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Veillée d'armes avant une semaine décisive pour la réforme des retraites

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8 déc. 2019

PARIS (Reuters) - Le gouvernement et les syndicats opposés à la réforme des retraites fourbissent leurs armes ce dimanche avant une semaine cruciale dans leur affrontement autour de cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron, alors que la poursuite de la grève dans les transports menace de perturber durablement les déplacements en France.


Édouard Philippe le 6 décembre 2019, PARIS - Reuters / Benoit Tessier


Le Premier ministre, Édouard Philippe, qui présentera l’intégralité du projet mercredi, doit réunir les ministres concernés en fin d’après-midi à Matignon avant une réunion de travail à l’Elysée autour du chef de l’Etat.

Si chaque camp affiche sa détermination, avec notamment une nouvelle journée de grève et de manifestations prévue mardi côté syndical, le gouvernement s’efforce néanmoins de ne pas donner l’impression de vouloir passer en force. “Je suis déterminé à mener la réforme à son terme et très soucieux de le faire en respectant les gens et en répondant à leurs inquiétudes”, a déclaré Edouard Philippe au JDD. “Si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd’hui, quelqu’un d’autre en fera une demain brutale, vraiment brutale.”

Face aux inquiétudes liées à la fusion des 42 régimes existants en un système universel par points, le gouvernement promet de faire preuve de pédagogie et de souplesse, notamment sur le rythme de mise en oeuvre de la réforme en fonction des spécificités de chaque profession. “Mercredi, j’expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu’on veut construire. Et je continuerai ensuite à l’expliquer”, a dit Edouard Philippe. Pour Bruno Le Maire, “il y a beaucoup d’espace pour le dialogue”.

Alors que le gouvernement envisage, parallèlement à sa réforme, des mesures pour ramener le système actuel à l’équilibre financier en 2025, “le calendrier (...) ça peut faire partie des sujets de discussions”, a dit le ministre de l’Economie sur France 3. “Quand est-ce que nous faisons cet équilibre financier ? Est-ce qu’il faut prendre un peu plus de temps pour que la pente ne soit pas trop raide pour ceux qui seront concernés ? Ça ne me pose aucune difficulté”, a-t-il ajouté.

“Nous tiendrons jusqu'au retrait", dit la CGT



Le gouvernement admet cependant un besoin de “rassurer” les Français sur sa réforme. “Il faut entendre les inquiétudes et rassurer les Français (...) sur le fait que cette réforme, ça se passera bien et qu’on saura gérer les transitions pour qu’il n’y ait pas de brutalité dans la réforme”, a dit Elisabeth Borne dans l’émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Les annonces du Premier ministre mercredi permettront de “clarifier le contenu et surtout le rythme de mise en œuvre de la réforme des retraites”, a ajouté la ministre de la Transition écologique. “On ne va pas dire du jour au lendemain (aux agents de la SNCF et de la RATP) qu’on va tout changer.”

Du côté syndical, ce discours rassurant peine à convaincre et on soupçonne le gouvernement de ne pas avoir pris la mesure de la contestation. Après le “très beau succès” de la première journée de manifestations jeudi et de la grève à la SNCF et à la RATP, qui se poursuit ce dimanche pour une quatrième journée consécutive, le secrétaire général de la CGT affirme dans le JDD : “Nous tiendrons jusqu’au retrait” de la réforme.

“En 1995, au début de la première manifestation, le premier ministre Alain Juppé avait dit que jamais il ne retirerait son projet. Les choses évoluent vite. Et la colère est grande. Le gouvernement devrait être attentif”, dit Philippe Martinez, selon lequel les ministres “sont déconnectés d’un certain nombre de réalités”.

Interrogé sur une issue possible à cet affrontement, le secrétaire général de la CGT déclare : “La balle est dans le camp du gouvernement.” “Qu’il entende la colère. Qu’il dise qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Qu’il remette les compteurs à zéro”, ajoute Philippe Martinez au sujet d’Edouard Philippe, en jugeant qu’”il n’y a rien de bon” dans le projet gouvernemental.

En région parisienne, le trafic des bus, métros et RER devrait être encore “extrêmement perturbé” lundi avec de nombreuses lignes fermées en raison de la grève, a prévenu la RATP. Sur le réseau ferroviaire national, le trafic “restera fortement perturbé”, a dit la SNCF.


Bertrand Boucey, avec Marine Pennetier et Geert de Clercq

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