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15 juin 2022
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Veepee prépare sa réponse à Vinted pour 2023

Publié le
15 juin 2022

Le portail de ventes événementielles élabore actuellement un système de revente de produits entre particuliers. Un pas supplémentaire dans la seconde main qu'évoque son PDG Jacques-Antoine Granjon auprès de FashionNetwork, à l'occasion du lancement de sa solution d'upcycling, Upcycle Solution (ou US).


Shutterstock


"Cela fait longtemps que je réfléchis à développer la seconde main. La seconde main ne me semblait pas, à l’époque, suffisamment qualitative pour l'image de Veepee, qui a besoin d'une image très fashion, ni pour notre relation avec les marques de mode", nous indique le cofondateur du portail. "Puis, en l'espace de deux-trois ans, la seconde main est devenue totalement hype."

Veepee lançait fin 2020 son offre Re-Cycle, depuis déclinée à l'international. Les membres étaient invités à renvoyer des pièces d'habillement de marques partenaires en échange de bons d'achat à dépenser sur les réseaux physiques de ces dernières. Quelque 200.000 pièces auraient ainsi été collectées. Mais l'offre de seconde main ne se limitera bientôt plus à la génération de trafic pour point de vente, avec l'arrivée en préparation d'un dispositif de vente C to C. Ou plutôt M to M, pour "member to member", explique Jacques-Antoine Granjon.

"C'est une offre qui est actuellement en cours de développement, et que nous espérons pouvoir commencer à mettre en ligne début 2023", précise le CEO. "Nous sommes un site protéiforme, capable de faire Re-cycle (tri, lavage, repassage, shooting, pricing), mais aussi de faire du M to M, du C to C à la Vinted, mais avec nos membres. Être stratégiquement dans la seconde main, c’est se tourner vers les stocks qui dorment dans les armoires de nos membres. Le M to M, ce sont les membres qui revendent entre eux leurs produits."

Un enjeu de durabilité et d'indépendance



Jacques-Antoine Granjon nous parlait à l'automne dernier de la volonté d'indépendance croissante de Veepee vis-à-vis des fins de stocks des marques. Une dépendance que le dirigeant n'hésite pas à qualifier de fragilité. S'il ne croit pas à la disparition des fins de stocks, l'e-commerçant prend cependant acte de la volonté des marques de mieux contrôler les quantités produites, tendance à laquelle la crise sanitaire semble avoir donné un coup d'accélérateur, selon l'Institut français de la mode (IFM). Quant aux invendus qui resteront, Veepee se veut aussi moins dépendant du choix des marques, qui peuvent opter pour de l'outlet physique ou un écoulement via leurs propres magasins et portails.

C'est dans ce contexte que Veepee veut aller chercher chez ses propres membres une autre sorte de stocks. "Car aller vers la seconde main, c'est se tourner vers les stocks de consommateurs, qui peuvent décider de revendre leurs pièces chez Veepee", indique le PDG. "Nous parlons de M to M car nous avons des membres qui sont inscrits chez Veepee depuis vingt ans, qui nous connaissent et qui, je l'espère, nous feront confiance pour revendre leurs produits sur notre plateforme. Ou 'aussi' chez nous, car on peut vendre à la fois sur Veepee et Vinted: l'important, c'est surtout la vitesse à laquelle un produit sera revendu."


Jacques-Antoine Granjon - Veepee


Reste que si Vinted est lituanien, il ne sera pas facile de lui faire concurrence sur le marché français, dont il a fait sa place forte, comme nous l'expliquait son CEO Thomas Plantenga à la veille de la crise sanitaire. Le classement Kantar réalisé en juin 2021 plaçait cependant Vinted et Veepee au coude à coude parmi les plus gros vendeurs en ligne de mode dans l'Hexagone, derrière Zalando et Amazon. Et c'est sans compter sur d'autres acteurs positionnés sur la seconde main comme VideDressing (LeBonCoin), Rakuten ou Ebay, eux-mêmes confrontés à l'hégémonie de Vinted.

Mais, tout comme l'offre Upcycle Solution (ou US), le développement d'une offre C to C a aussi une valeur d'image pour Veepee. " C'est très important pour nos 66 millions de membres comme nos 5 500 collaborateurs, qui veulent savoir ce que fait Veepee par rapport à son impact environnemental", explique Jacques-Antoine Granjon. "Nous sommes au bout de chaîne industrielle, certes, mais nous avons aussi un impact avec nos serveurs, nos camions, nos ventes de voyage... Nous compensons en plantant des arbres, en ayant recours à l’énergie verte, en travaillant avec Colissimo pour une meilleure optimisation du remplissage des camions par exemple. Mais surtout, à notre échelle, quelle action plus incisive que celle de faire en sorte que des vêtements déjà produits, déjà portés, en fin de vie, sortent des armoires de nos membres et soient remis en vente à des petits prix pour être à nouveau portés?"

Fort de 125 millions de pièces vendues par an, Veepee revendique sur son exercice 2021 un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'euros. Une contraction attendue par rapport aux 3,8 milliards d'euros affichés sur 2020, suite à une raréfaction des stocks disponibles. Mais, un peu plus d'un an après la fin du "confinement partiel" de 2021, Veepee indique retrouver de bons volumes de produits auprès des marques.

"Mais il va y avoir des arbitrages chez les consommateurs, inquiétés par l'inflation", prévient Jacques-Antoine Granjon. Qui indique constater depuis quelques semaines un retour à la croissance des ventes.

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