de Bank of America, BNP Paribas, Crédit agricole, Goldman Sachs, JP Morgan et Société générale et dont le produit sera consacré à la réduction de l’endettement.

URW prévoit aussi de limiter les dividendes versés en numéraires d’un milliard sur les deux prochaines années, une réduction supplémentaire de 800 millions de ses investissements et des cessions d’un montant total de quatre milliards d’ici fin 2021.

“La priorité immédiate d’URW, comme annoncé le 29 juillet, est le désendettement, principalement par le biais de cessions d’actifs”, expliquait alors le président du directoire, Christophe Cuvillier.

“Ils ont acheté Westfield comme une villa en Floride"



Xavier Niel et Léon Bressler, qui ont également accordé une interview au Figaro, contestent la stratégie du groupe.

Ils refusent en premier lieu l’augmentation de capital proposée qui, assurent-ils, aurait des “conséquences dévastatrices” pour les actionnaires alors même que le groupe dispose de liquidités qu’ils jugent suffisantes et a accès au marché obligataire.

Ils appellent dans le même temps à une refondation d’Unibail-Rodamco-Westfield pour en faire un pure-player européen “en cédant le portefeuille américain et en réduisant fortement l’endettement de la société”.

“Le plan ‘RESET’ d’URW, qui repose sur une augmentation de capital fortement dilutive, est une décision malheureuse prise par un management prisonnier de la stratégie désastreuse qu’il a engagée avec l’acquisition de Westfield”, dénonce Léon Bressler, qui a quitté la direction d’Unibail-Rodamco en 2006, après quatorze années passées à sa tête.

L’acquisition du groupe australien, avec de nombreux actifs aux Etats-Unis, a affaibli la position dominante d’URW en Europe, ajoute-t-il. “En outre, elle a endetté la société, distrait le management et conduit à une très mauvaise allocation des ressources”, accuse-t-il.

Dans l’interview accordée au Figaro, Xavier Niel estime que “le rachat de Westfield a été un accident industriel d’une grande ampleur, qui deviendra un cas d’entreprise enseigné dans les grandes écoles de gestion. C’est une triple erreur, un mauvais deal, au mauvais moment, au mauvais prix”.

“Le management a succombé à un mirage américain, il a acheté Westfield comme une villa en Floride”, ajoute-t-il, affirmant que l’opération “a abouti à 12 milliards d’euros de destruction de valeur en moins de deux ans, un record mondial”.

"URW exprime son profond désaccord avec ces propositions"



"URW a pour pratique constante d’étudier avec attention les points de vue de ses actionnaires, avec lesquels il entretient un dialogue constructif", a répondu le groupe via un communiqué publié le 15 octobre à 17h30. "Le Conseil de Surveillance d'URW, qui s'est réuni aujourd'hui, exprime son profond désaccord avec ces propositions, qui ajoutent incertitude et risque à un environnement actuel déjà complexe. Le Conseil de Surveillance réitère unanimement son soutien plein et entier au plan Reset qui est un plan holistique, équilibré, résultant de l’examen approfondi des options stratégiques qui s’offraient au Groupe".

"Le plan Reset est d'ores et déjà engagé, comme en témoigne l'annonce récente de la cession de l'immeuble de bureaux Shift, démontrant ainsi la capacité de l’équipe de direction d’URW à tenir les objectifs stratégiques fixés", réagit de son côté Colin Dyer, président du Conseil de Surveillance du groupe. "Le plan Reset porte sur la mise en œuvre d’actions immédiates pour assurer la flexibilité opérationnelle et financière du Groupe. Il renforcera URW à long terme, pour le bénéfice de tous ses actionnaires".

URW exploite 89 centres commerciaux principalement aux Etats-Unis et en Europe, dont ceux du Forum des Halles à Paris et de La Part-Dieu à Lyon, un portefeuille que le groupe valorise à 60,4 milliards d’euros au 30 juillet.

Henri-Pierre André avec Marc Angrand et Maya Nikolaeva; édité par Jean-Stéphane Brosse

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